La saleté omniprésente est le poison silencieux du tourisme

Etat d'urgence environnemental

Ces dernières années, le Sénégal fait face à une détérioration alarmante de la salubrité publique, un phénomène qui n'épargne malheureusement pas les zones touristiques. Du nord au sud du pays, des rues jonchées de déchets, des plages souillées et des espaces publics dégradés sont devenus un spectacle quotidien, compromettant sérieusement l'attractivité touristique. Cette situation, aggravée au fil des ans, touche aussi bien les sites historiques emblématiques comme l'île de Gorée et Saint-Louis que les stations balnéaires prisées telles que Saly et Cap Skirring.

L'impact de cette insalubrité sur l'image du Sénégal en tant que destination touristique est considérable. Alors que le pays cherche à se positionner comme une destination phare en Afrique de l'Ouest, offrant une riche palette d'attractions allant du tourisme culturel au balnéaire, en passant par le tourisme de nature, la prolifération des ordures et le manque d’entretien des espaces publics créent un décalage flagrant avec les ambitions affichées. Les initiatives de promotion touristique, aussi bien conçues soient-elles, se heurtent invariablement à cette réalité peu reluisante, désormais source de nombreux commentaires négatifs sur les plateformes de voyage et les réseaux sociaux.

L’ampleur du problème est d’autant plus préoccupante qu’elle affecte presque tous les sites et attractions touristiques du pays. Des lieux classés au patrimoine mondial de l’UNESCO aux plages autrefois réputées pour leur beauté naturelle, l’insalubrité est devenue un défi structurel majeur menaçant non seulement l’expérience des visiteurs, mais aussi la durabilité même du secteur touristique sénégalais. Ce paradoxe, où des lieux censés incarner l’attractivité du pays deviennent des repoussoirs, soulève des questions fondamentales sur la capacité du Sénégal à maintenir sa position sur l’échiquier touristique régional et international.

Pour comprendre l'ampleur et les implications de cette problématique, nous dresserons d'abord un état des lieux de l'insalubrité dans les principales zones touristiques du pays. Nous analyserons ensuite les impacts multiformes de cette situation sur le secteur touristique, notamment ses effets sur l'expérience des visiteurs, l'image de la destination et les répercussions économiques. Enfin, nous examinerons les causes structurelles de ce phénomène, avant de renvoyer aux solutions proposées dans notre contribution "Réinventer le tourisme sénégalais par une gouvernance innovante"

PS : Les images publiées ici représentent la baie de Hann autrefois et aujourd'hui, témoignant de l'une des plus grandes catastrophes environnementales du Sénégal.

Située à Dakar, la baie de Hann était autrefois un véritable paradis pour les pêcheurs et les baigneurs, particulièrement prisée par les habitants des quartiers de Sicap, Dieuppeul, Castors et Grand Yoff. Jusqu’aux années 1970, cette merveille naturelle, avec ses 15 km de sable fin et blanc, constituait la plus belle plage de Dakar, l'une des plus belles baies au monde, rivalisant même avec la célèbre baie de Rio de Janeiro. Son port naturel accueillait harmonieusement pirogues et yachts dans des eaux calmes et cristallines, tandis que la richesse de sa faune marine faisait le bonheur des pêcheurs.

Hélas, cette splendeur d'antan a cédé la place à un triste spectacle. Sous la pression d'une urbanisation incontrôlée et d'une industrialisation massive, la baie s'est métamorphosée en un véritable dépotoir à ciel ouvert. Aujourd'hui, le site est submergé par une accumulation alarmante de déchets ménagers et industriels : poissons en décomposition, plastiques et autres résidus jonchent ses rivages autrefois immaculés, transformant ce qui était jadis un symbole du bien-vivre en un exemple frappant des défis écologiques auxquels le Sénégal doit faire face.

Malheureusement, ce qui s'est produit à la baie de Hann risque de se reproduire dans d'autres sites touristiques, menaçant ainsi ce secteur. Pendant ce temps, l’Etat reste spectateur, sans stratégie cohérente face à ces enjeux. Le manque d'anticipation des défis environnementaux se paie aujourd'hui au prix fort : le coût total du projet de restauration de la baie de Hann est estimé à environ 100 milliards de FCFA, une somme colossale qui aurait pu être évitée si l’Etat avait fait preuve de davantage de conscience environnementale en amont.

Une destination touristique se construit d'abord sur les fondations de la propreté

I. Etat des lieux de l'insalubrité dans les zones touristiques

A. Cartographie des sites touristiques touchés
1. Les îles historiques de Gorée et de Saint-Louis
2. Les stations balnéaires de Saly et de Cap Skirring
3. Les plages de la Petite-Côte et de la Grande-Côte
4. Les centres urbains touristiques
• Dakar
• Autres centres urbains d'intérêt touristique

B. Manifestations de l'insalubrité
1. Accumulation des déchets plastiques
2. Gestion défaillante des ordures
3. Dégradation des espaces publics

[Lire I...]

 

II. Impacts sur le secteur touristique

A. Effets directs sur l'expérience touristique

B. Conséquences sur l'image et la réputation
1. Inefficacité des efforts promotionnels
2. Dissonance entre promotion et réalité
3. Amplification par les réseaux sociaux
4. Perte de confiance des prescripteurs touristiques

C. Répercussions économiques

[Lire II...]

 

III. Causes structurelles de l'insalubrité

A. Facteurs institutionnels
B. Facteurs socioculturels
C. Facteurs économiques

[Lire III...]

 

IV. Solutions et recommandations

Face à ce défi critique de l'insalubrité qui menace directement l'avenir du tourisme sénégalais, des solutions concrètes et efficaces existent.

Pour découvrir l'ensemble des recommandations stratégiques et des actions prioritaires à mettre en œuvre, nous vous invitons à consulter notre 📕 DOSSIER COMPLET :

Réinventer le tourisme sénégalais par une gouvernance innovante

Le défi de l'insalubrité, un tournant décisif pour l'avenir du tourisme sénégalais

L'insalubrité qui affecte les zones touristiques du Sénégal constitue aujourd'hui l'un des plus grands défis pour l'avenir du secteur touristique national. De l'île de Gorée aux plages de la Petite-Côte et de Cap Skirring, en passant par Saint-Louis, la dégradation environnementale menace non seulement l'expérience des visiteurs, mais compromet également la viabilité économique de tout un secteur.

Les impacts de cette situation sont multiformes et profonds. Sur le plan de l'expérience touristique, la présence constante de déchets et le manque d'hygiène créent un décalage flagrant entre les promesses marketing et la réalité du terrain. L'image de la destination s'en trouve durablement affectée, particulièrement à l'ère des réseaux sociaux où chaque témoignage négatif peut être amplifié à l'échelle mondiale. Les répercussions économiques qui en découlent menacent directement les emplois et les revenus générés par le secteur touristique.

Les causes de cette situation sont à la fois institutionnelles, socioculturelles et économiques. L'insuffisance des systèmes de collecte des déchets, le manque de conscience environnementale et les contraintes budgétaires des collectivités locales forment une spirale néfaste qu'il devient urgent de rompre. Le coût de la restauration environnementale augmente de façon exponentielle avec le temps, démontrant que l'inaction en matière environnementale se paie au prix fort.

Face à ces enjeux, une mobilisation immédiate et coordonnée de tous les acteurs s'impose. Il est crucial de comprendre qu'une destination touristique se construit d'abord sur les fondations de la propreté. Sans un environnement sain et attrayant, les investissements en infrastructures et les efforts de promotion touristique resteront vains. Le Sénégal dispose d'atouts touristiques exceptionnels, mais leur valorisation passe nécessairement par une prise en charge résolue de la question de l'insalubrité.

L'avenir du tourisme sénégalais dépendra largement de la capacité du pays à relever ce défi environnemental. La mise en œuvre de solutions novatrices et durables, soutenue par une volonté politique forte et une participation active des communautés locales, constitue la clé pour préserver l'attractivité touristique du pays et assurer un développement harmonieux du secteur.


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