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Lettre de Politique Sectorielle de Développement LPSD-MTA 2025 – 2029

 

📕 DECRYPTAGE

Le constat est souvent le même pour celles et ceux qui vivent et travaillent au cœur du secteur du tourisme au Sénégal. Les difficultés que traverse cette activité sont observées au quotidien. Le tourisme sénégalais, autrefois source de fierté et de revenus importants, semble avoir perdu une partie de son dynamisme. Les problèmes sont nombreux et fortement ressentis par les professionnels sur le terrain. L'importance de ce secteur pour l'économie nationale, en termes d'emplois et de contribution aux revenus du pays, rend cette situation d'autant plus regrettable. 

C’est dans ce contexte que le Ministère du Tourisme et de l’Artisanat (MTA) a élaboré sa Lettre de Politique Sectorielle de Développement (LPSD) pour la période 2025–2029. Ce document s’aligne sur l’Agenda national de Transformation - Vision Sénégal 2050, qui ambitionne d’œuvrer à l’avènement d’un "Sénégal Souverain, Juste et Prospère" à l’horizon 2050, selon quatre axes stratégiques. La LPSD constitue l’opérationnalisation, pour les secteurs du tourisme et de l’artisanat, de la Stratégie Nationale de Développement (SND 2025-2029), dont l’objectif général est de promouvoir un développement endogène et durable, ancré dans des territoires compétitifs et responsables. A ce titre, le MTA contribue notamment aux objectifs stratégiques des axes "Economie compétitive" et "Aménagement et développement durable", en lien avec la nouvelle carte économique du Sénégal articulée autour de huit pôles et de quatre moteurs de croissance, parmi lesquels figurent les services à valeur ajoutée, incluant le tourisme ainsi que les industries culturelles et créatives.

La vision définie pour les secteurs du tourisme et de l’artisanat sur la période 2025-2029 repose sur le développement de pôles touristiques intégrés et compétitifs, visant à favoriser le progrès économique et social tout en s’appuyant sur une production artisanale à forte valeur ajoutée.

Un examen attentif de cette LPSD fait apparaître toutefois un écart notable entre les ambitions affichées et les moyens proposés pour les concrétiser. Le document ressemble davantage à un catalogue d'intentions qu'à un plan stratégique opérationnel. L'absence de données chiffrées, d'objectifs quantifiables et de budgets prévisionnels suscite des interrogations légitimes sur sa capacité à transformer véritablement le paysage touristique sénégalais. C’est tout le contraire au regard de l’expérience internationale, en prenant pour exemples le Maroc et la Côte d’Ivoire, que nous aborderons plus loin.

Nous portons dans ce texte une lecture critique centrée sur le volet touristique de cette lettre. Nous en mettons en évidence les principales lacunes et insuffisances. En admettant la bonne volonté des autorités, nous remettons en cause la méthodologie adoptée, le réalisme des objectifs fixés et la pertinence du dispositif de mise en œuvre proposé. Notre démarche vise à contribuer de manière constructive au débat public sur l’avenir du tourisme au Sénégal, un secteur stratégique pour le développement économique et social du pays.

Notre analyse s'articule autour de six axes principaux. Nous examinerons d'abord comment la LPSD affiche des objectifs ambitieux sans se doter d'indicateurs mesurables permettant d'évaluer leur réalisation. Nous soulignerons ensuite les insuffisances du diagnostic des problèmes structurels qui handicapent le secteur. Nous étudierons dans un troisième temps l'approche par pôles touristiques, qui reste un mirage en l'absence de plan d'investissement crédible. Nous critiquerons par ailleurs une stratégie de promotion mal définie et inadaptée aux défis concurrentiels actuels. Nous montrerons également que le partenariat public-privé demeure une intention dépourvue de mécanismes concrets. Enfin, nous remettrons en question la solidité du dispositif de mise en œuvre et de suivi-évaluation proposé.

Malgré ses limites, la LPSD peut constituer une première étape, celle de l’intention affirmée et du diagnostic partagé. Encore faut-il ne pas en rester là. Il devient important de transformer ce document en une véritable feuille de route opérationnelle. Ce travail d’ajustement et de précision doit impérativement s’appuyer sur une coopération étroite avec le secteur privé. Les acteurs du tourisme pourront s’engager, mettre à disposition leur expertise et leurs données, afin de co-construire une feuille de route ambitieuse, réaliste et acceptée par tous. Un document qui puisse servir de contrat de performance entre l’Etat et le secteur, mobiliser toutes les énergies disponibles et, enfin, redonner au tourisme sénégalais son rayonnement, en le positionnant comme un véritable moteur de prospérité collective.

I. Des objectifs ambitieux sans indicateurs mesurables

La Lettre de Politique Sectorielle de Développement du tourisme sénégalais 2025-2029 affiche d'emblée une vision ambitieuse. Formulée à la page 45, elle aspire à créer "Des pôles touristiques intégrés, compétitifs pour un développement économique et social soutenu par une production artisanale à forte valeur ajoutée". Cette formulation, aussi élégante soit-elle, soulève une question fondamentale pour tout document stratégique. Comment saura-t-on, en 2029, si cette vision a été concrétisée ?

A. Une vision sans critères d’évaluation
B. Des orientations stratégiques sans étapes intermédiaires
C. Un manque de hiérarchisation des priorités

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II. Un diagnostic incomplet des problèmes structurels

Pour élaborer une stratégie efficace, un diagnostic rigoureux constitue une étape fondamentale. La LPSD 2025-2029 présente certes une analyse FFOM (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces) du secteur touristique, mais cet exercice reste superficiel et ne permet pas d'appréhender pleinement les défis structurels auxquels est confronté le tourisme sénégalais.

A. Une analyse superficielle des faiblesses du secteur
B. L'absence d'analyse des causes du déclin
C. Un défaut d'analyse des attentes du marché
D. Des constats génériques sans analyse détaillée
E. L'impasse sur la connectivité aérienne, maillon faible du tourisme sénégalais

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III. Le mirage des pôles touristiques sans plan d'investissement

La LPSD 2025-2029 place au cœur de sa stratégie le concept de pôles touristiques territoriaux. Cette approche, qui pourrait paraître séduisante sur le papier, souffre d'un manque flagrant de substance lorsqu'on en examine les détails opérationnels et financiers.

A. Une approche territoriale sans budgétisation
B. Des aménagements touristiques non spécifiés
C. Une absence de calendrier et de priorités territoriales
D. L'absence d'analyse comparative avec les destinations concurrentes

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IV. Une stratégie de promotion mal définie

Le marketing et la promotion constituent des moyens importants pour renforcer l’attractivité d’une destination touristique. Or, la LPSD 2025-2029, malgré ses ambitions affichées, propose une approche de promotion remarquablement vague et insuffisamment élaborée pour répondre aux défis concurrentiels actuels.

A. Une analyse insuffisante des marchés émetteurs
B. Un positionnement marketing sans identité distinctive
C. Une stratégie digitale quasi inexistante

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V. Le partenariat public-privé reste une intention dépourvue de mécanismes

Le développement touristique moderne repose largement sur des partenariats efficaces entre le secteur public et les acteurs privés. Dans la LPSD 2025-2029, cette dimension apparaît comme un souhait récurrent mais reste étonnamment peu développée en termes de mécanismes concrets et d'outils opérationnels.

A. Une volonté affichée sans dispositifs concrets
B. Absence d'incitations fiscales et réglementaires spécifiques
C. Confusion sur les rôles respectifs de l'État et des acteurs privés
D. Une approche intégrée manquante

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VI. Un dispositif de mise en œuvre et de suivi-évaluation insuffisant

La qualité d'une stratégie se mesure non seulement à travers ses orientations, mais également par la solidité de son dispositif de mise en œuvre et de suivi. Sur cet aspect fondamental, la LPSD 2025-2029 présente des lacunes inquiétantes qui risquent de compromettre l'atteinte des objectifs affichés.

A. Un cadre institutionnel sans pouvoir réel
B. Des comités sans moyens dédiés
C. Une absence d'outils de suivi sophistiqués
D. Un manque d’étapes repères intermédiaires
E. Une absence d'indicateurs spécifiques

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LPSD 2025-2029, de l'ambition floue à la feuille de route opérationnelle

Cette analyse critique de la Lettre de Politique Sectorielle de Développement du tourisme sénégalais 2025-2029 expose un paradoxe troublant. Alors que le Sénégal possède toutes les ressources pour devenir une destination touristique importante en Afrique, sa stratégie officielle demeure trop floue pour concrétiser ce potentiel.

L'examen détaillé de ce document identifie un écart substantiel entre les ambitions affichées et la rigueur méthodologique nécessaire à leur réalisation. L'absence d'objectifs chiffrés, le diagnostic superficiel, l'approche territoriale sans substance financière, la stratégie promotionnelle évasive, les partenariats public-privé sans mécanismes concrets et un dispositif de suivi-évaluation défaillant constituent autant d'obstacles à une mise en œuvre efficace.

Ces faiblesses ne doivent cependant pas occulter l'essentiel. Le tourisme sénégalais recèle un immense potentiel. La richesse culturelle du pays, sa diversité géographique, sa stabilité politique et sa position géostratégique en font des atouts indéniables. L'enjeu réside désormais dans la capacité des autorités à transformer cette LPSD en un véritable plan d'action opérationnel.

L'expérience réussie de pays concurrents comme le Maroc démontre qu'une approche structurée, dotée d'objectifs précis et d'un budget réaliste, peut produire des résultats remarquables en quelques années seulement. Le Sénégal dispose des mêmes opportunités, à condition d'adopter une démarche plus rigoureuse et participative.

Il est donc urgent de réviser cette stratégie en profondeur, en y intégrant des objectifs quantifiés, un calendrier de mise en œuvre réaliste, un plan de financement crédible et un dispositif de gouvernance inclusif. Bien au-delà d'un exercice technocratique, cette refonte doit s'appuyer sur une véritable concertation avec tous les acteurs du secteur (professionnels du tourisme, collectivités territoriales, société civile) pour construire ensemble une vision partagée et réalisable. Cette démarche participative permettra d'élaborer un document qui puisse servir de véritable contrat de performance entre l'Etat et le secteur privé, définissant clairement les engagements réciproques, les responsabilités de chaque partie et les résultats attendus. Un tel cadre contractuel favoriserait l'alignement des intérêts publics et privés autour d'objectifs communs, tout en instaurant des mécanismes de redevabilité mutuelle qui renforceraient la confiance et l'efficacité de l'action collective.

Le tourisme sénégalais n'a pas dit son dernier mot. Il peut redevenir un secteur dynamique et contributeur significatif à l'économie nationale. Mais cela nécessite de transformer les vœux pieux en engagements concrets, les intentions en actions mesurables, et les ambitions en réalisations tangibles. L'avenir touristique du Sénégal se joue maintenant, dans la capacité des décideurs à passer des mots aux actes.

 

FAQs

FAQ - Le devenir du tourisme sénégalais

Planification stratégique
Quels sont les principaux problèmes identifiés dans la LPSD du tourisme sénégalais 2025-2029 ? +

La Lettre de Politique Sectorielle de Développement (LPSD) du tourisme sénégalais 2025-2029 présente plusieurs lacunes majeures :

  • Absence d'objectifs quantifiés : Aucune cible chiffrée concernant le nombre de visiteurs, les recettes touristiques ou les emplois à créer
  • Diagnostic superficiel : Analyse insuffisante des causes du déclin touristique et des attentes du marché
  • Approche territoriale sans budgétisation : Concept de pôles touristiques sans plan d'investissement chiffré
  • Stratégie de promotion mal définie : Absence de positionnement marketing différenciant et de stratégie digitale
  • Partenariat public-privé sans mécanismes : Intention affichée mais dépourvue d'outils opérationnels
  • Dispositif de suivi-évaluation insuffisant : Absence d'indicateurs mesurables et d'étapes intermédiaires

Ces faiblesses transforment ce document en un catalogue d'intentions plutôt qu'un véritable plan stratégique opérationnel.

Pourquoi l'absence d'objectifs quantifiés pose-t-elle problème ? +

L'absence d'objectifs quantifiés dans la LPSD compromet fondamentalement son efficacité pour plusieurs raisons :

  • Impossibilité d'évaluation : Sans cibles chiffrées, il sera impossible de déterminer en 2029 si la vision a été concrétisée
  • Pilotage inefficace : L'absence d'étapes intermédiaires rend difficile l'évaluation en cours de route des progrès réalisés
  • Dispersion des efforts : Le manque de hiérarchisation entre les actions risque de disperser les ressources

Un document stratégique efficace aurait dû inclure des objectifs précis concernant l'augmentation du nombre de visiteurs internationaux, les recettes touristiques attendues, le volume d'investissements à mobiliser, le nombre d'emplois à créer, et l'augmentation de la capacité d'accueil hôtelière.

Sans ces repères mesurables, la stratégie perd sa portée opérationnelle et se résume à une déclaration d'intentions.

Comment les stratégies touristiques du Maroc et de la Côte d'Ivoire se distinguent-elles ? +

Les stratégies touristiques du Maroc et de la Côte d'Ivoire offrent un contraste frappant avec l'approche sénégalaise :

Le Maroc a élaboré une feuille de route 2023-2026 avec des objectifs précis :

  • Accueil de 17,5 millions de touristes
  • Génération de 120 milliards de dirhams (environ 7 200 milliards FCFA) en recettes
  • Création de 200 000 emplois
  • Budget mobilisé de 6,1 milliards de dirhams (environ 366 milliards FCFA)

Résultat : Dès 2024, le Maroc a accueilli 17,4 millions de visiteurs, atteignant presque son objectif avec deux ans d'avance.

La Côte d'Ivoire a lancé en 2018 le programme "Sublime Côte d'Ivoire" avec des objectifs clairs :

  • Doubler les arrivées touristiques pour atteindre 5 millions de visiteurs par an
  • Porter la contribution du secteur au PIB à 8%
  • Créer 375 000 emplois d'ici 2025
  • Financement de 3 200 milliards FCFA partagé entre l'Etat et les opérateurs privés

Ces deux démarches montrent qu'une planification rigoureuse, avec des objectifs datés et un cadre budgétaire cohérent, est parfaitement accessible et efficace.

Problèmes structurels
Quelles sont les insuffisances du diagnostic des problèmes structurels du tourisme sénégalais ? +

Le diagnostic présenté dans la LPSD souffre de plusieurs insuffisances majeures :

  • Analyse superficielle : Les faiblesses sont listées sans être suffisamment détaillées pour servir de base à une stratégie de redressement
  • Absence d'analyse causale : Le document ne propose aucune analyse rétrospective permettant de comprendre pourquoi le tourisme sénégalais a perdu de son attractivité
  • Défaut d'analyse concurrentielle : Mention de la concurrence des pays voisins sans analyser les raisons de leur succès
  • Manque d'études de marché : Absence de référence à des études sur les attentes des différentes catégories de visiteurs
  • Constats génériques : Juxtaposition d'observations sans analyse détaillée (ex: "système d'information non opérationnel" sans préciser quels systèmes sont défaillants)

Une politique sectorielle efficace aurait nécessité une compréhension des dysfonctionnements actuels, basée sur des données factuelles solides et une analyse causale rigoureuse.

Pourquoi la connectivité aérienne est-elle considérée comme un maillon faible du tourisme sénégalais ? +

La LPSD identifie la présence d'un hub aérien à Dakar comme une ressource stratégique, mais reste étonnamment silencieuse sur les difficultés réelles du transport aérien :

  • Cherté des billets d'avion : Un obstacle majeur régulièrement dénoncé par les professionnels et la diaspora
  • Connectivité insuffisante : Nombre limité de liaisons directes vers les principaux marchés émetteurs
  • Désavantage concurrentiel : Comparé au Maroc ou au Cap-Vert qui proposent des tarifs plus compétitifs et des liaisons plus nombreuses
  • Absence de stratégie correctrice : Aucun plan précis ni mesures pour améliorer cette situation

Cette faiblesse structurelle pénalise directement l'attractivité du pays, réduisant sa compétitivité sur le marché touristique international et limitant l'accès au pays pour sa diaspora.

Sans une connectivité aérienne performante et économiquement accessible, les ambitions de créer des pôles touristiques intégrés resteront fortement compromises.

Développement territorial
En quoi l'approche par pôles touristiques est-elle considérée comme un "mirage" ? +

La LPSD place au cœur de sa stratégie le concept de pôles touristiques territoriaux, mais cette approche souffre de lacunes fondamentales :

  • Absence de budgétisation : Aucune estimation des investissements nécessaires pour transformer ces régions en véritables destinations touristiques
  • Aménagements non spécifiés : Nature et ampleur des aménagements touristiques non précisées (infrastructures hôtelières ? attractions ? transport ?)
  • Absence de calendrier : Aucune priorisation entre les différents pôles ni succession d'étapes pour leur développement
  • Gouvernance territoriale floue : Répartition des rôles entre l'Etat central et les collectivités territoriales non clarifiée
  • Manque d'analyse comparative : Absence d'étude sur les avantages compétitifs que chaque pôle pourrait développer face aux destinations concurrentes

Sans plan d'investissement chiffré, sans priorisation claire et sans analyse comparative approfondie, cette vision territoriale risque de rester un simple concept théorique plutôt qu'une réalité tangible pour le tourisme sénégalais.

Quelles sont les lacunes de la stratégie de promotion touristique sénégalaise ? +

La stratégie de promotion esquissée dans la LPSD présente plusieurs faiblesses majeures :

  • Analyse insuffisante des marchés émetteurs : Absence de définition claire des marchés prioritaires (pays européens ? marchés émergents ? pays africains ?)
  • Positionnement marketing sans identité distinctive : Aucune réflexion sur l'identité touristique du pays ni sur les éléments distinctifs qui permettraient au Sénégal de se démarquer
  • Stratégie digitale quasi inexistante : Malgré le constat d'une "faible intégration du digital", aucun plan d'action clair pour combler cette lacune
  • Bureaux de promotion à l'étranger non évalués : Mention des bureaux à Paris et Washington sans évaluation de leur efficacité passée

Cette approche vague diffère radicalement des destinations concurrentes qui investissent massivement dans leur présence digitale, développent des identités touristiques fortes et ciblent précisément leurs marchés prioritaires.

Sans une stratégie de promotion claire et différenciante, le Sénégal risque de rester en retrait face à ses concurrents régionaux et internationaux.

Gouvernance et mise en œuvre
Pourquoi le partenariat public-privé reste-t-il une intention dépourvue de mécanismes concrets ? +

Bien que la LPSD reconnaisse l'importance du partenariat public-privé, cette dimension reste étonnamment peu développée :

  • Cadres de concertation non précisés : Le document évoque la volonté de "redynamiser les cadres de concertation avec le privé", mais sans préciser leur nature, composition ou fonctionnement
  • Absence d'incitations fiscales spécifiques : Malgré l'identification d'un "cadre incitatif peu attractif", aucune réforme concrète n'est proposée
  • Confusion sur les rôles respectifs : Répartition des responsabilités entre l'Etat et les opérateurs privés non clarifiée
  • Mécanismes de financement non définis : Malgré la mention des fonds d'investissement existants (FONSIS, FONGIP...), pas d'explication sur leur mobilisation pour le secteur touristique

Cette ambiguïté risque de créer une situation où chaque partie attend que l'autre prenne l'initiative, conduisant à l'immobilisme.

Une approche véritablement intégrée aurait nécessité l'identification de projets spécifiques à développer en partenariat, avec pour chacun une structure juridique appropriée et un montage financier précis.

Quelles sont les faiblesses du dispositif de mise en œuvre et de suivi-évaluation ? +

Le dispositif de mise en œuvre et de suivi-évaluation présenté dans la LPSD comporte plusieurs lacunes critiques :

  • Cadre institutionnel sans pouvoir réel : Comités uniquement internes au Ministère, sans représentation d'autres départements ministériels ni du secteur privé
  • Comités sans moyens dédiés : Aucune précision sur les ressources humaines, techniques et financières allouées à ces instances
  • Absence d'outils de suivi sophistiqués : Approche bureaucratique basée sur des rapports traditionnels, sans mention d'outils modernes (tableaux de bord numériques, systèmes d'information géographique...)
  • Manque d'étapes intermédiaires : Absence de phases permettant d'évaluer progressivement l'avancement sur la période 2025-2029
  • Absence totale d'indicateurs spécifiques : Aucun indicateur défini pour mesurer l'amélioration de l'attractivité touristique, la satisfaction des visiteurs ou l'efficacité des actions de promotion

Ce dispositif apparaît comme une simple formalité administrative plutôt qu'un véritable outil de pilotage stratégique, compromettant sérieusement les chances de réussite de la mise en œuvre.

Perspectives et recommandations
Quelles améliorations pourraient transformer la LPSD en une véritable feuille de route opérationnelle ? +

Pour transformer cette LPSD en un véritable outil stratégique efficace, plusieurs améliorations sont nécessaires :

  • Définir des objectifs chiffrés : Fixer des cibles précises pour les visiteurs, recettes, emplois et investissements
  • Etablir un calendrier de mise en œuvre : Définir des étapes intermédiaires avec des objectifs annuels ou semestriels
  • Elaborer un plan de financement : Chiffrer les investissements nécessaires et identifier les sources de financement
  • Prioriser les actions : Hiérarchiser les interventions et les territoires prioritaires
  • Développer une identité marketing distinctive : Définir un positionnement clair et différenciant pour la destination
  • Créer des mécanismes de partenariat public-privé : Définir clairement les rôles et responsabilités de chaque partie
  • Mettre en place des indicateurs SMART : Développer une batterie d'indicateurs spécifiques, mesurables et temporellement définis
  • Adopter une gouvernance inclusive : Intégrer les acteurs privés et les collectivités territoriales dans les instances de pilotage

Cette refonte doit s'appuyer sur une véritable concertation avec tous les acteurs du secteur pour construire une vision partagée et réalisable. Le document ainsi amélioré pourrait servir de véritable contrat de performance entre l'Etat et le secteur privé, définissant clairement les engagements réciproques.