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LE PROJET TOURISTIQUELe développement d’une pédagogie éducative autour des valeurs locales et à la sociologie du tourisme

Le tourisme sénégalais d’aujourd’hui est l’évidence de cette altérité culturelle. Déjà, parler de tourisme dans nos communautés, c’est faire appel à des pans culturels étrangers à la civilisation autochtone. Les fantasmes que nourrissent le tourisme sont à l’origine de la prostitution grandissante, du mirage de l’eldorado et paradoxalement, à l’adoption de certains comportements qui finissent par s’enraciner. Les conséquences de toute cette problématique touristique soulèvent des équations existentielles qui se manifestent dans tous les champs : politique, culturel, social et particulièrement économique.

En effet, il s’avère nécessaire, devant tous ces risques et menaces qui résultent de l’émergence touristique, de développer des approches pédagogiques capables d’y faire face, ce qui motive cette réflexion autour de la pédagogie éducative face aux risques d’une sous-culture du tourisme.

Nous promouvrons un tourisme intégré et ancré dans les terroirs et leurs réalités sociologiques par :

• L’initiation de programmes de sensibilisation pour valoriser le patrimoine et la culture touristique auprès des citoyens ;

• Le renforcement du respect des espaces publics (parcs, plage, littoral, etc.) ;

• La promotion de politiques touristiques inclusives et concertées avec les professionnels du tourisme, les autochtones et les touristes ;

• La préservation des populations autochtones face aux chocs culturels et la favorisation de l’interculturalité conviviale ;

• L’instauration d’un système d’observation attentive face aux impacts des flux touristiques sur les composantes socioculturelles et leur exposition aux facteurs de transfiguration et de déculturation ;

• L’inclusion de la culture touristique dès le bas âge dans les curricula (principes éthiques, sociabilité, hygiène et respect de l’environnement dans le cercle familial et à école) en collaboration avec les institutions d’enseignement supérieur, d’éducation et de formation ;

• Le renforcement des compétences des collectivités locales dans la gestion touristique de leurs terroirs.

Résultats attendus à la suite de l’application de ces mesures :

• Le développement d’une culture touristique et d’une citoyenneté écologique ;

• La socialisation du tourisme ;

• Un meilleur assainissement des espaces publics et la sécurisation des sites et parcs d’attractivité touristique ;

• La création de 1000 emplois verts par an dans les sites à intérêt touristique et la génération de plus de revenus touristiques pour les communes et leurs populations.

Délai de réalisation des mesures clés :

Les mesures seront lancées dès le début du mandat et s’entendront sur 3 ans.

DÉCRYPTAGE DU PROJET

Le projet de développement d'une pédagogie éducative centrée sur les valeurs locales et la sociologie du tourisme au Sénégal présente d'importants enjeux. Il ambitionne de favoriser un tourisme durable, respectueux des spécificités socio-culturelles du pays. L'analyse de ce projet révèle ses atouts, tels que la sensibilisation des communautés et le renforcement des compétences locales. Cependant, elle souligne également des domaines nécessitant une exploration plus approfondie, tant sur le plan du diagnostic que concernant les stratégies de mise en œuvre. Avec certains ajustements, ce projet pourrait établir les fondements d'un modèle de développement touristique innovant, conjuguant bénéfices économiques et conservation du patrimoine sénégalais.

Points forts

Les initiatives proposées comportent plusieurs aspects positifs :

• L'engagement à promouvoir un tourisme intégré, en harmonie avec les réalités sociologiques du Sénégal, est à saluer. Cela contribuerait à maintenir l'authenticité des cultures sénégalaises, tout en contrecarrant les effets d'acculturation associés au tourisme de masse.

• L'accent mis sur la sensibilisation et l'éducation est pertinent. Intégrer la culture touristique dans les programmes scolaires dès le plus jeune âge favoriserait le développement d'une conscience touristique chez les citoyens.

• Renforcer les compétences des collectivités locales dans la gestion du tourisme est aussi une bonne idée. Cela leur donnerait plus de maîtrise sur le développement touristique de leur territoire.

• L'objectif de créer des emplois verts et de générer des revenus pour les communautés est louable. Il représente une stratégie pertinente pour allier croissance économique et préservation environnementale.

Points à approfondir

Cependant, plusieurs éléments du projet gagneraient à être précisés :

• Les modalités concrètes de concertation entre les différents acteurs (professionnels, populations locales, touristes) ne sont pas détaillées. Il serait utile de proposer des outils spécifiques (tables rondes, assises, chartes, etc.) pour organiser ce dialogue.

• La notion de "choc culturel" mériterait d'être mieux définie. S'agit-il de l'impact des pratiques touristiques sur les modes de vie locaux ? Des risques de folklorisation des traditions ? Sans diagnostic précis, il est difficile de proposer des solutions adaptées.

• Le danger d'une utilisation mercantile des cultures locales à des fins touristiques est réel. Il est crucial de s'assurer que leur mise en valeur ne nuise ni à leur authenticité ni à leur transmission.

• Certains objectifs chiffrés semblent très ambitieux, notamment la création de 1000 emplois verts par an. Il faudrait détailler les potentiels gisements d'emplois (écotourisme, valorisation des déchets, etc.) pour étayer cette projection.

De même, les sources de financement ne sont pas précisées. S'agira-t-il de fonds publics, d'investissements privés, de taxes sur les activités touristiques ? Un budget prévisionnel serait nécessaire pour juger de la faisabilité du projet.

Enfin, le délai de 3 ans paraît court pour transformer en profondeur les mentalités et les pratiques touristiques. Un plan d'action phasé sur le moyen-long terme (5-10 ans) serait sans doute plus réaliste et permettrait un suivi dans la durée.

Propositions

Ce projet a le mérite de poser les jalons d'un tourisme plus durable et intégré aux réalités socio-culturelles du Sénégal. Les mesures de sensibilisation, de formation et de concertation vont dans le bon sens.

Néanmoins, le diagnostic initial gagnerait à être affiné et les propositions mieux chiffrées et détaillées dans leur mise en œuvre opérationnelle. Un calendrier plus réaliste serait aussi souhaitable.

Sous réserve de ces approfondissements, ce projet pourrait contribuer à faire du tourisme un véritable levier de développement, dans le respect de l'identité et du patrimoine sénégalais. Un suivi-évaluation régulier permettrait d'en mesurer l'impact et de l'ajuster si besoin.

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LE PROJET TOURISTIQUELe développement du micro-tourisme sur toute l’étendue du territoire national

Le mimétisme politique renvoie toujours au transfert de modèles inappropriés, tuant l’originalité qu’exige le tourisme nouveau. Une manne comme le tourisme, par manque de créativité et d’authenticité est à la merci d’influences étrangères avec un manque à gagner énorme pour les territoires qui accueillent les investissements touristiques. Le projet de développement local promu par l’acte 2 sur la décentralisation, se passe de la contribution potentielle du tourisme dans le processus de développement des collectivités locales. Ainsi, pour relever les nombreux défis qui interpellent le secteur touristique, il est important de prendre des mesures pertinentes et de les mettre en œuvre.

Nous mettrons en œuvre de nouveaux plans touristiques articulés autour des niches vitales à l’économie nationale (pétrole et gaz) et nous élaborerons des projets et programmes de provincialisation ou de « thématisation » du tourisme avec une cartographie des anciens royaumes et patrimoines naturels du Sénégal par :

• La création de huit (08) FESOT (Fédérations de syndicats et offices de tourisme) pour accompagner les programmes notamment sur l’identification des patrimoines et emblèmes des 8 provinces touristiques autour desquels s’articuleront un plan d’aménagement des sites notamment sensibles (plages, plans d’eau et littoraux) ;

• Le développement du tourisme artisanal afin de replacer l’art au cœur de l’attractivité touristique et la création d’académies des arts touristiques ;

• Le lancement d’un programme de certification et de labellisation des produits et services touristiques des terroirs autour d’un plan de marketing et de promotion.

Les projets et programmes seront financés par la Taxe Écologique Local (TECOL) à mettre en place et qui sera payée par les entreprises du pétrole, du gaz ou toute autre recherche des territoires afin de mieux impacter les économies. Promouvoir l’agrotourisme (lier le tourisme à l’agriculture) ;

La promotion de l’apport de la biodiversité et des paysages naturel au développement du secteur touristique.

Résultats attendus à la suite de l’application de ces mesures :

• L’identification des zones d’intérêt culturel et sportif dans les huit (08) provinces touristiques ;

• La décentralisation du tourisme (transfert de compétences aux collectivités locales) ;

• Le développement de l’esprit et la promotion de l’événementiel : foires et autres animations autour des ressources culturelles et sportives dans les localités cibles, lutte à Fatick, festivals traditionnels en Casamance, carnavals et gastronomie à Saint Louis, danse, musique et théâtre à Lompoul, etc. ;

• L’aménagement de sites culturels, sportifs et plages communautaires afin de se doter d’un environnement touristique plus attractif, plus propice aux affaires.

Délai de réalisation des mesures clés :

Ces mesures seront mises en œuvre dans les 2 premières années du mandat.

DÉCRYPTAGE DU PROJET

Le projet de développement du micro-tourisme sur l'ensemble du territoire sénégalais, tel que présenté, apparaît comme une initiative ambitieuse et porteuse de nombreuses opportunités pour rééquilibrer et diversifier l'offre touristique du pays. Afin d'analyser ce projet, il convient d'en examiner les principaux points forts, mais aussi d'identifier les aspects qui mériteraient d'être approfondis ou précisés. Cette analyse permettra également de formuler quelques propositions complémentaires pour renforcer la pertinence et la faisabilité de cette stratégie de développement touristique à l'échelle des territoires.

Points forts

• Une volonté de rééquilibrage territorial
Le projet vise à développer le tourisme sur l'ensemble du territoire national, en valorisant les spécificités et atouts de chaque région (anciens royaumes, patrimoines naturels et culturels, etc.). Cette approche permettra de décentraliser l'activité touristique, aujourd'hui très concentrée sur le littoral, et de faire bénéficier les régions de l'intérieur des retombées économiques et sociales du tourisme.

• Une structuration de l'offre au niveau local
La création de huit fédérations régionales de syndicats et offices de tourisme (FESOT) et la mise en place d'un programme de labellisation des produits et services touristiques des terroirs sont des initiatives pertinentes pour mieux organiser et promouvoir l'offre micro-touristique au plus près des territoires.

• Une diversification des niches et des cibles
Au-delà du classique balnéaire, le projet prévoit de développer des niches porteuses comme le tourisme artisanal, l'agrotourisme ou encore l'écotourisme autour des ressources pétrolières et gazières. Cette segmentation permettra de toucher de nouvelles clientèles en quête d'expériences authentiques et responsables.

• Un financement innovant des projets locaux
L'instauration d'une taxe écologique locale (TECOL) payée par les entreprises exploitant les ressources des territoires (pétrole, gaz, etc.) est une piste intéressante pour dégager des moyens au profit des projets touristiques portés par les acteurs locaux.

Points à approfondir

• Les modalités de la décentralisation touristique
Le document évoque un transfert de compétences aux collectivités locales, mais les contours précis de cette décentralisation restent à définir (quelles attributions, quels moyens humains et financiers, quelle articulation avec les politiques nationales ?).

• Le réalisme du calendrier de mise en œuvre
Le déploiement opérationnel des mesures clés est envisagé sur les deux premières années du mandat, ce qui peut sembler ambitieux au regard de l'ampleur et de la complexité des chantiers à mener. Un phasage plus progressif serait sans doute nécessaire.

• L'acceptabilité locale des projets touristiques
La mobilisation et l'adhésion des populations seront déterminantes pour la réussite de cette stratégie dans les territoires. Des actions de sensibilisation et de concertation devront être menées en amont des projets.

L'articulation entre ce projet de micro-tourisme et la stratégie touristique nationale portée par l'Etat central devra être clarifiée.

Propositions complémentaires

• Investir dans le capital humain local
Pour faire du micro-tourisme un véritable levier de développement territorial, il sera essentiel de mettre en place des programmes de formation et de renforcement de capacités à destination des acteurs locaux (élus, opérateurs, guides, artisans, agriculteurs, etc.).

• Mettre en place une gouvernance partagée
Les instances et outils de pilotage stratégique et opérationnel du micro-tourisme devront associer étroitement les communautés locales, la société civile et le secteur privé local, aux côtés des institutions publiques. Cette gouvernance partenariale favorisera l'appropriation et la durabilité des projets.

• Préserver les équilibres socio-écologiques des territoires
La valorisation touristique des patrimoines naturels et culturels devra se faire dans le respect de leur intégrité et de leur capacité de charge, en fixant des seuils de fréquentation et en fléchant une partie des recettes vers leur conservation.

• Assurer un suivi et une évaluation réguliers
Il sera important de se doter d'indicateurs et d'outils pour mesurer et optimiser les retombées économiques, sociales et environnementales du micro-tourisme sur les territoires (emplois, revenus, inclusion des jeunes et des femmes, empreinte écologique, etc.).

En résumé, ce projet de micro-tourisme a le mérite de vouloir rééquilibrer et diversifier le développement touristique sur le territoire sénégalais, en s'appuyant sur les ressources spécifiques de chaque terroir. Sa réussite dépendra beaucoup des moyens qui seront effectivement transférés au niveau local et de la capacité à fédérer les énergies des différents acteurs autour de cette nouvelle approche plus inclusive et durable du tourisme.

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LE PROJET TOURISTIQUELa redynamisation du tourisme balnéaire, religieux et d’affaires

Le tourisme balnéaire sénégalais s’essouffle sur la petite côte alors que le potentiel national est énorme. Ainsi, il y a un besoin impératif de restructuration de la niche religieuse, qui touristiquement, répondra à une forte demande des fidèles, afin de générer des emplois salariés et durables pour beaucoup de talibés en mal d’insertion et offrir une belle opportunité commerciale pour les agences de voyage et de tourisme.

• Nous valoriserons nos 700 kms de côtes et nos nombreux plans d’eau (fleuves Casamance et Sénégal, Lacs rose, de Guiers etc.) via le balnéaire, l’écotourisme.

• Nous développerons de hub aérien et sanitaire par la création de quatre (04) cliniques mixtes spécialisées (HMS - Hôtels Médicaux Spécialisés) à Dakar, Saint-Louis, Mbour et Ziguinchor.

• Nous développerons l’agrotourisme, l’E-tourisme et le tourisme religieux par :
- La mise en place les fermes FAGROE (fermes groécotouristique);
- Le lancement de deux programmes phares :
. PPTR (Programme spécial de Promotion du Tourisme Religieux) : ce programme mobilisera un investissement de base qui viendrait des foyers religieux cibles par le biais des contributions de masse des fidèles. Le secteur touristique privé travaillera ensuite à mettre en œuvre cette attractivité selon les opportunités commerciales qui s’offriront ;
. PHRAS (Programme de Hub Régional Aérien au Sénégal) : c’est un programme inter-Etats très ambitieux qui nécessitera en priorité des quotes- parts négociées et l’engagement du secteur privé sous régional avec l’appui des banques régionales de développement comme la Banque Africaine de Développement.

Résultats attendus à la suite de l’application de ces mesures :

• L’aménagement touristique des côtes sénégalaises et la valorisation des plans d’eau avec le développement d’activités agrotouristiques et écotouristiques ;

• La création de 4 HMS (hôtels médicaux spécialisés) au niveau national pour attirer la sous-région et même au-delà ;

• La mise en œuvre de deux programmes touristiques phares : le PPTR (Programme spécial de promotion du tourisme religieux) et PHRAS (Programme de hub régional aérien au Sénégal) pour mieux dynamiser le secteur du tourisme.

Délai de réalisation des mesures clés :

• Le PPTR et le PHRAS seront mis en place sous 3 ans

• Les HMS seront créés sous 2 ans

• Les autres mesures seront mises en œuvre sous 2 ans.

DÉCRYPTAGE DU PROJET

Après avoir examiné en détail les différentes composantes du projet de redynamisation du tourisme au Sénégal, il convient maintenant de prendre du recul pour en faire une analyse constructive. Cette analyse mettra en lumière les points forts sur lesquels le projet peut s'appuyer, mais aussi les aspects qui méritent d'être approfondis pour en assurer la faisabilité et la réussite. Elle débouchera enfin sur des propositions concrètes pour optimiser la mise en œuvre de ce projet ambitieux et porteur pour le développement touristique et économique du Sénégal.

Points forts

• Le projet vise à valoriser les atouts naturels du Sénégal comme les 700 km de côtes et les nombreux plans d'eau à travers le développement du tourisme balnéaire et de l'écotourisme. Cela permettra de renforcer et de diversifier l'offre touristique.

• Le développement du tourisme religieux, en s'appuyant sur la forte demande des fidèles, est une opportunité pour générer des emplois durables, notamment pour les talibés en difficulté d'insertion. Le programme PPTR mobilisera des investissements des foyers religieux.

• La création de 4 hôtels médicaux spécialisés (HMS) vise à faire du Sénégal un hub sanitaire attirant les patients de la sous-région. C'est un créneau porteur.

• Le programme PHRAS de hub aérien régional est ambitieux et implique une coopération inter-états qui peut dynamiser le tourisme et les échanges dans la sous-région.

Points à approfondir

• Les modalités concrètes de valorisation des côtes et plans d'eau mériteraient d'être détaillées. Quels types d'aménagements et d'activités sont prévus ?

• Le projet compte beaucoup sur les investissements et contributions des fidèles et foyers religieux pour le PPTR, mais les mécanismes pour susciter et pérenniser cette mobilisation ne sont pas précisés.

• La création de 4 HMS est intéressante mais il faudrait s'assurer en amont de l'adhésion des professionnels de santé et de la disponibilité des compétences nécessaires. Les risques et les facteurs clés de succès de ces HMS doivent être analysés.

• Le PHRAS nécessite l'engagement des états et du secteur privé de la sous-région. Les modalités de cette coopération gagneraient à être approfondies, de même que le modèle économique et le positionnement de ce hub.

• Le projet prévoit des délais assez courts pour la mise en œuvre des principales mesures :
Les deux programmes phares, le PPTR (Programme spécial de promotion du tourisme religieux) et le PHRAS (Programme de hub régional aérien au Sénégal), seront mis en place sous 3 ans. C'est un délai ambitieux compte tenu de l'ampleur de ces programmes, surtout pour le PHRAS qui implique une coopération inter-états.

- La création des 4 hôtels médicaux spécialisés (HMS) est prévue sous 2 ans. Là aussi, le délai semble court vu les investissements et les compétences nécessaires pour de telles structures. Il faudra veiller à ne pas sacrifier la qualité à la rapidité.

- Les autres mesures comme la valorisation des côtes et plans d'eau, le développement de l'écotourisme et de l'agrotourisme seront mises en œuvre sous 2 ans également. C'est un calendrier volontariste mais qui paraît tenable si les études et la mobilisation des acteurs sont bien menées.

- Globalement, le projet affiche donc sa volonté d'aller vite pour redynamiser et diversifier le tourisme sénégalais. Néanmoins, certains délais, notamment pour les programmes les plus structurants comme le PHRAS et les HMS, mériteraient sans doute d'être un peu allongés (3 à 5 ans) pour se donner le temps d'une mise en œuvre réussie et pérenne.
Il sera essentiel de définir des priorités et un phasage clair des actions. Un suivi régulier de l'avancement sera aussi indispensable pour ajuster le cas échéant les délais. L'implication forte de tous les acteurs, publics et privés, locaux et internationaux, sera une condition clé pour tenir ces délais ambitieux.

Propositions

• Réaliser des études de faisabilité détaillées pour les différents volets (aménagements, HMS, PPTR, PHRAS) afin de préciser les business plans et lever les risques.

• Prévoir un volet formation pour développer les compétences locales nécessaires, notamment dans le médical pour les HMS et les métiers du tourisme pour accompagner le PPTR.

• Intégrer le digital dans la promotion et la mise en marché de ces nouvelles offres touristiques (balnéaire, médical, religieux, écotourisme...)

• Associer les populations locales dans la conception et la mise en œuvre de ces projets touristiques pour favoriser les retombées et l'appropriation.

• Prévoir un dispositif de suivi de la mise en œuvre du projet et d'évaluation des impacts économiques et sociaux.

En résumé, ce projet de redynamisation du tourisme apparaît pertinent et porteur mais gagnerait à être approfondi dans ses modalités opérationnelles et économiques. Une implication forte des acteurs locaux sera clé pour sa réussite.

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LE PROJET TOURISTIQUELa valorisation du patrimoine national, de la création artistique et littéraire

Le Patrimoine est, ici, compris comme la totalité des biens matériels et immatériels à préserver de la logique économique du marché. Ces biens et pratiques méritent une attention soutenue de l’État parce que relevant du domaine de souveraineté. Il permet d’amplifier toutes les valeurs de toutes les communautés sénégalaises pour insuffler une fierté d’appartenir à une plus grande communauté qu’est la République.

Ainsi, il est important de mettre en place certaines mesures pour valoriser le patrimoine culturel, la création artistique et littéraire.

• Nous mettrons en place une économie de la culture qui boosterait les secteurs du cinéma, des arts plastiques, de la littérature, de la danse, etc.

• Nous mettrons en place un fonds de soutien à la mobilité internationale des artistes pour permettre notamment aux talents émergents de se rendre dans des festivals, des biennales, des expositions, foires et salons en Afrique et dans le monde;

• Nous soutiendrons efficacement les industries et les entreprises culturelles dans la création, la production, la diffusion et l’archivage des œuvres par la mise en place de mécanismes de financement et le renforcement de ceux déjà existant : Fonds pour la Promotion de l’Industrie Cinématographique et Audiovisuelle (FOPICA), Fonds de Développement des Cultures Urbaines (FDCU), Fonds d’Aide à l’Edition, Fonds de soutien aux manifestations culturelles ;

• Nous lancerons un grand programme en faveur de la création de contenus culturels, numériques, en mettant l’accent, par exemple, d’une part sur les arts graphiques, photographiques et cinématographiques, et d’autre part sur les musiques traditionnelles et modernes ;

• Nous renforcerons les structures décentralisées (centres culturels régionaux) pour une meilleure couverture du territoire national ;

• Nous inciterons les collectivités locales à créer des centres socio-culturels dotés des bibliothèques communales et scolaires sur les fonds de dotation des communes et la coopération ;

• Nous encouragerons davantage, en lien avec l’enseignement supérieur, les Unités de Formation et de Recherches (UFR) ayant des sections artistiques et culturelles et accompagnerons le financement de la recherche scientifique notamment pour les fouilles archéologiques ;

• Nous travaillerons à la démocratisation de la culture à travers la décentralisation et l'érection de centres culturels régionaux équipés et fonctionnels.

Résultats attendus à la suite de l’application de ces mesures :

• Le renforcement des structures culturelles décentralisées et de centres socio-culturels dotés des bibliothèques dans les communes du Sénégal ;

• La mise en place de mécanismes de financement pour renforcer la participation des entreprises nationales dans la création, la production, la diffusion et l’archivage des œuvres ;

• Le renforcement de l’enseignement, la formation et la recherche scientifique dans les domaines liés à la culture et à la création artistique et littéraire.

Délai de réalisation des mesures clés :

• Toutes les mesures proposées seront mises en œuvre sous 2 ans.

DÉCRYPTAGE DU PROJET

Le projet de valorisation du patrimoine national, de la création artistique et littéraire proposé ici témoigne d'une réelle volonté politique de faire de la culture un levier de développement au Sénégal. Il présente de nombreux points forts, avec des mesures concrètes et un calendrier de mise en œuvre volontariste. Toutefois, certains aspects mériteraient d'être approfondis pour garantir la réussite de cette stratégie ambitieuse. C'est pourquoi il est intéressant d'analyser de façon plus détaillée les forces et les pistes d'amélioration de ce projet, ainsi que de formuler quelques propositions complémentaires.

Points forts

• Le projet reconnaît l'importance du patrimoine culturel matériel et immatériel comme relevant du domaine de souveraineté et méritant une attention soutenue de l'État. Cela montre une volonté politique de préserver et promouvoir l'identité culturelle sénégalaise.

• Plusieurs mesures concrètes sont proposées pour soutenir les industries culturelles et la création artistique : fonds de soutien à la mobilité des artistes, financement des entreprises culturelles, programme en faveur des contenus culturels numériques, etc. Cela devrait permettre de dynamiser l'économie de la culture.

• Le projet prévoit de renforcer les structures culturelles décentralisées et les centres socio-culturels dans les communes. C'est important pour démocratiser l'accès à la culture sur tout le territoire.

• Un délai de réalisation de 2 ans est fixé pour mettre en œuvre les mesures, ce qui montre un engagement à agir rapidement.

Points à approfondir

• Le financement du projet n'est pas détaillé. Il faudrait préciser les montants alloués et les sources de financement (budget de l'État, partenariats public-privé, coopération internationale...) pour s'assurer de la faisabilité des mesures.

• Les modalités de gouvernance et de mise en œuvre opérationnelle mériteraient d'être clarifiées : quels ministères et agences seront impliqués ? Comment assurer une coordination efficace ?

• L'articulation avec les autres politiques sectorielles comme le tourisme, l'éducation ou l'aménagement du territoire pourrait être renforcée. La culture a un impact transversal sur le développement.

• Si l'objectif d'un déploiement rapide des mesures est louable, le délai de 2 ans gagnerait à être nuancé et détaillé, au regard des enseignements tirés de précédents projets culturels au Sénégal. L'essentiel est de maintenir dans la durée l'engagement de l'Etat en faveur du patrimoine et de la création, au-delà de l'horizon 2 ans

Propositions

• Réaliser un état des lieux approfondi des forces et faiblesses des industries culturelles et créatives au Sénégal, avec des données chiffrées, pour mieux cibler les besoins.

• Associer davantage les acteurs culturels (artistes, entreprises, société civile) à l'élaboration et au suivi du projet, dans une démarche participative. Leur expertise de terrain est précieuse.

• Intégrer un volet formation pour renforcer les compétences des professionnels de la culture, notamment en gestion et en numérique.

• Développer les coopérations culturelles aux niveaux régional (Afrique de l'Ouest) et international, en tirant parti de la réputation du Sénégal comme modèle de démocratie et de stabilité.

Ce projet de valorisation du patrimoine et de la création artistique apparaît ambitieux et porteur pour le rayonnement culturel du Sénégal. Moyennant quelques approfondissements, il pourrait contribuer significativement au développement humain et économique du pays, la culture étant un facteur clé d'épanouissement et de créativité.

Il faut souligner que ce projet aurait également des retombées très positives sur le tourisme au Sénégal. En effet, le patrimoine culturel et la vitalité artistique d'un pays sont des atouts majeurs pour attirer les visiteurs internationaux en quête d'expériences authentiques et enrichissantes.

Les mesures prévues, comme la mise en valeur des sites historiques, le soutien aux festivals et manifestations culturelles, ou encore le développement de contenus numériques mettant en lumière les richesses du Sénégal, renforceraient l'image et l'attractivité de la destination.

La création de centres culturels régionaux et la démocratisation de l'accès à la culture sur tout le territoire permettraient aussi de développer un tourisme culturel plus diffus, au-delà des zones déjà très fréquentées comme Dakar ou la Petite Côte. Cela favoriserait un développement touristique plus équilibré et durable.

Par ailleurs, en stimulant la créativité et l'innovation dans les industries culturelles, ce projet contribuerait à renouveler l'offre touristique du Sénégal, avec des produits et services à forte valeur ajoutée. Cela permettrait de mieux se démarquer dans un marché régional très concurrentiel.

Le tourisme culturel est un segment en pleine croissance au niveau mondial, particulièrement prisé par les voyageurs aisés et éduqués. En faisant de la culture une priorité, le Sénégal se donnerait les moyens de capter cette clientèle à fort pouvoir d'achat, et d'accroître les recettes touristiques du pays.

Enfin, le tourisme et la culture peuvent se nourrir mutuellement dans un cercle vertueux : les retombées économiques du tourisme peuvent financer la préservation du patrimoine et soutenir la création artistique, qui en retour renforcent l'attractivité pour les visiteurs.

En résumé, le projet de valorisation du patrimoine et de la création artistique, en plus de ses bénéfices culturels et sociaux directs, aurait un impact très favorable sur le développement touristique du Sénégal. Il permettrait de diversifier l'offre, de monter en gamme, et de renforcer le positionnement du pays comme destination culturelle incontournable en Afrique.

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LE PROJET TOURISTIQUEL’artisanat un pilier important de notre politique de substitution des importations

L’artisanat est un secteur stratégique prometteur, considéré comme une alternative crédible à l’échec scolaire. Cependant, ce secteur fait face à des difficultés récurrentes notamment un manque de financement, ou encore de formation, une inadéquation des équipements des ateliers artisanaux et la pauvreté de ses acteurs principaux à savoir les artisans.

Ainsi, nous nous engageons à prendre des mesures hardies pour renforcer la compétitivité et la promotion des produits et services artisanaux.

• Nous adopterons les réformes inscrites dans le programme communautaire de l’UEMOA en matière d’artisanat ;

• Nous réviserons les textes statutaires, réglementaires et le cadre législatif qui organisent le secteur de l’artisanat ;

• Nous mettrons en place un fonds d’appui du secteur de l’Artisanat (FASA) d’un montant de 5 milliards par an pour le renforcement des capacités techniques et managériales des acteurs ainsi que la modernisation des outils de travail et l’innovation ;

• Nous intégrerons dans les procédures de la commande publique, l’obligation de faire appel à l’artisanat 100% « made in Sénégal » afin d’augmenter la part de marché des artisans dans la commande publique et de leur permettre de se formaliser ;

• Nous fusionnerons les agences intervenant autour du secteur de l’artisanat, comme l’Agence Nationale de la Maison de l’Outil (ANAMO) et l’Agence pour le Développement de l’Artisanat (APDA), et un contrat de performance sera signée la nouvelle entité ;

• Nous créerons des zones d’activités artisanales (ZODAR), des zones d’exposition et de commercialisation de produits artisanaux (ZECA) dans les 46 départements du pays ;

• Nous renforcerons les capacités techniques dans les 120 corps de métiers de l’artisanat par un système de formation, de perfectionnement soutenu et d’apprentissage pour leur permettre d’être plus compétitifs ;

• Nous soutiendrons la compétitivité des entreprises artisanales par la facilitation de l’accès au financement des équipements, du fonds de roulement voire de la promotion commerciale des produits et services ;

• Nous appliquerons une politique de formation et de perfectionnement professionnel par une articulation entre les systèmes formels et non formels et par l’élaboration de programmes concertés qui privilégient l’approche par compétence avec une démarche inclusive de tous les acteurs ;

• Nous systématiserons la valorisation des acquis de l’expérience (VAE) pour exploiter de façon optimal le capital humain dont dispose l’artisanat ;

• Nous favoriserons l’implantation de centres d’artisans locaux (regroupés en sociétés, GIE ou en coopératives), en rapport avec les chambres des métiers d’artisans spécialisés dans la réparation, l’entretien et la restauration de matériels agricoles.

Résultats attendus à la suite de l’application de ces mesures :

• L’amélioration du financement du secteur de l’artisanat afin de substituer une bonne partie des importations de biens mobiliers ;

• Le renforcement de la compétitivité et la promotion des produits et services artisanaux;

• Le développement d’infrastructures et d’équipements pour le secteur de l’artisanat;

• Le renforcement des capacités techniques et managériales des différents corps de métiers de l’artisanat.

Délai de réalisation des mesures clés :

La mise en place du FASA et la fusion des agences intervenant autour du secteur de l’artisanat seront effectives les six (06) premiers mois de notre mandat. Les autres mesures proposées seront mises en œuvre sous 2 ans.

DÉCRYPTAGE DU PROJET

Après avoir examiné les différentes mesures proposées dans ce projet de développement de l'artisanat au Sénégal, il convient maintenant d'en faire une analyse constructive. Cette analyse s'articulera autour de trois axes principaux : les points forts du projet qui méritent d'être soulignés, les aspects qui nécessitent d'être approfondis ou clarifiés, et enfin des propositions concrètes pour renforcer la pertinence et l'impact potentiel de cette politique artisanale ambitieuse. L'objectif est de contribuer à l'amélioration de ce projet afin qu'il puisse réellement jouer un rôle moteur dans la stratégie de substitution aux importations et de développement socio-économique du Sénégal.

Voici notre analyse du projet artisanal proposé, organisée autour des points forts, des points à approfondir et des propositions :

Points forts

• Le projet reconnaît l'importance stratégique de l'artisanat comme secteur prometteur pouvant contribuer à la substitution des importations. Il propose des mesures concrètes pour renforcer la compétitivité et la promotion des produits artisanaux locaux.

• La création d'un fonds d'appui dédié (FASA) doté de 5 milliards par an pour le renforcement des capacités et la modernisation des outils est une mesure forte pour soutenir le développement du secteur.

• L'intégration de l'artisanat dans la commande publique via une obligation de faire appel aux produits "made in Sénégal" est une bonne approche pour augmenter les débouchés des artisans.

• Le projet prévoit des actions de formation, de perfectionnement et de valorisation des acquis de l'expérience pour renforcer les compétences des artisans, ce qui est essentiel.

Points à approfondir

• Le projet gagnerait à mieux détailler la stratégie de substitution des importations visée spécifiquement via l'artisanat. Quels types de produits importés sont particulièrement ciblés ?

• La fusion des agences intervenant dans l'artisanat mérite d'être mieux expliquée et justifiée. En quoi permettra-t-elle une action plus efficace ?

• Le financement prévu, bien que conséquent, reste à préciser : clé de répartition entre les différents axes, mécanismes d'octroi, suivi-évaluation des appuis...

• L'articulation avec les autres politiques sectorielles (agriculture, industrie, commerce, tourisme...) pourrait être renforcée pour maximiser les synergies.

Propositions

• Réaliser un diagnostic approfondi de la demande en produits artisanaux (locale et export) pour mieux orienter les appuis vers les filières et produits à fort potentiel de substitution aux importations.

• Associer étroitement les organisations professionnelles d'artisans à la gouvernance du FASA et des autres dispositifs pour une meilleure appropriation.

• Prévoir un volet "innovation" conséquent pour encourager la créativité des artisans et le développement de nouveaux produits en phase avec les tendances des marchés.

• Mettre en place des incitations fiscales ciblées pour les entreprises s'approvisionnant en produits artisanaux locaux afin de stimuler la demande.

• Développer la formation en gestion et marketing pour renforcer les compétences entrepreneuriales des artisans, au-delà des aspects purement techniques.

Ce projet artisanal est pertinent et prometteur mais nécessite d'être affiné sur certains points pour en optimiser l'impact en termes de substitution aux importations et de développement du secteur. Une approche partenariale et des mesures incitatives ciblées seront des facteurs clés de succès.

Il est également important de souligner les retombées positives considérables que ce projet aura sur le tourisme au Sénégal. L'artisanat est en effet une composante essentielle de l'offre touristique, très appréciée des visiteurs en quête d'authenticité et de produits locaux typiques. En soutenant la qualité et la créativité des productions artisanales, ce projet contribuera à enrichir l'expérience des touristes et à renforcer l'image et l'attractivité de la destination Sénégal.

La création prévue de zones d'exposition et de vente dédiées à l'artisanat dans chaque département offrira de formidables vitrines aux savoir-faire locaux. Ces espaces favoriseront les interactions entre artisans et visiteurs, pour un tourisme plus immersif et porteur de sens.

De plus, le développement de l'artisanat va générer des emplois et des revenus au niveau local, y compris dans les zones rurales. Cela permettra une meilleure répartition des bénéfices du tourisme et renforcera son impact positif sur les populations.

Ainsi, en faisant de l'artisanat un pilier de sa stratégie touristique durable, le Sénégal se dote d'un puissant levier pour diversifier son offre, accroître son attractivité et optimiser les retombées socio-économiques du tourisme sur l'ensemble du territoire. La réussite de cette ambition nécessitera une approche intégrée et partenariale, associant étroitement les acteurs de l'artisanat et du tourisme, pour faire de ce projet un véritable catalyseur d'un tourisme à impact positif.

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LE PROJET TOURISTIQUEPour une éducation physique populaire et un sport compétitif, instrument de socialisation et vitrine diplomatique et touristique

L'aspect touristique n'a pas été développé dans ce point. Cependant, nous pensons que le sport de performance peut constituer une vitrine touristique importante pour le pays.

Le sport de performance représente une formidable opportunité pour promouvoir le tourisme au Sénégal. En accueillant des compétitions internationales majeures et en obtenant des résultats appréciables, notre pays peut bénéficier d'une visibilité mondiale et attirer de nombreux visiteurs.

Les grands événements sportifs ont en effet un impact économique significatif sur les destinations hôtes. Ils génèrent une augmentation du nombre de touristes, des nuitées d'hôtel et des dépenses dans les commerces locaux. Au-delà de l'événement en lui-même, les investissements réalisés en infrastructures sportives et en transports contribuent à renforcer durablement l'attractivité touristique du pays.

Le sport de haut niveau est aussi un vecteur d'image et de notoriété pour le Sénégal. Associer notre destination à des valeurs positives comme la performance, le dépassement de soi et le fair-play est un atout indéniable. Cela permet de nous démarquer et de susciter l'intérêt des voyageurs du monde entier.

Enfin, le tourisme sportif encourage l'activité physique et promeut un mode de vie sain, tant chez les visiteurs que dans la population locale. Voir des athlètes de classe mondiale peut inspirer les jeunes générations et les inciter à pratiquer davantage de sport.

En misant sur le sport de performance comme vitrine touristique, le Sénégal se donne les moyens de développer un tourisme durable, créateur de richesses et d'emplois. C'est un pari ambitieux mais qui en vaut la peine pour l'avenir de notre pays.

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PARTIE I. La décroissance touristique en Europe

A. Définition et origines du phénomène

La décroissance touristique en Europe est une approche visant à réduire intentionnellement et de manière contrôlée l'activité touristique dans certaines destinations. Cette tendance se développe en réponse à plusieurs facteurs :

1. Surtourisme

De nombreuses destinations européennes ont atteint un point de saturation où l'afflux massif de visiteurs dépasse la capacité d'accueil. Cela entraîne une détérioration de l'expérience touristique et de la qualité de vie des résidents locaux.

2. Pression environnementale

Le tourisme intensif contribue à la dégradation des écosystèmes, à l'augmentation des émissions de CO2 et à l'épuisement des ressources naturelles. Les destinations cherchent à réduire cette empreinte écologique.

3. Tensions sociales

Les communautés locales expriment de plus en plus leur mécontentement face à la gentrification, un processus par lequel des quartiers populaires sont transformés par l'arrivée de résidents plus aisés, entraînant une hausse des prix de l'immobilier et un changement de caractère du quartier. Ce phénomène contribue également à la perte de leur identité culturelle en raison du tourisme de masse.

4. Changement des mentalités

On observe une prise de conscience croissante chez les voyageurs et les autorités locales sur la nécessité d'un tourisme plus durable et responsable. Le tourisme durable vise à équilibrer les aspects économiques, sociaux et environnementaux de l'activité touristique, en cherchant à minimiser les impacts négatifs tout en maximisant les bénéfices pour les communautés locales et l'environnement. Le tourisme responsable, quant à lui, met l'accent sur les comportements individuels et collectifs des voyageurs et des acteurs du tourisme, encourageant des pratiques éthiques, respectueuses des cultures locales et de l'environnement, et visant à générer des retombées positives pour les destinations visitées. Cette évolution des mentalités reflète une volonté croissante de préserver les ressources naturelles et culturelles tout en assurant une expérience de voyage enrichissante et bénéfique pour tous les acteurs impliqués.

5. Mouvement en France et tendance européenne

Le concept de décroissance touristique gagne particulièrement du terrain en France, porté par des préoccupations environnementales et sociales grandissantes. Cette prise de conscience s'inscrit dans une dynamique plus large à l'échelle européenne, où de nombreuses destinations cherchent à repenser leur modèle touristique. L'objectif est de développer un tourisme plus durable et respectueux des communautés locales et de l'environnement, reflétant ainsi une évolution des mentalités qui dépasse les frontières nationales et influence la gestion de l'activité touristique dans toute l'Europe.

B. Principales destinations européennes concernées

Plusieurs destinations emblématiques d'Europe ont commencé à mettre en œuvre des mesures de décroissance touristique :

1. Venise (Italie)

La ville lutte contre le surtourisme en limitant l'accès des navires de croisière et en instaurant une taxe d'entrée pour les visiteurs à la journée.

2. Barcelone (Espagne)

La capitale catalane a gelé les licences pour les nouveaux hôtels dans le centre-ville et régule strictement les locations de courte durée pour préserver l'équilibre entre touristes et résidents.

3. Amsterdam (Pays-Bas)

La ville a mis en place des restrictions sur les Airbnb et cherche à réorienter son image touristique loin du tourisme festif, en promouvant des aspects culturels et historiques.

4. Dubrovnik (Croatie)

La cité médiévale limite le nombre de visiteurs quotidiens et de navires de croisière pour préserver son patrimoine historique et l'expérience des visiteurs.

5. Les îles Baléares (Espagne)

Ces îles ont introduit une taxe écologique et cherchent à promouvoir un tourisme hors saison pour mieux répartir les flux et réduire la pression pendant la haute saison.

C. Mesures mises en place (exemples concrets)

Les autorités locales et nationales ont déployé diverses stratégies pour gérer la décroissance touristique :

1. Limitation des flux

Instauration de quotas journaliers de visiteurs (comme dans les Cinque Terre en Italie) et restriction des croisières (Venise, Dubrovnik).

2. Régulation de l'hébergement

Contrôle strict des locations de courte durée et suspensions temporaires sur les nouveaux hôtels (Barcelone, Amsterdam) pour préserver le marché immobilier local.

3. Taxation

Introduction de taxes touristiques ou écologiques pour financer la préservation des sites et les infrastructures locales (Baléares, Venise).

4. Diversification de l'offre

Promotion de quartiers moins connus et d'activités hors des sentiers battus pour décongestionner les zones saturées et répartir les bénéfices économiques.

5. Campagnes de sensibilisation

Education des visiteurs sur le comportement responsable et le respect des communautés locales pour minimiser l'impact négatif du tourisme.

6. Technologies intelligentes

Utilisation de données en temps réel pour gérer les flux touristiques et informer les visiteurs (par exemple, l'application "Enjoy Respect Venice").

D. Impacts sur les flux touristiques internationaux

La décroissance touristique en Europe a des répercussions significatives sur les flux touristiques internationaux :

1. Redistribution géographique

Les voyageurs se tournent vers des destinations alternatives, moins saturées, au sein de l'Europe ou dans d'autres régions du monde.

2. Changement des habitudes de voyage

Emergence d'un tourisme plus lent, plus long et plus immersif, privilégiant la qualité à la quantité. Les voyageurs cherchent des expériences plus authentiques et durables.

3. Saisonnalité modifiée

Efforts pour étaler les visites sur l'année, réduisant les pics saisonniers intenses et favorisant un tourisme plus équilibré tout au long de l'année.

4. Nouveaux segments de marché

Croissance du tourisme durable, de l'écotourisme et du tourisme expérientiel, attirant des voyageurs plus conscients de leur impact.

5. Ajustement de l'industrie

Les tour-opérateurs et les compagnies aériennes adaptent leurs offres pour refléter ces nouvelles tendances, proposant des voyages plus responsables et durables.

6. Impact économique

Possible baisse des revenus à court terme dans certaines destinations, mais potentiel d'un tourisme plus durable et qualitatif à long terme, offrant une meilleure valeur ajoutée.

La décroissance touristique en Europe, bien que présentant des défis, ouvre également des opportunités pour d'autres destinations comme le Sénégal, qui peuvent se positionner comme alternatives durables et authentiques. La redistribution des flux touristiques internationaux pourrait bénéficier aux pays capables d'offrir des expériences uniques tout en évitant les écueils du tourisme de masse. Face aux restrictions et à la saturation de certaines destinations européennes populaires, les voyageurs cherchent de nouvelles options à travers le monde. Cette tendance favorise l'émergence de pays ou régions moins connus ou moins développés sur le plan touristique, qui peuvent désormais attirer davantage de visiteurs. De plus, on observe une évolution des comportements, avec une préférence pour des séjours plus longs dans des lieux moins fréquentés, plutôt que des visites brèves dans des sites très touristiques. Pour comprendre comment le Sénégal pourrait bénéficier de cette situation, il est essentiel d'examiner en détail l'état actuel de son secteur touristique. Dans la partie suivante, nous dresserons un état des lieux du tourisme au Sénégal, en explorant son histoire, ses atouts, ses défis et les politiques gouvernementales en place.

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PARTIE II. Le secteur touristique au Sénégal : état des lieux

A. Bref historique du tourisme sénégalais

Le tourisme au Sénégal a débuté véritablement dans les années 1970, principalement axé sur le tourisme balnéaire. Le pays a rapidement émergé comme une destination attractive en Afrique de l'Ouest, bénéficiant de sa stabilité politique, de ses plages et de sa proximité relative avec l'Europe.

L'évolution peut être divisée en trois périodes principales :

1970-1980 : Cette décennie marque le début du développement touristique, concentré principalement sur deux régions : la Petite Côte et la Casamance. Ces zones ont été choisies pour leurs atouts naturels, notamment les plages.

1980-2000 : Cette période est caractérisée par une diversification progressive de l'offre touristique. On voit l'émergence du tourisme d'affaires, du tourisme culturel et de l'écotourisme, élargissant ainsi l'attrait du pays au-delà du simple tourisme balnéaire.

2000-2020 : Ces deux décennies sont marquées par des efforts de modernisation et d'expansion du secteur. Le gouvernement et les acteurs privés ont investi dans les infrastructures et le marketing international pour renforcer la position du Sénégal sur le marché touristique mondial.

B. Atouts touristiques du pays (naturels, culturels, historiques)

Le Sénégal dispose d'une variété remarquable d'attractions touristiques, qui peuvent être classées en quatre catégories principales :

1. Atouts naturels

• 700 km de côtes avec des plages de sable fin, offrant de nombreuses possibilités pour le tourisme balnéaire.
• Plusieurs parcs nationaux, dont le Niokolo-Koba, le Djoudj et la Langue de Barbarie, qui attirent les amateurs de nature et de faune.
• Le delta du Saloum, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, un écosystème unique de mangroves et d'îles.
• Les régions naturelles de la Casamance et de Kédougou, offrant des paysages variés et une biodiversité riche.
• Une diversité de paysages allant des zones sahéliennes aux mangroves, permettant une variété d'expériences écotouristiques.

2. Atouts culturels

• Une grande diversité ethnique (Wolof, Sérère, Peul, Diola, etc.), chaque groupe ayant ses propres traditions et coutumes.
• Une scène musicale et de danse, avec des styles comme le mbalax, le sabar et l'ekonkon.
• Des festivals et des cérémonies traditionnelles uniques qui attirent les touristes culturels.
• Un artisanat riche, incluant le tissage, la bijouterie et la sculpture.
• Une gastronomie locale renommée, avec des plats comme le thiéboudienne inscrit au patrimoine culturel immatériel de l'humanité par l'UNESCO, le yassa et le c'bon.

3. Atouts historiques

• L'île de Gorée, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, un symbole poignant de la traite négrière et un lieu de mémoire important.
• La ville coloniale de Saint-Louis, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, offrant un aperçu de l'architecture et de l'histoire coloniale.
• Divers vestiges coloniaux et sites préhistoriques répartis dans le pays.

4. Autres atouts

• Un climat favorable toute l'année, permettant un tourisme deux saisons.
• La proximité avec l'Europe (environ 5 heures de vol), facilitant l'accès pour les touristes européens.
• La réputation d'hospitalité du Sénégal, connue sous le nom de "teranga sénégalaise".
• Une stabilité politique et sécurité, rassurante pour les visiteurs.

C. Défis actuels du secteur

Malgré ses nombreux atouts, le secteur touristique sénégalais fait face à plusieurs défis :

1. Infrastructures

• La qualité des hébergements et des services est inégale, ce qui peut affecter l'expérience des visiteurs.
• Le réseau routier nécessite des améliorations, particulièrement en dehors des grandes villes, pour faciliter l'accès aux sites touristiques.
• Certaines régions à fort potentiel touristique manquent d'infrastructures adéquates.

2. Formation

• Il y a un besoin de renforcer les compétences dans l'hôtellerie et la restauration pour améliorer la qualité des services.
• Les compétences linguistiques des professionnels du tourisme doivent être améliorées pour mieux servir une clientèle internationale.

3. Concurrence régionale

• Le Sénégal fait face à une forte compétition de la part de destinations voisines comme le Maroc, la Tunisie et le Cap-Vert.
• Il y a un besoin de se différencier et de mettre en valeur l'unicité de l'offre sénégalaise pour attirer les touristes.

4. Saisonnalité

• L'activité touristique est concentrée sur certaines périodes de l'année, créant des pics et des creux dans l'économie touristique.
• Il est nécessaire de développer des offres attractives pour la basse saison afin de répartir l'activité sur l'année.

5. Durabilité

• Certaines zones touristiques subissent une pression sur leurs ressources naturelles due à l'afflux de visiteurs.
• Il est important d'intégrer davantage les communautés locales dans le développement touristique pour assurer sa durabilité.

6. Image et promotion

• Le Sénégal doit faire face à une perception parfois négative de l'Afrique en général par certains touristes potentiels.
• Il y a un besoin d'une stratégie de communication plus efficace à l'international pour promouvoir la destination.

D. Politique touristique actuelle du gouvernement

Le gouvernement sénégalais a fait du tourisme une priorité dans sa stratégie de développement économique. Les principales orientations de la politique touristique actuelle, en attendant la réactualisation du PROJET - pour un Sénégal souverain, juste et prospère du nouveau régime, sont :

1. Diversification de l'offre

• Promotion du tourisme d'affaires et de conférences pour attirer une clientèle à plus haute valeur ajoutée.
• Développement de l'écotourisme et du tourisme culturel pour capitaliser sur les atouts naturels et culturels du pays.
• Valorisation des sites historiques et naturels moins connus pour répartir les flux touristiques.

2. Amélioration des infrastructures

• Modernisation des aéroports pour faciliter l'accès au pays et améliorer la connectivité interne.
• Développement du réseau routier, notamment vers les sites touristiques moins accessibles.
• Encouragement des investissements dans l'hôtellerie de qualité pour améliorer l'offre d'hébergement.

3. Formation et emploi

• Renforcement des écoles de formation aux métiers du tourisme pour améliorer la qualité des services.
• Mise en place de programmes de formation continue pour les professionnels du secteur.

4. Marketing et promotion

• Création de la marque "Destination Sénégal" pour renforcer l'identité touristique du pays.
• Participation accrue aux salons internationaux du tourisme pour augmenter la visibilité du Sénégal.
• Développement d'une stratégie de marketing digital pour atteindre de nouveaux marchés.

5. Durabilité

• Mise en place de normes environnementales pour les établissements touristiques.
• Encouragement des pratiques de tourisme responsable pour préserver les ressources naturelles et culturelles.

6. Facilitation

• Simplification des procédures de visa pour certains pays cibles dont les ressortissants sont soumis à l'obligation de visa, afin d'encourager les visites.
• Amélioration de l'accueil dans les aéroports et aux frontières pour donner une première impression positive.

7. Partenariats

• Renforcement de la collaboration avec le secteur privé pour le développement touristique.
• Développement de partenariats internationaux pour la promotion de la destination Sénégal.

Le secteur touristique sénégalais se trouve à un moment crucial de son développement. Malgré des atouts indéniables et un potentiel important, le pays doit relever efficacement les défis auxquels il est confronté. La mise en œuvre réussie de la politique touristique actuelle, combinée à une approche durable et inclusive du développement touristique, pourrait permettre au Sénégal de devenir une destination majeure en Afrique et de bénéficier des opportunités offertes par l'évolution du marché touristique mondial.

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PARTIE III. Opportunités pour le Sénégal dans le contexte de la décroissance touristique européenne

La décroissance touristique en Europe offre au Sénégal une occasion unique de se repositionner sur le marché touristique international. Voici les principales opportunités qui se présentent au pays :

A. Repositionnement comme destination alternative

1. Attrait pour les voyageurs en quête d'authenticité

• Le Sénégal peut se positionner comme une destination offrant des expériences authentiques et moins commercialisées, en mettant en avant ses traditions ancestrales, ses villages ruraux préservés et ses modes de vie uniques.
• L'hospitalité sénégalaise (teranga) peut être mise en avant comme un atout distinctif, en proposant des séjours chez l'habitant, des repas partagés avec les familles locales et des échanges culturels approfondis.

2. Destination moins saturée

• Contrairement à certaines destinations européennes surpeuplées, le Sénégal peut offrir des espaces moins encombrés et une expérience plus sereine.
• Possibilité de mettre en valeur des sites naturels et culturels préservés.

3. Rapport qualité-prix attractif

• Le Sénégal peut offrir des expériences de haute qualité à des prix compétitifs par rapport aux destinations européennes, en proposant des hébergements de charme, des excursions guidées personnalisées et des activités culturelles uniques à des tarifs abordables.
• Opportunité de cibler les voyageurs à la recherche d'un meilleur rapport qualité-prix en mettant l'accent sur la richesse des expériences proposées plutôt que sur le luxe ostentatoire.

B. Développement d'un tourisme durable et responsable

1. Ecotourisme

• Valorisation des parcs nationaux et réserves naturelles (Niokolo-Koba, Djoudj; etc.).
• Développement de circuits de découverte de la biodiversité sénégalaise.

2. Tourisme communautaire

• Création d'expériences d'immersion dans les communautés locales.
• Développement de projets touristiques gérés par les populations locales.

3. Préservation culturelle

• Mise en place de programmes de tourisme culturel respectueux des traditions.
• Valorisation de l'artisanat local et des savoir-faire traditionnels.

4. Initiatives écologiques

• Développement d'hébergements éco-responsables utilisant des matériaux locaux, des énergies renouvelables et des systèmes de gestion de l'eau et des déchets innovants.
• Promotion de pratiques touristiques à faible impact environnemental, telles que l'utilisation de moyens de transport doux (vélo, pirogue, marche), la limitation du plastique à usage unique et la sensibilisation des visiteurs à la protection de l'environnement.

C. Ciblage de nouveaux segments de marché

1. Touristes éthiques et responsables

• Attirer les voyageurs soucieux de leurs effets sur l'environnement et les communautés locales.
• Développer des offres axées sur le volontourisme et le tourisme solidaire, telles que des programmes d'enseignement, de construction d'infrastructures communautaires ou de protection de l'environnement, en partenariat avec des ONG locales.

2. Digital nomads et travailleurs à distance

• Création d'infrastructures adaptées au travail à distance (espaces de coworking, connexion internet fiable).
• Promotion de séjours de longue durée combinant travail et découverte.

3. Tourisme de bien-être

• Développement d'offres axées sur la relaxation, la méditation et les pratiques de bien-être traditionnelles.
• Valorisation des espaces naturels propices à la détente et au ressourcement.

4. Tourisme sportif et d'aventure

• Promotion d'activités telles que le surf, la plongée, le trekking dans les parcs nationaux.
• Organisation d'événements sportifs internationaux pour attirer une clientèle active.

D. Diversification de l'offre touristique

1. Tourisme culturel approfondi

• Création de circuits thématiques autour de l'histoire, de la musique, de la danse et de l'art sénégalais, incluant des visites privées d'ateliers d'artistes, des masterclass de percussion avec des griots renommés, ou des reconstitutions historiques sur l'île de Gorée.
• Développement d'expériences immersives dans les festivals et célébrations traditionnelles, permettant aux visiteurs de participer activement à la préparation et au déroulement d'événements comme le Fanal de Saint-Louis ou le Kankurang de Casamance.

2. Tourisme gastronomique

• Mise en valeur de la cuisine sénégalaise à travers des cours de cuisine, des visites de marchés et des dégustations.
• Création de routes gastronomiques mettant en avant les spécialités régionales.

3. Tourisme éducatif

• Programmes d'apprentissage de langues locales, comme des séjours linguistiques d'immersion en wolof ou en sérère, combinant cours formels et pratique quotidienne avec des familles d'accueil.
• Séjours d'études sur l'histoire, l'environnement ou la culture sénégalaise, en partenariat avec des universités locales, offrant des crédits académiques et des opportunités de recherche sur le terrain.

4. Tourisme de santé

• Développement de centres de soins traditionnels et de bien-être, alliant médecine traditionnelle sénégalaise et techniques modernes, sous supervision médicale.
• Promotion de la médecine traditionnelle sénégalaise dans un cadre contrôlé et sécurisé, avec des consultations de guérisseurs certifiés et des cures utilisant des plantes médicinales locales.

5. Tourisme religieux et spirituel

• Valorisation des sites religieux importants en créant des parcours guidés multiconfessionnels, incluant la Grande Mosquée de Touba, la Cathédrale du Souvenir Africain à Dakar..., et les lieux de culte animistes en Casamance.
• Création de circuits de pèlerinage et de retraites spirituelles, comme des séjours dans des monastères, des participations aux grandes célébrations confrériques, ou des initiations aux pratiques spirituelles traditionnelles.

6. Tourisme d'affaires et MICE

• Développement d'infrastructures pour accueillir des conférences et événements internationaux, telles que des centres de congrès ultramodernes, des hôtels avec salles de réunion high-tech, et des lieux de réception uniques (îles privées, lodges dans la brousse).
• Promotion de Dakar comme hub d'affaires pour l'Afrique de l'Ouest, en mettant en avant sa connectivité internationale, sa stabilité politique et ses opportunités d'investissement, tout en proposant des programmes "bleisure" combinant affaires et découverte du pays.

Ces opportunités permettent au Sénégal de se positionner comme une alternative attrayante aux destinations européennes saturées. En capitalisant sur ses atouts naturels, culturels et humains, le pays peut attirer une clientèle diversifiée et plus consciente, en quête d'expériences authentiques et durables.

Pour réussir ce repositionnement, le Sénégal devra adopter une approche stratégique, en investissant dans la qualité de ses infrastructures et services, en formant sa main-d'œuvre, et en mettant en place des politiques de développement touristique responsables et inclusives. Cette transition vers un modèle touristique plus durable et diversifié pourrait non seulement bénéficier à l'économie du pays, mais aussi contribuer à la préservation de son patrimoine naturel et culturel pour les générations futures.

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PARTIE IV. Stratégies pour exploiter ces opportunités

Pour tirer pleinement parti des opportunités offertes par la décroissance touristique européenne, le Sénégal doit mettre en place des stratégies cohérentes et innovantes. Voici un développement détaillé des actions à entreprendre :

A. Investissement dans les infrastructures et la formation

1. Modernisation des infrastructures touristiques

• Rénovation et mise aux normes internationales des hôtels existants.
• Construction d'écolodges et d'hébergements durables dans les zones à fort potentiel écotouristique.
• Amélioration des infrastructures de transport (routes, aéroports régionaux, liaisons maritimes) pour faciliter l'accès aux sites touristiques.

2. Développement des technologies

• Déploiement de la fibre optique et de la 5G dans les zones touristiques pour répondre aux besoins des digital nomads.
• Mise en place de solutions de paiement mobile et de billetterie électronique pour les attractions touristiques.
Cette stratégie s'inscrit dans les efforts de développement technologique du secteur touristique sénégalais.
Concernant les solutions de paiement mobile, l'objectif est de permettre aux touristes d'effectuer des transactions pour des services ou des produits directement via leur smartphone. Cela implique l'intégration de services internationaux comme Apple Pay et Google Pay, mais aussi de solutions de paiement mobile populaires au Sénégal. Cette approche vise à simplifier les transactions pour les visiteurs en réduisant la nécessité de transporter de l'argent liquide.
Quant à la billetterie électronique, elle a pour but de remplacer les billets physiques traditionnels par des versions numériques pour les attractions touristiques. Les visiteurs auraient ainsi la possibilité d'acheter et de conserver leurs billets directement sur leur téléphone portable. Cette initiative pourrait se concrétiser par l'utilisation de codes QR ou de billets numériques pouvant être scannés à l'entrée des sites touristiques.
Ces innovations technologiques visent à moderniser et à fluidifier l'expérience touristique au Sénégal, la rendant plus pratique et attrayante pour les visiteurs internationaux habitués à ces commodités dans d'autres destinations.
• Création d'applications mobiles pour la découverte interactive des sites culturels et naturels.

3. Formation professionnelle

• Refonte complète des curricula des écoles hôtelières pour intégrer des modules approfondis sur le tourisme durable, l'innovation dans l'hospitalité, et les compétences numériques essentielles au secteur touristique moderne.
• Mise en place de programmes de formation continue obligatoires pour tous les professionnels du tourisme, couvrant l'excellence dans l'accueil client, la maîtrise des langues étrangères, et les pratiques du tourisme durable et responsable.
• Etablissement de partenariats stratégiques avec des écoles de tourisme de renommée internationale, permettant des échanges d'étudiants semestriels, des programmes de double diplôme, et des sessions de formation croisée pour les enseignants.

4. Sensibilisation des communautés locales

• Organisation de campagnes d'information extensives dans toutes les régions du pays, utilisant divers médias (radio, télévision, réseaux sociaux) pour éduquer sur les opportunités économiques et sociales offertes par le tourisme durable.
• Mise en place de programmes de formation pratique pour les communautés locales, couvrant tous les aspects de la gestion de projets touristiques communautaires, de la conception à la commercialisation en passant par la gestion financière et opérationnelle.
• Création d'un réseau national de mentorat mettant en relation des professionnels expérimentés du tourisme avec de jeunes entrepreneurs locaux, offrant un accompagnement personnalisé sur une période de deux ans pour chaque projet touristique communautaire.

B. Marketing ciblé et renforcement de la présence digitale

1. Stratégie de marque pays

• Développement d'une identité de marque "Destination Sénégal" puissante et cohérente, s'appuyant sur des études de marché approfondies et l'expertise d'agences de branding internationales. Cette marque mettra en avant l'authenticité des expériences, l'engagement envers le tourisme durable, et la richesse culturelle et naturelle du pays.
• Création de sous-marques distinctes et complémentaires, chacune avec son propre positionnement et sa propre identité visuelle : "Éco-Sénégal" pour les expériences nature et conservation, "Culture-Sénégal" pour le patrimoine historique et les traditions vivantes, et "Aventure-Sénégal" pour les activités sportives et les découvertes hors des sentiers battus.
• Elaboration d'une charte graphique exhaustive et d'un guide de storytelling détaillé, assurant une cohérence parfaite dans toutes les communications touristiques, des brochures aux campagnes digitales en passant par la signalétique sur le terrain.

2. Marketing digital

• Conception et lancement d'un site web officiel du tourisme sénégalais à la pointe de la technologie, offrant une expérience utilisateur immersive avec des fonctionnalités avancées comme la planification d'itinéraires personnalisés, des visites virtuelles 360°, et un système de réservation intégré pour les hébergements et activités.
• Mise en place d'une stratégie de marketing d'influence élaborée, impliquant des partenariats à long terme avec des créateurs de contenu internationaux reconnus dans le domaine du voyage durable. Ces influenceurs seront invités à vivre et à documenter des expériences authentiques au Sénégal sur plusieurs semaines.
• Déploiement d'une stratégie de contenu organique et payant sur les principales plateformes de réseaux sociaux, avec des contenus adaptés à chaque plateforme : stories Instagram immersives, vidéos longues sur YouTube, contenus éducatifs sur LinkedIn, et engagement communautaire sur Facebook et Twitter.

3. Contenu immersif

• Production de visites virtuelles 360° haute définition pour tous les sites touristiques majeurs, permettant aux utilisateurs de naviguer librement et d'accéder à des informations détaillées sur des points d'intérêt spécifiques.
• Réalisation d'une série de documentaires de haute qualité, en collaboration avec des producteurs nationaux et internationaux renommés, mettant en lumière différents aspects de la culture, de l'histoire et de la nature sénégalaises. Ces documentaires seront diffusés sur des plateformes de streaming internationales.
• Développement d'applications de réalité augmentée spécifiques pour les principaux sites historiques, permettant aux visiteurs de visualiser les reconstitutions historiques, d'accéder à des explications détaillées, et d'interagir avec des personnages virtuels de différentes époques.

4. Ciblage des marchés

• Conduite d'études de marché approfondies dans les principaux pays émetteurs potentiels (France, Allemagne, Espagne, Royaume-Uni, Etats-Unis, Canada, Chine, Japon...) pour identifier précisément les segments de clientèle les plus prometteurs et leurs attentes spécifiques.
• Participation stratégique aux salons du tourisme international les plus influents, avec un stand innovant mettant l'accent sur l'expérience immersive et les pratiques durables du Sénégal. Organisation d'événements parallèles exclusifs pour les professionnels du tourisme responsable.
• Mise en place d'un programme annuel de voyages de presse et d'éductours ciblés, invitant des journalistes spécialisés, des influenceurs, et des agents de voyages clés à découvrir des itinéraires thématiques spécifiquement conçus pour mettre en valeur la diversité et l'authenticité de l'offre touristique sénégalaise.

C. Partenariats stratégiques (tour-opérateurs, compagnies aériennes)

1. Collaboration avec les tour-opérateurs

• Elaboration d'un programme de formation en ligne certifiant "Sénégal Expert" pour les agents de voyages étrangers, comprenant des modules interactifs sur l'histoire, la culture, la géographie, et les pratiques touristiques durables du pays. Les agents ayant réussi la formation bénéficieront d'avantages exclusifs.
• Conception, en collaboration avec des tour-opérateurs spécialisés dans le voyage durable, de packages thématiques exclusifs couvrant des niches spécifiques comme l'écotourisme, le tourisme culturel immersif, ou le volontourisme, avec un accent particulier sur les expériences authentiques et l'impact positif sur les communautés locales.
• Mise en place d'un système de certification "Sénégal Expert" pour les agences de voyages internationales, comprenant des critères stricts en termes de connaissance du pays, de promotion du tourisme durable, et de volume de ventes. Les agences certifiées bénéficieront d'un support marketing renforcé et d'un accès privilégié aux nouveaux produits touristiques.

2. Partenariats aériens

• Négociations approfondies avec les principales compagnies aériennes desservant l'Afrique de l'Ouest pour augmenter significativement la fréquence des vols directs depuis les grandes villes européennes et nord-américaines, avec des incitations fiscales et des garanties de remplissage pour les nouvelles liaisons.
• Développement d'un programme de fidélité conjoint entre la compagnie aérienne nationale et un large éventail d'acteurs touristiques sénégalais (hôtels, restaurants, attractions), permettant aux voyageurs d'accumuler et d'utiliser des points sur l'ensemble de leur séjour.
• Création de forfaits "stopover" attractifs en partenariat avec les principales compagnies aériennes, offrant aux passagers en transit long des mini-séjours de 1 à 3 jours incluant l'hébergement, les transferts, et des visites guidées des principaux sites de Dakar et ses environs.

3. Alliances régionales

• Développement de circuits multi-pays innovants et complets, intégrant le Sénégal avec ses voisins comme la Gambie, le Mali, et la Guinée-Bissau. Ces circuits thématiques (par exemple, "Route des empires ouest-africains" ou "Biodiversité du Sahel à l'océan") offriront des expériences variées et approfondies, mettant en valeur les atouts uniques de chaque pays.
• Participation active et leadership dans des initiatives touristiques régionales, telles que la création d'une marque touristique commune pour l'Afrique de l'Ouest. Cette démarche visera à positionner la région comme une destination globale attractive, capable de rivaliser avec d'autres régions touristiques mondiales.
• Mise en place d'un pass touristique régional, similaire au pass Schengen en Europe, facilitant les déplacements entre pays pour les touristes. Ce pass inclura des procédures de déplacement simplifiées, des réductions sur les transports inter-états, et des offres spéciales dans les établissements touristiques participants à travers la région.

4. Collaborations intersectorielles

• Etablissement de partenariats stratégiques avec des marques de mode éthique internationales renommées pour co-créer des collections s'inspirant de l'artisanat sénégalais. Ces collaborations incluront des programmes de formation pour les artisans locaux et des campagnes de marketing conjointes mettant en valeur le savoir-faire sénégalais.
• Organisation d'un festival gastronomique annuel d'envergure internationale, en collaboration avec des chefs étoilés et des influenceurs culinaires. Cet événement mettra en lumière la cuisine sénégalaise, ses ingrédients uniques et ses techniques traditionnelles, tout en les réinventant dans un contexte contemporain.
• Création de programmes de tourisme de conservation en partenariat avec des ONG environnementales de renommée mondiale. Ces programmes permettront aux visiteurs de participer activement à des projets de recherche et de conservation, notamment dans les parcs nationaux et les réserves marines du Sénégal.

D. Amélioration de l'accessibilité (liaisons aériennes, procédures d'entrée)

1. Optimisation des liaisons aériennes

• Investissement dans une flotte d'avions régionaux modernes et efficaces pour développer un réseau de vols intérieurs fiable et fréquent, reliant toutes les principales destinations touristiques du pays. Cette initiative inclura la modernisation des aéroports régionaux pour accueillir ces nouveaux appareils.
• Mise en place de services de navettes aériennes régulières et abordables vers les attractions touristiques éloignées, comme Kédougou (pour le Parc national du Niokolo-Koba ou le Pays Bassari), avec des horaires coordonnés avec les vols internationaux arrivant à Dakar.

2. Simplification des procédures d'entrée

• Extension du système de e-visa pour faciliter l'entrée au Sénégal des ressortissants des pays soumis à l'obligation de visa. Cette mesure s'applique exclusivement aux voyageurs dont le pays d'origine ne bénéficie pas d'un accord d'exemption de visa avec le Sénégal. Une plateforme en ligne intuitive sera mise en place, permettant à ces voyageurs d'obtenir leur visa en moins de 24 heures. Ce système ciblera notamment les touristes provenant de nombreux pays asiatiques, certains pays d'Amérique latine et d'Europe de l'Est, pour lesquels l'obtention d'un visa était auparavant plus complexe. L'objectif est de simplifier considérablement le processus, en éliminant la nécessité de se rendre dans une ambassade ou un consulat. De plus, ce système sera intégré avec les principales compagnies aériennes pour une vérification pré-embarquement, permettant aux voyageurs de confirmer la validité de leur e-visa avant même de quitter leur pays d'origine. Cette approche vise à encourager les visites spontanées et à réduire les obstacles administratifs pour les touristes potentiels, tout en maintenant un contrôle efficace des entrées sur le territoire sénégalais.
• Mise en place d'un système de fast-track automatisé dans les aéroports internationaux, utilisant la biométrie pour les touristes ayant réservé des packages premium. Ce service inclura une assistance personnalisée et un passage prioritaire à toutes les étapes, du contrôle des passeports à la récupération des bagages. Les voyageurs bénéficieront d'une file d'attente dédiée aux formalités d'entrée, d'un traitement accéléré de leurs documents de voyage, et d'un accompagnement VIP tout au long de leur parcours dans l'aéroport. Ce système vise à offrir une expérience fluide et sans stress dès l'arrivée, renforçant ainsi l'attrait des offres touristiques haut de gamme du Sénégal.
• Lancement d'un visa spécial "digital nomad" valable jusqu'à un an, permettant aux travailleurs à distance de séjourner et de travailler légalement au Sénégal. Ce visa sera accompagné d'avantages tels que l'accès à des espaces de coworking et des réductions sur les hébergements longue durée.

3. Amélioration des transports terrestres

• Création d'un réseau de bus touristiques de luxe climatisés, équipés de Wi-Fi et de guides audio multilingues, reliant les principales attractions touristiques selon des itinéraires soigneusement planifiés et des horaires réguliers.
• Etablissement de partenariats avec des constructeurs automobiles pour introduire une flotte de véhicules électriques en location dans les principales zones touristiques. Installation de bornes de recharge solaires dans les hôtels et les sites touristiques majeurs pour soutenir cette initiative.
• Aménagement de pistes cyclables sécurisées et bien entretenues dans les villes touristiques, accompagné d'un système de vélos en libre-service avec options électriques. Cette initiative sera complétée par la création d'itinéraires cyclables thématiques pour explorer les environs de chaque destination.

4. Signalétique et information

• Déploiement d'une signalétique touristique moderne, claire et cohérente dans tout le pays, utilisant des pictogrammes universels et des informations en plusieurs langues (français, anglais, espagnol...). Intégration de codes QR sur les panneaux pour accéder à des informations détaillées en ligne.
• Création de centres d'information touristique high-tech dans toutes les villes et sites d'intérêt majeurs, équipés de bornes interactives, d'écrans tactiles géants pour la planification d'itinéraires, et de personnel multilingue formé pour offrir des conseils personnalisés.
• Développement d'une application mobile officielle complète du tourisme sénégalais, offrant des informations en temps réel sur les attractions, les événements, les transports et la météo. L'application inclura des fonctionnalités de réalité augmentée pour la découverte des sites, des recommandations personnalisées basées sur les préférences de l'utilisateur, et un chat en direct avec des conseillers touristiques locaux.

E. Développement de l'écotourisme et du tourisme communautaire

1. Création de corridors écotouristiques

• Développement de circuits écotouristiques interconnectés, reliant les différents parcs nationaux et réserves naturelles du Sénégal. Ces corridors seront conçus pour minimiser l'impact environnemental tout en maximisant les opportunités d'observation de la faune et de la flore. Ils incluront des sentiers pédestres balisés, des pistes cyclables, et des points d'observation stratégiquement placés.
• Construction d'observatoires de la faune et de la flore de pointe, intégrés dans le paysage et gérés par les communautés locales formées en biologie et en accueil touristique. Ces observatoires seront équipés de technologies d'observation non invasives (caméras thermiques, microphones directionnels) et proposeront des programmes de recherche participative pour les visiteurs.
• Aménagement d'un réseau étendu de sentiers de randonnée balisés dans les zones naturelles d'intérêt, avec différents niveaux de difficulté. Chaque sentier sera doté de panneaux d'information détaillés sur l'écosystème local, et d'applications mobiles complémentaires offrant des guides audio et des informations en réalité augmentée sur la faune et la flore rencontrées.

2. Tourisme communautaire

• Soutien financier et technique à la création de campements ruraux et de maisons d'hôtes authentiques gérés par les villageois. Ce programme inclura une formation complète en gestion hôtelière, marketing digital, et accueil interculturel, ainsi qu'un accompagnement sur le long terme pour assurer la viabilité des projets.
• Développement de circuits d'artisanat immersifs permettant aux visiteurs non seulement d'observer, mais aussi d'apprendre et de pratiquer les techniques artisanales traditionnelles sous la tutelle de maîtres artisans locaux. Ces expériences seront proposées sur des durées variables, d'une demi-journée à plusieurs semaines.
• Mise en place d'un système transparent et équitable de partage des bénéfices du tourisme avec les communautés locales. Ce système inclura des mécanismes de redistribution directe des revenus touristiques, des fonds de développement communautaire, et des programmes de formation et d'emploi prioritaires pour les résidents locaux.

3. Certification et labellisation

• Création d'un label "Ecotourisme Sénégal" rigoureux et reconnu internationalement, avec des critères stricts couvrant la gestion environnementale, l'impact social positif, et la qualité de l'expérience touristique. Ce label sera attribué après un audit approfondi et nécessitera une recertification régulière.
• Mise en place d'un système de notation public et transparent des initiatives touristiques, basé sur leur impact social et environnemental. Cette notation sera effectuée par un comité indépendant et prendra en compte les retours des visiteurs, des communautés locales, et des experts en développement durable.
• Obtention de certifications internationales reconnues comme Green Globe et Travelife pour les principales destinations et opérateurs touristiques du Sénégal. Un accompagnement sera fourni aux entreprises pour les aider à atteindre ces standards élevés, renforçant ainsi la crédibilité de l'offre écotouristique du pays sur la scène internationale.

4. Innovation écologique

• Lancement d'un programme national d'incitation à l'utilisation d'énergies renouvelables dans les infrastructures touristiques, comprenant des subventions pour l'installation de panneaux solaires, d'éoliennes, et de systèmes de biomasse. L'objectif sera d'atteindre 100% d'énergie renouvelable dans le secteur touristique d'ici 2030.
• Développement et déploiement de solutions innovantes de traitement des eaux et de gestion des déchets spécifiquement adaptées aux zones touristiques reculées. Ces solutions incluront des systèmes de phytoépuration, des toilettes sèches écologiques, et des unités de compostage communautaires.
• Promotion active de la permaculture et de l'agroécologie dans les projets d'écotourisme, avec la création de jardins potagers biologiques dans chaque établissement écotouristique. Ces jardins serviront à la fois de source d'approvisionnement pour la cuisine locale et d'outil pédagogique pour sensibiliser les visiteurs aux pratiques agricoles durables.

En mettant en œuvre ces stratégies de manière coordonnée et proactive, le Sénégal peut se positionner comme une destination de choix pour les voyageurs en quête d'expériences authentiques et durables. Ces actions permettront non seulement de valoriser pleinement les opportunités offertes par la décroissance touristique européenne, mais aussi de construire un modèle de tourisme résilient, inclusif et bénéfique pour l'ensemble du pays.

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PARTIE V. Défis et précautions pour un développement touristique durable au Sénégal

Bien que le développement du tourisme au Sénégal présente de nombreuses opportunités, il est crucial d'aborder cette croissance de manière réfléchie et durable. Examinons en détail les défis à considérer et les mesures de prudence à prévoir dans ce processus :

A. Eviter les pièges du tourisme de masse

1. Gestion de la capacité d'accueil

• Etablir des limites de capacité précises et scientifiquement fondées pour chaque site touristique populaire, en s'appuyant sur des études d'impact environnemental approfondies menées par des experts indépendants. Ces limites prendront en compte la fragilité des écosystèmes, la capacité de régénération des ressources naturelles, et l'impact sur les communautés locales.
• Mettre en place un système de réservation en ligne centralisé et obligatoire pour toutes les attractions majeures, avec des quotas journaliers stricts. Ce système permettra une répartition équilibrée des visiteurs tout au long de la journée et de la semaine, évitant ainsi les pics de fréquentation néfastes.
• Développer un ensemble complet d'indicateurs de suivi, incluant la mesure de l'érosion des sols, la qualité de l'eau, la perturbation de la faune, et le bien-être des communautés locales. Ces indicateurs seront régulièrement évalués par une équipe multidisciplinaire pour ajuster les politiques de gestion en conséquence.

2. Diversification géographique

• Lancer un programme national de développement touristique ciblant spécifiquement les régions moins connues du Sénégal, dans le but de décentraliser l'activité touristique et d'éviter la surconcentration dans certaines zones déjà populaires. Ce programme offrira des incitations fiscales attractives et des subventions substantielles pour les investisseurs pionniers qui s'engagent dans ces régions inexploitées. Il mettra l'accent sur une répartition équilibrée des flux touristiques à travers le pays, favorisant ainsi un développement territorial plus harmonieux. Le programme inclura la création d'infrastructures de base essentielles (routes, électricité, eau potable) dans ces nouvelles destinations, ainsi qu'une formation approfondie des communautés locales à l'accueil touristique et à la gestion durable des ressources. Cette approche vise non seulement à diversifier l'offre touristique du Sénégal, mais aussi à réduire la pression sur les zones traditionnellement survisitées, contribuant ainsi à un tourisme plus durable et équitable à l'échelle nationale.
• Concevoir et promouvoir activement des circuits thématiques innovants qui relient stratégiquement différentes régions du pays, dans le but de mieux répartir les flux touristiques à travers le territoire. Cette approche vise à désengorger les zones touristiques traditionnelles tout en stimulant le développement économique des régions moins visitées. Par exemple, un circuit "Des forêts à l'océan" pourrait relier le Parc national du Niokolo-Koba, avec sa riche mosaïque d'écosystèmes, à la Petite Côte, en passant par des villages traditionnels peu fréquentés. Ce type d'itinéraire encouragerait les visiteurs à explorer une plus grande diversité de paysages et de cultures, tout en distribuant plus équitablement les retombées économiques du tourisme.
• Mettre en place une stratégie de marketing ciblée pour promouvoir le tourisme hors-saison dans certaines régions, en mettant en avant des activités et des expériences uniques à ces périodes (par exemple, festivals culturels, observation de la migration des oiseaux). Cette approche vise non seulement à étaler la fréquentation touristique sur l'année pour éviter les pics de fréquentation, mais aussi à offrir aux voyageurs des expériences authentiques et moins encombrées. La stratégie sera accompagnée d'incitations tarifaires pour les voyageurs et les opérateurs touristiques, encourageant ainsi la découverte de ces destinations à des moments moins conventionnels.

3. Qualité plutôt que quantité

• Elaborer une stratégie nationale de tourisme haut de gamme, visant à attirer des visiteurs à fort pouvoir d'achat. Cette stratégie inclura le développement d'hébergements de luxe éco-responsables, de services personnalisés, et d'expériences exclusives comme des safaris photographiques privés ou des cours de cuisine avec des chefs renommés.
• Créer un programme de certification "Expérience Authentique Sénégalaise" pour les prestataires touristiques offrant des activités uniques et profondément ancrées dans la culture locale. Ce programme encouragera l'innovation dans l'offre touristique et valorisera les initiatives qui vont au-delà des attractions standardisées.
• Lancer une campagne de marketing ciblée promouvant les séjours prolongés (2 semaines ou plus) au Sénégal, en mettant l'accent sur la diversité des expériences possibles et les avantages d'une immersion plus profonde dans la culture locale. Cette campagne sera accompagnée d'offres spéciales pour les séjours de longue durée.

4. Education et sensibilisation

• Développer un programme éducatif complet et obligatoire pour tous les visiteurs, à suivre avant ou à l'arrivée au Sénégal. Ce programme, disponible en ligne et sur place, couvrira l'importance de la préservation des sites naturels et culturels, les pratiques de tourisme responsable, et l'étiquette culturelle locale.
• Mettre en place une formation approfondie et une certification obligatoire pour tous les guides touristiques, axée sur la promotion d'un comportement responsable auprès des visiteurs. Cette formation inclura des modules sur l'écologie, l'histoire culturelle, et les techniques de communication pour influencer positivement le comportement des touristes.
• Lancer une campagne de communication multimédia innovante sur le "tourisme éthique" dans les principaux marchés émetteurs. Cette campagne utilisera des influenceurs, des documentaires courts, et des expériences de réalité virtuelle pour sensibiliser les futurs visiteurs aux enjeux du tourisme durable au Sénégal avant même leur départ.

B. Préservation de l'environnement et de l'authenticité culturelle

1. Protection des écosystèmes

• Renforcer la législation sur la protection de l'environnement dans les zones touristiques en introduisant des sanctions plus sévères pour les infractions environnementales. Cela inclura des amendes substantielles, des peines de prison pour les cas graves, et la révocation des licences d'exploitation pour les entreprises récidivistes.
• Mettre en place un programme de restauration écologique à grande échelle dans les zones touristiques dégradées. Ce programme comprendra la replantation d'espèces indigènes, la réhabilitation des habitats côtiers, et la création de corridors écologiques entre les zones protégées. Il sera financé par une taxe environnementale prélevée sur chaque nuitée touristique.
• Développer des partenariats stratégiques avec des ONG environnementales de renommée internationale pour établir un système de surveillance continue de l'impact du tourisme sur la biodiversité. Ce système utilisera des technologies de pointe comme la télédétection par satellite et l'analyse ADN environnemental pour détecter rapidement les changements dans les écosystèmes.

2. Gestion des ressources naturelles

• Mettre en œuvre une politique de gestion de l'eau stricte dans les zones touristiques, particulièrement dans les régions arides. Cela inclura l'installation obligatoire de systèmes de recyclage des eaux grises dans tous les établissements touristiques, l'utilisation de technologies d'irrigation goutte-à-goutte pour les espaces verts, et des quotas d'utilisation d'eau par touriste.
• Promouvoir l'utilisation d'énergies renouvelables dans les infrastructures touristiques en offrant des incitations fiscales importantes pour l'installation de panneaux solaires et d'éoliennes. Fixer un objectif ambitieux de 100% d'énergie renouvelable pour le secteur touristique d'ici 2030, avec des étapes intermédiaires contraignantes.
• Etablir des normes strictes pour la gestion des déchets dans les établissements touristiques, incluant l'interdiction totale des plastiques à usage unique, l'obligation de compostage des déchets organiques, et la mise en place de systèmes de tri et de recyclage avancés. Des inspections régulières et inopinées seront menées pour assurer le respect de ces normes.

3. Préservation de l'authenticité culturelle

• Encourager la transmission des savoir-faire traditionnels en créant un réseau national de "Maîtres Artisans" reconnus officiellement. Ces maîtres seront chargés de former la nouvelle génération à travers des programmes d'apprentissage structurés et rémunérés, combinant enseignement pratique et théorique sur l'histoire et la signification culturelle de chaque artisanat.
• Soutenir les festivals et événements culturels locaux en créant un fonds dédié, alimenté par un pourcentage des revenus touristiques. Ce fonds financera non seulement l'organisation des événements, mais aussi la recherche et la documentation sur les traditions culturelles, assurant leur pérennité au-delà de leur attrait touristique.
• Mettre en place un système de protection juridique du patrimoine immatériel, similaire aux appellations d'origine contrôlée, pour protéger les pratiques culturelles uniques contre la commercialisation excessive et l'appropriation culturelle. Ce système inclura des mécanismes de contrôle et de certification pour garantir l'authenticité des produits et expériences culturels proposés aux touristes.

4. Architecture et urbanisme durables

• Etablir un code de construction spécifique pour les zones touristiques, exigeant l'utilisation de matériaux locaux et de techniques de construction traditionnelles, tout en intégrant des normes modernes d'efficacité énergétique. Ce code sera élaboré en collaboration avec des architectes locaux et des experts en construction durable.
• Imposer des restrictions strictes sur le développement immobilier dans les zones côtières sensibles, en établissant des zones tampons non constructibles et en limitant la hauteur des bâtiments. Mettre en place un programme de rachat et de démolition des structures existantes non conformes, pour restaurer les écosystèmes côtiers.
• Lancer un programme incitatif majeur pour encourager la rénovation et la réutilisation adaptative des bâtiments existants plutôt que la construction de nouvelles structures. Ce programme offrira des subventions substantielles, des avantages fiscaux, et un accompagnement technique pour les projets de rénovation respectueux du patrimoine et de l'environnement.

C. Implication et bénéfices pour les communautés locales

1. Participation dans la prise de décision

• Mettre en place des comités de gestion touristique locaux dans chaque région touristique, composés à 50% minimum de représentants des communautés locales, incluant des leaders traditionnels, des femmes, et des jeunes. Ces comités auront un pouvoir décisionnel réel sur les projets touristiques de leur région et se réuniront mensuellement pour évaluer et orienter le développement touristique local.
• Organiser des consultations publiques trimestrielles obligatoires sur les projets de développement touristique dans chaque communauté impactée par le tourisme. Ces consultations utiliseront des méthodes participatives innovantes (comme le théâtre-forum ou les ateliers de cartographie collaborative) pour s'assurer que toutes les voix, y compris celles des groupes marginalisés, soient entendues.
• Encourager la création de coopératives touristiques gérées par les habitants locaux.

2. Répartition équitable des bénéfices

• Etablir un système transparent de partage des revenus du tourisme, où un pourcentage fixe (par exemple, 15%) de tous les revenus générés par les activités touristiques dans une région touristique est directement reversé aux communautés locales. Ce système sera géré par un comité indépendant incluant des représentants locaux et sera soumis à des audits annuels publics.
• Créer des fonds de développement communautaire dans chaque région touristique, alimentés par une taxe spécifique sur les nuitées touristiques. Ces fonds financeront des projets d'infrastructure (écoles, dispensaires, pistes...) et des initiatives de développement économique local, avec les priorités définies par les communautés elles-mêmes.
• Mettre en place une politique d'approvisionnement local obligatoire pour toutes les entreprises touristiques, exigeant qu'au moins 60% des produits et services utilisés soient sourcés localement. Un programme de développement des fournisseurs locaux sera mis en place pour aider les producteurs locaux à répondre aux standards de qualité requis.

3. Emploi et formation

• Instaurer des quotas d'emploi local stricts dans les entreprises touristiques, avec l'obligation d'employer au moins 80% de personnel local, dont 30% à des postes de cadre d'ici 5 ans. Des pénalités financières significatives seront appliquées en cas de non-respect.
• Développer un programme national de formation professionnelle spécialisé dans le tourisme, avec des antennes dans chaque région touristique. Ce programme offrira des formations gratuites aux jeunes locaux, couvrant tous les aspects de l'industrie touristique, de l'hôtellerie à la gestion de projets écotouristiques.
• Lancer un programme d'incubation et d'accompagnement pour les entrepreneurs locaux dans le secteur touristique, offrant un soutien financier, technique et marketing pendant les trois premières années d'activité. Un accent particulier sera mis sur les projets innovants qui valorisent les ressources et savoir-faire locaux.

4. Préservation du mode de vie local

• Etablir des "zones de préservation culturelle" dans chaque région touristique, où le développement touristique sera strictement limité et contrôlé par les communautés locales. Ces zones serviront de refuges pour les pratiques traditionnelles et pourront être visitées uniquement dans le cadre de programmes d'échange culturel contrôlés.
• Promouvoir activement des formes de tourisme qui s'intègrent harmonieusement aux activités économiques traditionnelles, comme l'agrotourisme dans les zones rurales ou le tourisme de pêche artisanale sur la côte. Ces initiatives viseront à compléter et valoriser les activités existantes plutôt que de les remplacer.
• Soutenir financièrement et techniquement les initiatives de tourisme communautaire qui permettent un contrôle local total sur le développement touristique. Cela inclura la création d'un label "Tourisme Communautaire Authentique" qui garantira aux visiteurs une expérience véritablement gérée et bénéficiant directement aux communautés locales.

D. Gestion préventive des flux touristiques

1. Systèmes de surveillance et d'alerte

• Mettre en place un réseau de capteurs IoT (Internet des Objets) dans tous les sites touristiques majeurs pour suivre en temps réel la fréquentation, la qualité de l'air, les niveaux de bruit, et d'autres indicateurs environnementaux clés. Ces données seront centralisées dans un tableau de bord accessible aux gestionnaires de sites et aux autorités touristiques.
• Développer des modèles prédictifs sophistiqués utilisant l'intelligence artificielle et le big data pour anticiper les pics de fréquentation. Ces modèles intégreront des données historiques, des informations sur les réservations, des données météorologiques, et des événements planifiés pour fournir des prévisions précises jusqu'à 6 mois à l'avance.
• Créer un Observatoire National du Tourisme Durable, composé d'experts en tourisme, d'écologistes, d'économistes, et de représentants des communautés locales. Cet observatoire publiera des rapports trimestriels sur l'état du tourisme au Sénégal, identifiant les tendances émergentes et recommandant des ajustements de politiques.

2. Gestion adaptative

• Mettre en place un système de tarification dynamique pour tous les sites touristiques majeurs, ajustant automatiquement les prix d'entrée en fonction de la demande prévue. Ce système encouragera les visites hors pics et contribuera à une répartition plus équilibrée des flux touristiques.
• Développer une application mobile nationale de tourisme qui suggère des itinéraires alternatifs en temps réel basés sur les niveaux de fréquentation actuels. Cette application récompensera les utilisateurs qui choisissent des options moins fréquentées avec des points de fidélité ou des réductions
• Mettre en œuvre des stratégies de "démarketing" ciblées pour les sites survisités, en réduisant activement la promotion de ces lieux pendant les périodes de pointe et en redirigeant l'attention vers des alternatives moins connues mais tout aussi attrayantes.

3. Technologies intelligentes

• Déployer une application mobile complète pour les visiteurs, offrant des informations en temps réel sur l'affluence des sites, les temps d'attente, et les conditions environnementales. L'application utilisera la géolocalisation pour envoyer des notifications push suggérant des alternatives moins fréquentées à proximité.
• Mettre en place un système de réservation en ligne obligatoire avec des créneaux horaires pour toutes les attractions populaires. Ce système sera intégré à la plateforme nationale de tourisme et permettra une gestion fine des flux de visiteurs tout au long de la journée.
• Utiliser l'intelligence artificielle pour analyser les données de fréquentation, les retours des visiteurs, et les indicateurs environnementaux afin d'optimiser continuellement la gestion des flux touristiques. Ces algorithmes aideront à ajuster dynamiquement les capacités d'accueil, les horaires d'ouverture, et les itinéraires recommandés.

4. Collaboration transfrontalière

• Développer des accords de coopération touristique avec les pays voisins (Gambie, Mali, Guinée-Bissau, Mauritanie) pour une gestion coordonnée des flux touristiques régionaux. Ces accords incluront des protocoles de partage de données et des stratégies de marketing communes.
• Mettre en place un système d'échange d'informations en temps réel sur les mouvements touristiques avec les pays de la sous-région. Ce système utilisera une plateforme sécurisée basée sur la blockchain pour garantir l'intégrité et la confidentialité des données partagées.
• Créer des circuits touristiques transfrontaliers thématiques, comme la "Route des Empires Ouest-Africains" ou le "Circuit des Parcs Naturels Sahéliens", pour mieux répartir la pression touristique sur une zone géographique plus large. Ces circuits seront promus conjointement par les pays participants et bénéficieront de procédures d'immigration simplifiées.

En abordant ces défis de manière proactive et en mettant en place ces précautions, le Sénégal peut aspirer à un développement touristique véritablement durable. Cela implique un équilibre délicat entre la croissance économique, la préservation de l'environnement et des cultures locales, et l'amélioration du bien-être des communautés.

Cette approche nécessite une vision à long terme, une collaboration étroite entre tous les acteurs du secteur, et une volonté politique forte. En relevant ces défis, le Sénégal peut non seulement éviter les écueils du tourisme de masse observés dans certaines destinations, mais aussi se positionner comme un modèle de développement touristique durable pour l'Afrique et au-delà.

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PARTIE VI. Perspectives d'avenir

L'évolution du secteur touristique au Sénégal, dans le contexte de la décroissance touristique européenne, offre des perspectives prometteuses pour l'avenir. Cette partie explore les potentialités de croissance, l'impact sur l'économie et le développement du pays, ainsi que le rôle du Sénégal comme modèle de tourisme durable en Afrique.

A. Potentiel de croissance du secteur touristique sénégalais

1. Expansion du marché

• Projection d'une augmentation significative des arrivées touristiques, passant potentiellement de 1,7 million en 2019 à 3 millions d'ici 2030. Cette croissance sera alimentée par une stratégie de diversification des offres touristiques et une approche axée sur la durabilité, attirant ainsi un plus large éventail de voyageurs.
• Développement actif de nouveaux marchés émetteurs, notamment en Asie (Chine, Japon, Corée du Sud) et au Moyen-Orient (Emirats Arabes Unis, Arabie Saoudite), permettant de réduire la dépendance historique vis-à-vis du marché européen et d'attirer des touristes à fort pouvoir d'achat.
• Stimulation de la croissance du tourisme intra africain, favorisée par l'amélioration des connexions aériennes régionales et la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). Cette initiative facilitera les déplacements entre pays africains et encouragera les échanges culturels et économiques au sein du continent.

2. Diversification de l'offre

• Emergence et promotion de nouveaux produits touristiques variés, tels que le tourisme médical (avec des cliniques spécialisées), le tourisme sportif (développement de spots de surf de classe mondiale, création de parcours de golf de championnat), et le tourisme d'affaires. Ces nouvelles offres permettront d'élargir l'attrait du Sénégal au-delà du tourisme balnéaire traditionnel et d'attirer une clientèle plus diversifiée.
• Développement approfondi du tourisme expérientiel, offrant des séjours immersifs dans la culture et le mode de vie sénégalais. Cela inclura des programmes de séjour chez l'habitant, des ateliers d'artisanat traditionnel, et des expériences culinaires authentiques, attirant ainsi une clientèle à la recherche d'authenticité et de connexions culturelles profondes.
• Expansion significative de l'écotourisme, avec le renforcement des infrastructures et de la protection des parcs nationaux existants (comme le Parc National du Niokolo-Koba) et la création de nouvelles réserves naturelles dans des écosystèmes uniques. Ces initiatives positionneront le Sénégal comme une destination de premier choix pour l'observation de la faune et la flore ouest-africaines, attirant les amateurs de nature et les écotouristes du monde entier.

3. Innovation technologique

• Intégration croissante et sophistiquée de la réalité augmentée et virtuelle dans l'expérience touristique, permettant une découverte interactive et immersive du patrimoine culturel et naturel. Par exemple, des applications mobiles pourraient offrir des reconstitutions historiques de sites archéologiques ou des simulations de la vie sauvage dans les parcs nationaux.
• Développement et promotion de plateformes de réservation directe spécifiques au Sénégal, utilisant des technologies blockchain pour garantir la sécurité des transactions. Ces plateformes réduiront la dépendance aux intermédiaires internationaux, augmentant ainsi les revenus pour les acteurs locaux et offrant une meilleure visibilité aux petits prestataires de services touristiques.
• Utilisation accrue et stratégique de l'intelligence artificielle pour personnaliser l'expérience des visiteurs et optimiser la gestion des flux touristiques. Cela pourrait inclure des chatbots multilingues pour l'assistance aux voyageurs, des systèmes de recommandation personnalisés basés sur les préférences individuelles, et des outils de prévision de la demande pour une meilleure allocation des ressources.

4. Amélioration des infrastructures

• Développement continu du réseau de transport, incluant de nouvelles liaisons ferroviaires rapides entre les principales destinations touristiques.
• Création de zones touristiques intégrées innovantes, combinant hébergement de luxe, installations de loisirs de pointe et services haut de gamme, dans des régions jusqu'alors peu exploitées touristiquement. Ces complexes pourraient inclure des écolodges dans la région de Casamance ou des resorts wellness dans le désert de Lompoul (Oasis du Désert).
• Modernisation des aéroports régionaux, facilitant l'accès direct aux différentes régions du pays.

B. Impact potentiel sur l'économie et le développement du pays

1. Contribution au PIB

• Augmentation substantielle de la contribution directe du tourisme au PIB, passant potentiellement de 4% en 2019 à 8-10% d'ici 2030. Cette croissance significative sera le résultat d'investissements stratégiques dans le secteur, d'une diversification des offres touristiques et d'une amélioration globale de la qualité des services.
• Effet multiplicateur puissant sur l'économie, stimulant la croissance dans des secteurs connexes tels que l'agriculture (avec une demande accrue de produits locaux pour les hôtels et restaurants), l'artisanat (grâce à l'augmentation des achats de souvenirs et d'objets d'art) et les services (comme les transports locaux et les guides touristiques). On estime que chaque euro dépensé dans le tourisme pourrait générer jusqu'à 1,5 euro supplémentaire dans l'économie locale.
• Diversification significative de l'économie sénégalaise, réduisant la dépendance aux exportations traditionnelles et aux industries extractives. Cette diversification rendra l'économie plus résiliente aux chocs externes et aux fluctuations des prix des matières premières.

2. Création d'emplois

• Génération massive de nouveaux emplois directs dans le secteur touristique, passant potentiellement de 100 000 en 2019 à 250 000 d'ici 2030. Ces emplois couvriront un large éventail de postes, des réceptionnistes d'hôtel aux guides touristiques, en passant par les chefs cuisiniers et les gestionnaires de destination.
• Développement exponentiel de l'emploi indirect et induit, avec un effet multiplicateur estimé à 1,5 à 2 emplois créés pour chaque emploi direct dans le tourisme. Cela signifie que le secteur pourrait potentiellement soutenir jusqu'à 750 000 emplois au total dans l'économie sénégalaise d'ici 2030.
• Opportunités accrues et ciblées pour l'emploi des jeunes et des femmes, contribuant à réduire le chômage et à promouvoir l'inclusion sociale. Des programmes de formation spécifiques seront mis en place pour préparer ces groupes aux emplois du secteur touristique, y compris des formations en langues étrangères, en gestion hôtelière et en entrepreneuriat touristique.

3. Développement régional

• Répartition plus équilibrée et stratégique des bénéfices du tourisme à travers le pays, stimulant le développement économique dans des régions auparavant marginalisées. Par exemple, le développement de l'écotourisme dans la région de Kédougou pourrait apporter des revenus substantiels à cette zone reculée.
• Amélioration des infrastructures locales (routes, électricité, eau potable) bénéficiant non seulement aux touristes mais aussi aux communautés locales.
• Valorisation des ressources naturelles et culturelles locales, encourageant la préservation et la revitalisation des traditions.

4. Attraction des investissements

• Augmentation substantielle des investissements directs étrangers dans le secteur touristique, stimulant la construction d'hôtels de luxe, de resorts écologiques et d'attractions de classe mondiale. On pourrait voir l'arrivée de grandes chaînes hôtelières internationales, ainsi que des investissements dans des parcs à thème ou des centres de villégiature.
• Développement de partenariats public-privé stratégiques pour financer les grands projets d'infrastructure touristique. Ces partenariats pourraient inclure la construction de centres de congrès, la rénovation de sites patrimoniaux ou le développement de nouvelles zones touristiques intégrées.
• Croissance significative des investissements locaux dans les PME touristiques, favorisant l'entrepreneuriat et l'innovation. Cela pourrait se traduire par l'émergence de start-ups technologiques dans le domaine du tourisme, de petites entreprises d'excursions spécialisées ou d'hébergements de charme gérés localement.

C. Le Sénégal comme modèle de développement touristique durable en Afrique

1. Leadership régional

• Positionnement stratégique du Sénégal comme chef de file en matière de tourisme durable en Afrique de l'Ouest. Cela impliquera la mise en place de politiques avant-gardistes en matière de protection de l'environnement, de préservation culturelle et de développement communautaire liés au tourisme.
• Organisation régulière de conférences et sommets internationaux de haut niveau sur le tourisme durable à Dakar ou dans d'autres villes sénégalaises. Ces événements attireront des experts mondiaux, des décideurs politiques et des investisseurs, renforçant ainsi la visibilité et l'expertise du pays dans ce domaine.
• Mise en place d'un programme structuré de partage des meilleures pratiques et des leçons apprises avec d'autres pays africains. Cela pourrait inclure des visites d'étude, des échanges de personnel, et la création d'une plateforme en ligne dédiée au partage de connaissances sur le tourisme durable en Afrique.

2. Innovation en matière de durabilité

• Développement et mise en œuvre de normes et de certifications de durabilité spécifiquement adaptées au contexte africain. Ces standards pourraient couvrir des aspects tels que l'utilisation de l'énergie solaire, la gestion de l'eau, l'implication des communautés locales, et la préservation de la biodiversité.
• Lancement de projets pilotes innovants en matière d'écotourisme et de tourisme communautaire dans diverses régions du Sénégal. Par exemple, création d'un réseau d'écolodges gérés par les communautés locales dans le delta du Saloum, ou développement d'un programme de tourisme scientifique dans le Parc National du Niokolo-Koba ou le Parc National des Oiseaux du Djoudj.
• Intégration approfondie et mesurable des objectifs de développement durable (ODD) dans la planification et la gestion touristique. Cela pourrait inclure la mise en place d'un système de suivi et d'évaluation permettant de quantifier la contribution du tourisme à chacun des ODD pertinents.

3. Renforcement de la coopération régionale

• Conception et promotion de circuits touristiques transfrontaliers, favorisant la coopération entre les pays d'Afrique de l'Ouest. Par exemple, création d'un itinéraire "Découverte de l'Afrique de l'Ouest" reliant le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau et la Guinée.
• Travail diplomatique pour l'harmonisation des politiques touristiques au niveau régional, y compris la simplification des déplacements, la standardisation des normes de qualité, et la coordination des efforts de marketing.
• Elaboration collaborative d'une marque touristique régionale forte et attrayante, positionnant l'Afrique de l'Ouest comme une destination de choix sur la scène internationale. Cette marque pourrait mettre en avant la diversité culturelle, la richesse naturelle et l'authenticité des expériences offertes dans la région.

4. Formation et éducation

• Etablissement d'un centre d'excellence en tourisme durable de renommée internationale à Dakar ou dans une autre ville sénégalaise. Ce centre proposerait des programmes de formation de haut niveau, attirerait des chercheurs et des étudiants de toute l'Afrique et au-delà.
• Mise en place de programmes d'échange et de formation continue pour les professionnels du tourisme de la région. Ces programmes pourraient inclure des stages dans des établissements touristiques de premier plan, des ateliers sur les dernières tendances du tourisme durable, et des formations sur l'utilisation des nouvelles technologies dans le secteur.
• Etablissement de partenariats stratégiques avec des institutions internationales renommées pour la recherche et l'innovation dans le domaine du tourisme durable. Cela pourrait inclure des collaborations avec des universités de renom, des organisations internationales comme ONU Tourisme, et des think tanks spécialisés dans le développement durable.

Les perspectives d'avenir pour le secteur touristique sénégalais sont prometteuses, avec un potentiel de croissance significatif qui pourrait avoir un impact transformateur sur l'économie et le développement du pays. En tirant parti des opportunités offertes par la décroissance touristique européenne et en adoptant une approche résolument durable, le Sénégal a le potentiel de devenir non seulement une destination touristique de premier plan, mais aussi un modèle de développement touristique durable pour l'Afrique et au-delà.

Cependant, la réalisation de ces perspectives dépendra de la capacité du pays à relever les défis identifiés, à maintenir un engagement fort en faveur de la durabilité, et à s'adapter continuellement aux évolutions du marché touristique mondial. Avec une planification soigneuse, une mise en œuvre réfléchie et une collaboration étroite entre tous les acteurs, le Sénégal peut aspirer à un avenir touristique brillant et durable.

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LETTRE OUVERTE au Président et au Premier Ministre

Réinventer le tourisme sénégalais par une gouvernance audacieuse et innovante

Lettre ouverte à Son Excellence Monsieur le Président de la République et à Monsieur le Premier Ministre

Excellence, Monsieur le Président de la République,
Monsieur le Premier Ministre,

En tant que citoyen sénégalais et observateur attentif du développement touristique de notre pays, je vous adresse cette lettre ouverte concernant un sujet d'une importance capitale pour l'avenir économique et social de notre nation : la nécessité urgente de réformer la gouvernance touristique au Sénégal.

Notre pays, béni par une richesse culturelle incomparable, des paysages diversifiés et une hospitalité légendaire, possède tous les atouts pour être une destination touristique de premier plan. Cependant, le secteur touristique, longtemps considéré comme un pilier de notre économie, traverse actuellement une période de stagnation préoccupante. Malgré son potentiel indéniable, le Sénégal peine à se positionner comme une destination phare sur la scène internationale. Cette situation appelle une action décisive et une refonte en profondeur de notre approche du développement touristique.

C'est dans cet esprit que je souhaite vous présenter une proposition audacieuse pour une nouvelle gouvernance touristique, fondée sur la décentralisation et l'autonomisation des collectivités locales. Cette approche, j'en suis fermement convaincu, pourrait transformer les défis actuels en opportunités et faire du tourisme un véritable moteur de développement durable pour le Sénégal.

Les piliers de cette nouvelle gouvernance touristique sont les suivants :

1. Restructuration institutionnelle

Suppression du ministère du Tourisme au profit d'une Délégation Interministérielle placée sous l'autorité du Premier ministre, assurant une meilleure coordination multisectorielle.

2. Décentralisation de la promotion touristique

Dissolution de l'Agence Sénégalaise de Promotion Touristique (ASPT) et transfert de ses missions aux collectivités locales et à un nouveau Secrétariat d'Etat au Tourisme rattaché au ministère des Affaires étrangères.

3. Autonomisation des collectivités locales

Transfert de compétences et de ressources aux collectivités pour une gestion et une promotion plus efficaces du tourisme local.

4. Partenariats public-privé renforcés

Collaboration étroite entre les autorités locales et le secteur privé pour le développement d'infrastructures et de services touristiques de qualité.

5. Durabilité environnementale et sociale

Mise en place de politiques écologiques et inclusion des communautés locales dans le développement touristique.

Cette approche vise à valoriser notre riche patrimoine, à améliorer la qualité de notre offre touristique, et à renforcer la compétitivité du Sénégal sur la scène internationale. Elle s'inspire des meilleures pratiques observées à travers le monde et des retours d'expérience recueillis auprès des acteurs locaux et des visiteurs de mes plateformes "Pourquoi J'aime Le Sénégal" et "Why I Love Senegal", dédiées à la promotion de la destination Sénégal et rassemblant plus d'un million d'abonnés sur les réseaux sociaux.

Pour une analyse approfondie de cette proposition, incluant un diagnostic détaillé du système actuel, les fondements de la gouvernance décentralisée, et les synergies nécessaires, je vous invite à consulter le 📕 DOSSIER COMPLET publié sur mon blog à l'adresse suivante :

🔗 Réinventer le tourisme sénégalais par une gouvernance innovante

Les bénéfices attendus de cette réforme sont multiples :

• Création d'emplois et stimulation de l'économie locale, particulièrement dans les régions moins développées

• Préservation et valorisation de notre patrimoine culturel et naturel, renforçant ainsi notre identité nationale

• Amélioration de l'image du Sénégal à l'international, attirant non seulement plus de touristes mais aussi des investisseurs

• Développement d'un tourisme durable et responsable, en phase avec les enjeux environnementaux actuels

• Renforcement de la cohésion sociale et territoriale, en impliquant directement les communautés locales dans le développement touristique

Excellence, Monsieur le Président, Monsieur le Premier Ministre, cette proposition de réforme que je vous soumets aujourd'hui représente un appel à l'action urgent. Mes plateformes "Pourquoi J'aime Le Sénégal" et "Why I Love Senegal" sont les témoins quotidiens de l'immense potentiel touristique de notre pays et de l'attachement profond que lui portent les Sénégalais et les visiteurs du monde entier. Il est impératif de transformer cet attachement en une force motrice pour notre économie.

En tant que citoyen engagé et passionné par l'avenir de notre nation, je suis déterminé à voir cette vision se concrétiser. Je continuerai à œuvrer sans relâche pour le développement touristique du Sénégal, convaincu que cette nouvelle gouvernance est la clé pour libérer le plein potentiel de notre pays. J'espère que cette contribution saura vous inspirer et catalyser les changements nécessaires pour faire du Sénégal une destination touristique de premier plan à l'échelle mondiale.

M. Babacar DIONE
Administrateur des plateformes "Pourquoi J'aime Le Sénégal" et "Why I Love Senegal"
Citoyen engagé pour le développement touristique du Sénégal

Diffusion :
- Médias nationaux
- Réseaux sociaux

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I. Diagnostic du système actuel et défis à relever

Le système actuel de gouvernance touristique au Sénégal présente plusieurs faiblesses qui entravent son efficacité.

A. Gouvernance et initiatives touristiques

L'absence de stratégie claire est régulièrement soulignée par les acteurs du secteur touristique, qui déplorent le manque de vision à long terme pour son développement. Les initiatives sont fréquemment réactives plutôt que proactives, ce qui ralentit la véritable dynamisation du secteur. Cette situation est amplifiée par la faible capacité du ministère du Tourisme à définir une stratégie forte et cohérente. Disposant d'un budget limité et souvent dirigé par des figures politiques plutôt que des experts, le ministère peine à établir une vision partagée et ambitieuse, ce qui contribue à l'inefficacité générale du système.

Cette inefficacité est exacerbée par l'instabilité au sein du ministère du Tourisme au Sénégal, avec pas moins de huit ministres ayant occupé ce poste entre 2012 et 2024. Cette instabilité a eu des conséquences significatives, empêchant la mise en place d'une vision stratégique stable et à long terme nécessaire au développement de l'industrie touristique. Chaque changement de direction a entraîné une réévaluation des priorités, souvent au détriment de la continuité et de l'efficacité des actions entreprises.

Cependant, le nouveau régime, arrivé au pouvoir avec une vision ambitieuse, a placé le tourisme parmi les priorités nationales, en l’inscrivant au cœur du Projet pour un Sénégal souverain, juste et prospère. Ce projet se décline en six axes stratégiques visant à transformer le secteur touristique sénégalais en s'appuyant sur les principes de durabilité, d'innovation et d'inclusion.

Six mois après, aucune concrétisation tangible de cette vision n’a été observée. Le secteur touristique reste au point mort, et aucune initiative significative n’a été lancée par le ministère compétent. Les récentes créations de filiales par la SAPCO-Sénégal, telles que la Sénégalaise de Logistique et de Tourisme ainsi que SAPCO Properties, reprennent des projets anciens, remis au goût du jour sans véritable nouveauté. Ces initiatives semblent davantage s’inscrire dans une logique d’autonomisation financière à travers des activités commerciales, plutôt que dans le cadre strict de ses missions liées à l’aménagement et à la promotion touristique. Pire encore, SAPCO Properties risque d’aggraver la situation en accentuant la tendance au développement des résidences dans le secteur touristique, un modèle souvent critiqué pour son impact négatif sur la durabilité et la cohésion du tissu touristique local. Cette orientation stratégique hors mission soulève des préoccupations quant à sa cohérence avec les objectifs fixés pour le développement global du secteur touristique.

B. Echecs de la promotion touristique

L'Agence Sénégalaise de Promotion Touristique (ASPT) ne parvient pas à remplir pleinement sa mission de promotion, reproduisant les échecs de son prédécesseur, l'Agence Nationale de Promotion Touristique (ANPT). Quelques éléments historiques éclairent cette situation :

• En 2012, au début du mandat du président Macky Sall, l'ANPT a été supprimée pour cause d'inefficacité et de mauvaise gestion financière, avec une dette accumulée de près d'un milliard de francs CFA.

• Ses missions ont été temporairement confiées à la Direction des Investissements et de la Promotion Touristique.

• En 2014, sous la pression du patronat touristique, l'ASPT a été créée pour relancer la destination Sénégal comme marque touristique.

Malheureusement, l'ASPT a reproduit plusieurs dysfonctionnements de l'ANPT :

• Un manque chronique de ressources financières, aggravé par une gestion inefficace.

• Une masse salariale disproportionnée, conséquence d'un recrutement basé sur le clientélisme politique plutôt que sur les compétences.

• Une dette persistante auprès des fournisseurs, compromettant sa crédibilité et ses opérations.

• L'absence de statistiques fiables, empêchant l'évaluation de l'impact de ses actions et la mise en place de stratégies marketing efficaces.

• Une approche promotionnelle dépassée, sans renouvellement de l’offre touristique.

• Une focalisation excessive sur les marchés traditionnels, négligeant des marchés émergents prometteurs comme l’Asie.

• Un manque de concertation avec les acteurs privés et les régions touristiques, conduisant à une promotion déconnectée des réalités du terrain.

Face à ces défaillances, les efforts de l'ASPT peinent à s'adapter aux nouvelles dynamiques du marché, notamment sur le marché français, principal émetteur de touristes vers le Sénégal. Ils peinent également à convaincre en raison d’une stratégie promotionnelle dépassée et déconnectée des attentes des voyageurs, qui privilégient désormais des sources d’information plus authentiques et interactives.

C. Rôle de la communauté française dans l'orientation des voyageurs

La France demeure le premier marché émetteur pour le tourisme au Sénégal. Cependant, la manière dont les touristes français planifient et décident de leurs voyages au Sénégal échappe souvent aux efforts de promotion officiels. La communauté française, résidents au Sénégal et voyageurs expérimentés, joue un rôle clé dans la diffusion d’informations fiables et authentiques sur la destination.

Les touristes français s'appuient largement sur les réseaux sociaux et les plateformes d'avis de voyage en ligne telles que TripAdvisor pour s'informer sur le Sénégal. Ces espaces sont remplis de témoignages de Français connaissant bien le pays, offrant ainsi une source d'information crédible pour les futurs visiteurs.

Lorsqu'il s'agit de réserver, les Français privilégient les canaux directs en ligne avec des prestataires dont la fiabilité a été vérifiée par leurs pairs sur les réseaux sociaux. Les plateformes comme Booking.com sont également très utilisées pour leur transparence et leur fiabilité. Cela démontre une confiance accrue dans les recommandations de la communauté plutôt que dans les campagnes promotionnelles officielles.

Les plateformes de promotion officielles, telles que l'ASPT, ont du mal à convaincre cette audience. Le décalage entre l’image projetée, souvent idéalisée, et la réalité vécue par les voyageurs crée une dissonance qui érode la confiance. Des initiatives numériques comme "Le Sénégal en un clic" risquent de connaître le même sort si elles ne parviennent pas à aligner l’expérience réelle des visiteurs avec l’image promue.

Pour que l’expérience touristique corresponde véritablement à l’image d’un Sénégal attractif et accueillant, il est impératif de s’attaquer aux défis structurels du secteur. Une gouvernance décentralisée, impliquant les collectivités locales, permettrait de mieux adapter les actions aux réalités locales et de faire en sorte que l’image promue devienne enfin une réalité.

D. Défis majeurs du secteur touristique sénégalais

1. Infrastructures et environnement

La qualité inégale des hébergements, des services, et le réseau routier déficient en dehors des grandes villes nuisent à l’expérience des visiteurs. L'insalubrité et la mauvaise gestion des déchets dans certaines zones touristiques ternissent l'image du pays. Par ailleurs, l'érosion côtière menace directement le tourisme balnéaire.

2. Compétitivité et accessibilité

Le Sénégal fait face à des défis significatifs en matière de compétitivité et d'accessibilité touristique, qui freinent son attractivité face à des concurrents régionaux comme la Gambie, le Cap-Vert, ou même la Côte d'Ivoire qui émerge sur le marché touristique ouest-africain. Un obstacle majeur réside dans le coût élevé des billets d'avion et des taxes aéroportuaires, parmi les plus élevés de la région, constituant un frein considérable pour de nombreux voyageurs potentiels. Au-delà de ce problème d'accessibilité, la destination souffre également d'un décalage fréquemment observé entre les tarifs pratiqués et la qualité des prestations offertes. De nombreux touristes expriment leur insatisfaction quant au rapport qualité-prix des hébergements, des restaurants et des activités proposées. Cette disparité devient particulièrement frappante lorsqu'on compare le Sénégal à d'autres destinations de la région, où les visiteurs trouvent souvent un meilleur équilibre entre coût et qualité des services. Ce double enjeu, coût élevé d'accès, notamment aérien, et perception d'un faible rapport qualité-prix, affecte sérieusement la compétitivité du Sénégal sur le marché touristique international. Il devient donc urgent d'améliorer non seulement l'accessibilité tarifaire, en particulier en ce qui concerne les frais liés au transport aérien, mais aussi la qualité globale de l'offre touristique pour justifier les prix pratiqués et renforcer l'attrait de la destination.

3. Formation et professionnalisation

Le renforcement des compétences dans l’hôtellerie, la restauration, et les langues étrangères est crucial pour améliorer la qualité des services aux touristes internationaux.

4. Sécurité et accueil

L'insécurité dans certaines zones, ainsi que le harcèlement des touristes par des mendiants, vendeurs ambulants, rabatteurs, et parfois même par des individus en uniforme, nuisent à la satisfaction des visiteurs. Ces comportements, souvent perçus comme intrusifs et dérangeants, altèrent l'expérience touristique et donnent une image négative de l'accueil dans certaines destinations.

5. Saisonnalité et diversification

La concentration du tourisme sur certaines périodes de l'année crée des déséquilibres économiques, d'où l'importance de développer des offres attractives en basse saison et de diversifier les produits touristiques.

6. Durabilité et intégration locale

La pression sur les ressources naturelles dans certaines zones touristiques et le manque d'intégration des communautés locales nécessitent une approche de développement durable.

7. Image et promotion

Le Sénégal doit améliorer sa stratégie de communication internationale et mettre en valeur son unicité pour surmonter certaines perceptions négatives de l'Afrique.

8. Sentiment anti-français

Le sentiment anti-français, en particulier celui qui se propage sur les réseaux sociaux, constitue un problème croissant pour l'attractivité du Sénégal auprès des touristes français. Cette tendance, qui influence les perceptions et peut dissuader certains visiteurs, nécessite une gestion prudente de la relation franco-sénégalaise, tout en diversifiant les marchés touristiques pour réduire la dépendance vis-à-vis des visiteurs français.

Ce diagnostic met en évidence l'urgence d'une réforme en profondeur visant à instaurer une gouvernance plus efficace et mieux adaptée aux réalités locales. Toutefois, en raison de la nature transversale du tourisme, ces défis ne peuvent être résolus par le seul ministère du Tourisme. Cela nécessite une approche multisectorielle, impliquant la coordination de plusieurs ministères et acteurs clés, afin de répondre de manière globale et cohérente aux enjeux du secteur.

Ce diagnostic met en évidence la diversité et la complexité des défis auxquels le secteur touristique sénégalais est confronté. Leur résolution, compte tenu de la nature transversale du tourisme, dépasse largement le cadre du ministère dédié. Elle nécessite une approche de gouvernance multisectorielle plus efficace, impliquant une coordination étroite entre plusieurs ministères et acteurs clés.

E. Nécessité d'une approche multisectorielle

Plusieurs ministères sont directement impliqués dans la résolution des problèmes du secteur touristique :

• Le Ministère de l'Environnement et de la Transition Ecologique pour la protection des écosystèmes dans les zones touristiques et promotion du tourisme durable.

• Le Ministère de l'Intérieur et de la Sécurité publique pour assurer la sécurité des touristes et des sites touristiques.

• Le Ministère de la Culture pour préserver et valoriser le patrimoine culturel.

Le Ministère des Infrastructures et des Transports terrestres et aériens pour développer les infrastructures de transport pour faciliter l'accès aux sites touristiques.

D’autres ministères, tels que ceux de la Formation professionnelle, de l'Hydraulique et de l'Assainissement, de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, de l'Urbanisme, des Collectivités territoriales et de l'Aménagement des territoires, de l'Energie, des Affaires Etrangères, jouent également un rôle important.

Une stratégie intégrée et collaborative est essentielle pour concevoir et mettre en œuvre des réponses globales et cohérentes aux nombreux défis du secteur, garantissant ainsi un développement touristique durable et adapté aux réalités locales du Sénégal.

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II. Fondements d'une gouvernance touristique décentralisée

La décentralisation de la gouvernance touristique repose sur le principe de subsidiarité, qui stipule que les décisions doivent être prises au niveau le plus proche des réalités locales. Dans ce contexte, cela signifie :

• Une meilleure adaptation des initiatives aux spécificités régionales.

• Une valorisation plus efficace du patrimoine local, qu'il soit naturel, culturel ou historique.

• Une plus grande implication des communautés locales dans le développement touristique.

Cette approche favoriserait une gestion plus efficace des problématiques locales, telles que l'insalubrité, la sécurité et la préservation de l'environnement côtier. Des exemples réussis, notamment en Espagne et en Italie, démontrent que cette stratégie peut aboutir à une offre touristique plus diversifiée et attrayante, répondant mieux aux attentes des visiteurs tout en valorisant les spécificités locales.

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III. Restructuration institutionnelle

Pour mettre en œuvre cette nouvelle gouvernance, une restructuration institutionnelle s'impose.

A. Suppression du ministère du Tourisme

En 2007, dans le cadre d'une réorganisation gouvernementale d'envergure, le président Abdoulaye Wade a pris la décision de supprimer le ministère du Tourisme. Cette mesure visait à rationaliser les structures administratives et à mieux répondre aux défis économiques, notamment dans un secteur touristique en stagnation, qui suscitait déjà de sérieuses inquiétudes. Cependant, cette suppression a rapidement suscité de nombreuses critiques, en raison du manque de coordination efficace des initiatives nécessaires à la relance de ce secteur stratégique. Conscient des répercussions négatives de cette absence de leadership sur le développement touristique, le gouvernement a rétabli le ministère du Tourisme en 2009, avec pour mission de revitaliser et dynamiser ce pilier de l'économie nationale.

Aujourd'hui, nous proposons la suppression du ministère du Tourisme, mais dans le cadre d'une réforme plus réfléchie et adaptée aux réalités actuelles. L'objectif est de mettre en place une structure plus flexible et transversale, notamment à travers la création d'une délégation interministérielle sous l'autorité du Premier ministre. Cette délégation aurait pour mission de coordonner les efforts des différents ministères impliqués (Affaires étrangères, Environnement, Transports, Culture, etc.), assurant ainsi une action concertée et une gouvernance mieux alignée avec les enjeux contemporains du secteur touristique sénégalais.

B. Dissolution de l'ASPT

De même, il est proposé que l'Agence Sénégalaise de Promotion Touristique (ASPT) soit dissoute, avec un transfert de ses missions vers les collectivités locales et le ministère des Affaires étrangères, notamment à travers le Secrétariat d'Etat au tourisme. Ce changement permettrait de garantir une promotion touristique plus efficace, ancrée dans les réalités spécifiques de chaque région, tout en bénéficiant d'une visibilité internationale coordonnée par une structure compétente. En confiant la promotion touristique aux acteurs locaux, qui connaissent mieux leurs propres atouts et défis, cette approche favoriserait une valorisation authentique et diversifiée des destinations sénégalaises, tout en renforçant leur compétitivité sur la scène mondiale.

C. Création d'une délégation interministérielle

La création d'une Délégation Interministérielle, placée sous l'autorité du Premier ministre, représente un élément clé de la nouvelle gouvernance touristique du Sénégal. Cette délégation, en prenant la place du ministère du Tourisme, deviendrait le pilier central pour assurer une coordination efficace entre les différents ministères impliqués dans le secteur touristique, tels que ceux de la Culture, de l'Environnement, des Transports et des Affaires étrangères, tout en évitant les écueils du passé qui ont entravé le développement du secteur.

Composée d'experts du tourisme et de représentants des ministères concernés, la Délégation Interministérielle aurait pour rôle principal de définir les orientations stratégiques nationales et de veiller à la cohérence des actions menées à tous les niveaux. Son objectif serait de garantir que les initiatives prises soient alignées avec les priorités de développement durable, d'inclusion sociale et de croissance économique.

En étant directement sous l'autorité du Premier ministre, cette délégation bénéficierait d'une légitimité et d'une autorité suffisantes pour orchestrer les efforts multisectoriels nécessaires à la transformation du secteur touristique. Cette position lui permettrait également de surmonter les éventuels conflits de compétences entre ministères et d'assurer une mise en œuvre harmonieuse des politiques nationales, tout en tenant compte des spécificités locales.

La Délégation Interministérielle ne se limiterait pas à une simple coordination administrative, mais jouerait également un rôle de soutien actif auprès des collectivités locales. Elle veillerait à ce que celles-ci disposent des ressources financières, techniques et humaines nécessaires pour assumer pleinement leurs nouvelles responsabilités, notamment dans le cadre de la décentralisation de la gestion touristique. En soutenant la montée en compétence des acteurs locaux, la Délégation permettrait à chaque région de valoriser ses atouts spécifiques tout en respectant les normes nationales et internationales.

Cette approche agile et inclusive permettrait de répondre aux défis complexes et transversaux du secteur touristique au Sénégal. Elle favoriserait une réactivité accrue face aux évolutions du marché et une meilleure gestion participative. De plus, elle renforcerait la compétitivité du Sénégal sur la scène internationale en tant que destination de premier plan, tout en assurant une répartition équitable des bénéfices économiques et sociaux à travers les différentes régions du pays. En somme, cette structure contribuerait à faire du tourisme un véritable moteur de développement durable et inclusif, tout en préservant l'identité culturelle et les ressources naturelles du Sénégal.

D. Création d'un Secrétariat d'Etat au tourisme

Le Secrétariat d'Etat au Tourisme, rattaché au ministère des Affaires étrangères, jouera un rôle central dans la nouvelle gouvernance touristique du Sénégal en se concentrant sur la promotion internationale du pays. Ses missions incluent l'élaboration de stratégies globales de promotion, la conception de campagnes marketing innovantes, et la participation aux événements touristiques mondiaux. Il assurera également une collaboration étroite avec les collectivités locales pour promouvoir une image diversifiée et authentique du Sénégal.

Le Secrétariat mettra l'accent sur la valorisation du patrimoine culturel et naturel unique du pays et encouragera le développement d'expériences touristiques authentiques et durables. En outre, il s'efforcera d'améliorer la compétitivité-prix de la destination en réduisant les coûts liés au voyage, notamment par des partenariats stratégiques avec des acteurs clés du secteur.

Le Secrétariat travaillera également en coordination avec le réseau diplomatique sénégalais pour faciliter la promotion du tourisme et simplifier les procédures d'entrée pour les visiteurs. Il s'appuiera sur l'innovation numérique pour renforcer la présence en ligne du Sénégal et utilisera l'analyse des données pour adapter ses stratégies aux tendances du marché.

En plus de ces tâches, le Secrétariat sera chargé de la gestion de l'image du pays à l'international, en développant une identité de marque forte et en gérant les crises potentielles. Il jouera également un rôle clé dans la formation des professionnels du tourisme, la diversification des marchés cibles et le suivi des actions de promotion par des indicateurs de performance et des rapports réguliers.

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IV. Autonomisation des collectivités locales

L'autonomisation des collectivités locales est un pilier central de la nouvelle gouvernance touristique décentralisée, permettant une gestion plus adaptée et réactive aux réalités spécifiques de chaque région. En leur confiant des responsabilités accrues, ces collectivités deviennent des acteurs clés dans le développement et la promotion du tourisme local, tout en étant en première ligne pour répondre aux défis et opportunités de leur territoire.

A. Transfert de compétences

Les collectivités locales se verraient confier la gestion et le développement touristique de leur territoire, un transfert de compétences essentiel pour valoriser les atouts spécifiques de chaque région. Ce processus inclut :

• La gestion autonome du tourisme confierait à chaque région la responsabilité de l’élaboration et de la mise en œuvre de stratégies ou de plans d’action réfléchis, adaptés à ses spécificités, visant à atteindre des objectifs de développement et à améliorer l’attractivité de la destination. Cette responsabilisation est essentielle pour assurer un développement efficace et durable du secteur.

• La valorisation du patrimoine local, qu’il soit naturel, culturel ou historique. Les collectivités locales, mieux placées pour comprendre leur identité et leurs spécificités, joueront un rôle crucial dans la mise en valeur de ces éléments, notamment à travers des festivals, musées ou d'autres initiatives culturelles. Ces actions enrichiront l’offre touristique nationale tout en renforçant l’attractivité de chaque région.

B. Renforcement des capacités

Pour que ces nouvelles compétences soient exercées avec succès, il est nécessaire de renforcer les capacités des acteurs locaux :

• Des programmes de formation seront mis en place pour doter les collectivités des compétences nécessaires, notamment dans les domaines de l’hôtellerie, de la restauration, des langues étrangères et du développement durable. Cette formation sera réalisée en collaboration avec des établissements spécialisés, garantissant un service de qualité aux visiteurs et renforçant la compétitivité de la destination Sénégal.

• Par ailleurs, des outils de gestion et de planification touristique seront mis à disposition des collectivités, leur permettant de mieux comprendre les besoins des visiteurs et de planifier efficacement les investissements, ce qui facilitera l'amélioration des infrastructures et des services touristiques.

C. Mécanismes de financement

L’autonomie financière est un facteur clé pour permettre aux collectivités locales de gérer efficacement le tourisme :

• Les taxes touristiques seraient directement allouées aux collectivités locales, leur fournissant ainsi les ressources nécessaires pour investir dans des projets locaux.

• Des incitations fiscales seraient également mises en place pour encourager les investissements locaux, particulièrement dans les régions sous-équipées. Ces incitations visent à améliorer les infrastructures (hôtels, sites touristiques, restaurants, réseaux de transport) et à renforcer l'attractivité des destinations.

• Les partenariats public-privé (PPP) permettraient aux collectivités locales de collaborer avec des entreprises privées pour financer et développer des infrastructures touristiques. Cela pourrait inclure la construction de complexes hôteliers ou encore l'aménagement et la préservation de réserves naturelles, où le secteur privé contribue au financement en échange d’avantages économiques à long terme.

• Les subventions gouvernementales seraient un moyen par lequel l'Etat pourrait fournir des financements spécifiques pour le développement touristique dans les régions ayant un fort potentiel mais manquant de ressources. Ces subventions pourraient être allouées à des projets d’infrastructure, de promotion ou de formation dans le secteur du tourisme.

• Les fonds internationaux et organismes de développement offrent une autre source de financement que les collectivités locales pourraient solliciter auprès d’organismes tels que la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International (FMI), ou des institutions régionales comme la Banque Africaine de Développement (BAD). Ces fonds peuvent être utilisés pour des projets de grande envergure, tels que la rénovation de sites patrimoniaux ou la création d'infrastructures écoresponsables.

• Le crowdfunding local représente une option où certaines régions pourraient envisager des campagnes de financement participatif pour des projets spécifiques, en mobilisant les populations locales, la diaspora et les amoureux de la destination. Cela permettrait aux communautés de s’approprier les projets tout en diversifiant les sources de financement.

• Les recettes touristiques directes constituent une autre source de financement, où les collectivités locales pourraient bénéficier des revenus générés par les billets d'entrée aux sites touristiques, les permis pour les activités touristiques, ou les redevances versées par les entreprises de tourisme opérant sur leur territoire. Ces fonds seraient ensuite utilisés pour financer l'entretien et l'amélioration des infrastructures locales.

D. Responsabilisation environnementale et sécuritaire

La protection de l’environnement et la sécurité des visiteurs sont des responsabilités essentielles des collectivités locales dans cette nouvelle gouvernance, particulièrement face aux défis structurels qui entravent le tourisme au Sénégal. En effet, l'insalubrité, l'érosion côtière, ainsi que l’insécurité dans certaines zones constituent des obstacles majeurs au développement d’un tourisme durable et attractif. Les collectivités locales doivent donc prendre des mesures concrètes pour répondre à ces enjeux, en mettant en place des politiques écologiques efficaces et des stratégies sécuritaires adaptées afin d’améliorer l’expérience des visiteurs et de préserver les ressources naturelles et patrimoniales du pays.

1. protection de l'environnement

Les collectivités locales devront jouer un rôle central dans la protection de l'environnement, un enjeu crucial pour le développement d’un tourisme durable et respectueux des écosystèmes. Pour atteindre cet objectif, elles devront adopter et mettre en œuvre des politiques écologiques adaptées aux spécificités de chaque région. Ces politiques viseront à minimiser l’impact négatif du tourisme sur l’environnement tout en maximisant les bénéfices socio-économiques pour les communautés locales.

Pour atteindre ces objectifs, plusieurs actions concrètes peuvent être mises en œuvre :

• Gestion des déchets

Une des premières mesures à prendre est la mise en place de systèmes efficaces de gestion des déchets dans les zones touristiques. Cela inclut la mise en place d’infrastructures de collecte et de traitement des déchets, ainsi que des campagnes de sensibilisation auprès des visiteurs et des habitants sur l’importance du recyclage et de la réduction des déchets. Un mauvais système de gestion des déchets peut gravement détériorer l'image d'une destination touristique, affectant l'expérience des visiteurs et compromettant la durabilité du secteur.

• Lutte contre l’érosion côtière

Dans les régions côtières, un défi majeur est la lutte contre l'érosion côtière, exacerbée par le développement touristique non contrôlé et le changement climatique. Les collectivités devront mettre en place des stratégies pour réduire les impacts de cette érosion, telles que l’installation de barrières naturelles comme la reforestation des mangroves ou la construction de structures adaptées pour protéger les plages et les écosystèmes côtiers. Cela permettra non seulement de protéger l’environnement, mais aussi de préserver les plages, qui sont souvent une des principales attractions touristiques.

• Promotion d’un tourisme durable

Les collectivités locales doivent encourager un tourisme durable, c’est-à-dire un tourisme qui respecte l’environnement, bénéficie aux communautés locales, et préserve les ressources pour les générations futures. Cela pourrait passer par la création de certifications vertes pour les hôtels, les restaurants et les opérateurs touristiques qui respectent les normes environnementales. De plus, les collectivités peuvent encourager les pratiques écoresponsables, telles que l'utilisation d’énergies renouvelables dans les infrastructures touristiques, la réduction de la consommation d’eau, et la promotion de transports verts, comme les vélos ou les voitures électriques.

• Sensibilisation et éducation environnementale

Enfin, les collectivités locales joueront un rôle clé dans la sensibilisation des touristes et des habitants à l'importance de préserver l'environnement. Cela peut se faire à travers des programmes d'éducation environnementale, des panneaux d'information dans les sites touristiques, et des campagnes de communication sur les réseaux sociaux. Une population locale bien informée et des visiteurs conscients des enjeux environnementaux et économiques seront plus enclins à adopter des comportements responsables, participant ainsi activement à la préservation de leur environnement.

En mettant en œuvre ces politiques écologiques et en promouvant un tourisme durable, les collectivités locales peuvent non seulement protéger l'environnement, mais aussi garantir que le tourisme reste une source de prospérité à long terme. Cela permettra d'attirer des visiteurs soucieux de l'écologie, de préserver les ressources naturelles et d'améliorer la qualité de vie des habitants.

2. sécurité des visiteurs

En matière de sécurité, les collectivités locales devront déployer des stratégies adaptées pour garantir la protection des touristes, un élément crucial pour renforcer l’attractivité des destinations. Ces stratégies incluront plusieurs aspects :

• Renforcement des patrouilles de sécurité

En collaboration avec les forces de l’ordre, les collectivités locales pourront mettre en place des patrouilles régulières dans les zones touristiques, afin de dissuader les actes de criminalité et d’assurer une présence visible. Cette surveillance accrue rassure les visiteurs et réduit les risques d'incidents.

• Lutte contre le harcèlement

Le harcèlement des touristes, notamment par des vendeurs ambulants ou des guides informels, est un problème récurrent qui peut nuire à l’expérience touristique. Les collectivités locales devront instaurer des réglementations strictes pour encadrer ces activités et veiller à ce que les échanges entre les visiteurs et les prestataires soient respectueuses et professionnelles. Des campagnes de sensibilisation et de formation à l'intention des commerçants locaux et des prestataires de services peuvent contribuer à réduire ces comportements nuisibles.

• Amélioration des infrastructures de sécurité

Cela inclut la mise en place d’équipements modernes comme des caméras de surveillance dans les lieux touristiques fréquentés, des systèmes d’éclairage publics performants pour assurer la sécurité la nuit, ainsi que des postes de sécurité facilement accessibles dans les sites sensibles.

• Création de points d’assistance touristique

Des bureaux d'assistance pourraient être installés dans les principales zones touristiques pour offrir un soutien immédiat aux visiteurs en cas de besoin. Ils permettraient aux touristes d’obtenir des informations, de signaler des incidents, ou de recevoir une aide en cas d'urgence, renforçant ainsi le sentiment de sécurité.

• Partenariat avec les acteurs du tourisme

Les collectivités locales devront travailler en étroite collaboration avec les acteurs du secteur touristique (hôteliers, restaurateurs, guides, agences de voyages) pour garantir une réponse coordonnée aux enjeux de sécurité. Ensemble, ils pourront élaborer des protocoles de sécurité, des procédures d’alerte et des formations pour mieux anticiper et gérer les situations de crise ou d’incidents.

• Formation des forces de sécurité locales

Les forces de l’ordre devront recevoir une formation spécifique sur la gestion des touristes et la sécurité dans les zones touristiques. Une meilleure compréhension des besoins des visiteurs et une approche adaptée aux particularités du secteur touristique contribueront à créer un environnement sécuritaire et accueillant.

En mettant en place ces stratégies locales de sécurité, les collectivités locales assureront un climat de confiance, indispensable pour attirer et fidéliser les visiteurs. Une destination perçue comme sûre devient naturellement plus attractive, et les efforts pour lutter contre le harcèlement et renforcer la sécurité des infrastructures contribueront à améliorer l’expérience globale des touristes.

E. Responsabilité promotionnelle

Avec la suppression de l'ASPT, les collectivités locales joueront désormais un rôle central dans la promotion de leurs destinations, tout en collaborant étroitement avec le Secrétariat d'Etat au Tourisme. Cette collaboration est essentielle pour assurer une promotion touristique efficace au niveau international, en garantissant que les initiatives locales soient intégrées dans une stratégie globale de mise en avant des destinations sénégalaises à l'échelle mondiale.

• Connaissance intime du territoire

Les collectivités locales possèdent une connaissance approfondie de leurs territoires, incluant les atouts naturels, culturels et historiques. Elles sont donc bien placées pour élaborer des stratégies de promotion adaptées, ciblant efficacement les touristes nationaux et internationaux. Par exemple, une région connue pour ses plages pourrait concentrer ses efforts sur le tourisme balnéaire, tandis qu'une autre région, riche en patrimoine culturel, pourrait attirer des visiteurs intéressés par l’histoire, les festivals traditionnels ou l'immersion culturelle. En parallèle, le Secrétariat d'Etat au Tourisme, rattaché au Ministère des Affaires Etrangères, assurera la promotion internationale des destinations sénégalaises en coordonnant les campagnes mondiales, les salons touristiques, et les partenariats stratégiques avec des tour-opérateurs.

• Collaboration avec les acteurs locaux

Les collectivités locales devront travailler en étroite collaboration avec les entrepreneurs, artisans, associations et autres acteurs locaux pour offrir une expérience touristique unique et authentique. Cette collaboration permet de renforcer le tissu économique local en intégrant directement les produits et services locaux dans l’offre touristique. Par exemple, des circuits mettant en valeur l’artisanat traditionnel ou des expériences culinaires locales peuvent enrichir l’attractivité de la région. Le Secrétariat d'Etat au Tourisme, quant à lui, veillera à ce que ces offres locales soient intégrées dans les campagnes internationales de promotion, offrant une vitrine globale aux initiatives locales.

• Renforcement du tissu économique local

En associant étroitement les entreprises locales à la promotion touristique, les collectivités locales stimulent le développement économique de leur région. Cela se traduit par des opportunités d’emploi accrues, l’essor des petites entreprises locales et une meilleure distribution des bénéfices touristiques. Grâce à une promotion locale bien orchestrée, les collectivités peuvent non seulement attirer des touristes internationaux, mais aussi développer le tourisme interne, souvent négligé. Le Secrétariat d'Etat au Tourisme pourra soutenir cet effort en attirant de nouveaux visiteurs internationaux, tout en travaillant à la diversification des marchés touristiques pour réduire la dépendance vis-à-vis de quelques marchés émetteurs.

• Visibilité de la destination Sénégal

La promotion locale par les collectivités, en coopération avec le Secrétariat d'Etat au Tourisme, renforcera la visibilité internationale du Sénégal. Le Secrétariat jouera un rôle clé en assurant une stratégie de marketing globale, utilisant des outils numériques, les réseaux sociaux, et des campagnes internationales pour vendre la destination Sénégal. Il sera aussi responsable d'établir des partenariats avec des compagnies aériennes, des tour-opérateurs et d'autres acteurs mondiaux afin de faciliter l’accès au Sénégal, tout en valorisant les spécificités locales à travers des collaborations avec les collectivités.

• Promotion d’un tourisme durable et respectueux des communautés locales

Les collectivités locales, en collaboration avec le Secrétariat d'Etat au Tourisme, doivent veiller à promouvoir un tourisme durable qui respecte l'environnement et les communautés locales. Elles devront encourager des pratiques touristiques responsables, telles que la préservation des sites naturels et la promotion des produits locaux, tout en sensibilisant les touristes à ces enjeux. En parallèle, le Secrétariat assurera que les offres locales respectant les critères de durabilité soient mises en avant dans les campagnes internationales, attirant des visiteurs soucieux de l'impact environnemental de leurs voyages.

La responsabilité promotionnelle des collectivités locales, soutenue par une étroite collaboration avec le Secrétariat d'Etat au Tourisme, permettra de maximiser l’attractivité des destinations sénégalaises, tout en assurant une promotion cohérente, durable et inclusive.

F. Ecoute des besoins de la population

Un tourisme durable repose sur une approche qui prend en compte les besoins et préoccupations de la population locale, car ces derniers sont souvent les premiers à ressentir les effets du développement touristique, qu'ils soient positifs ou négatifs. Les collectivités locales devront adopter une approche participative, impliquant activement les communautés locales dans la planification, la gestion et la promotion des projets touristiques. Cela permettra non seulement de renforcer l’adhésion des populations aux initiatives touristiques, mais aussi d’éviter les dérives associées au tourisme de masse, qui peuvent déstabiliser les environnements socio-culturels et économiques des régions concernées.

Quelques aspects clés doivent être pris en compte dans cette approche participative :

• Consultations régulières avec les habitants

Les collectivités locales devront organiser des consultations publiques, des réunions ou des ateliers participatifs avec les communautés locales pour recueillir leurs idées, préoccupations, et attentes concernant les projets touristiques. Ces échanges permettront de mieux comprendre les impacts réels du tourisme sur la population et d’ajuster les stratégies en conséquence. Par exemple, dans des zones où l’inflation des prix liée au tourisme pourrait impacter négativement la qualité de vie des habitants, des mesures spécifiques pourraient être envisagées pour contrôler les effets économiques.

• Préservation de la culture et des traditions locales

Les populations locales sont souvent les gardiens du patrimoine culturel et des traditions. En les intégrant dans le processus décisionnel, les collectivités locales peuvent s'assurer que les pratiques touristiques respectent et valorisent les traditions locales, sans les dénaturer. Par exemple, les célébrations ou événements traditionnels peuvent être intégrés dans les offres touristiques, tout en s'assurant que la dimension spirituelle ou culturelle soit préservée et respectée.

• Partage équitable des retombées économiques

Le développement touristique doit également bénéficier aux populations locales en termes d’emplois, de revenus, et d’opportunités économiques. En écoutant les préoccupations des habitants, les collectivités locales pourront concevoir des projets qui assurent un partage équitable des bénéfices entre les acteurs locaux, tels que les artisans, les commerçants, ou les prestataires de services, et éviter que seuls les grands opérateurs touristiques en profitent. Cela pourrait inclure la mise en place de marchés ou d’espaces dédiés aux produits locaux dans les zones touristiques, ou encore des formations pour permettre aux résidents de bénéficier des opportunités créées par le tourisme.

• Protection contre les nuisances du tourisme

L'un des principaux risques du développement touristique est l’apparition de nuisances pour les populations locales, telles que la dégradation de l'environnement, la hausse des prix ou encore la saturation des infrastructures publiques. En prenant en compte ces enjeux, les collectivités locales pourront adopter des politiques qui protègent la qualité de vie des résidents, comme la régulation du nombre de visiteurs dans certaines zones ou la création de zones tampons pour protéger les espaces résidentiels.

• Tourisme inclusif et respectueux

Un tourisme respectueux implique non seulement de prendre en compte les besoins des populations, mais aussi de faire en sorte que les visiteurs adoptent des comportements responsables. Les collectivités locales devront sensibiliser les touristes aux réalités locales et encourager des pratiques de tourisme inclusif. Par exemple, des campagnes d’information pourraient être mises en place pour informer les visiteurs sur les coutumes locales, les règles à respecter, ou encore les impacts environnementaux de leurs activités, tout en encourageant les échanges respectueux entre les visiteurs et les résidents.

• Capacités locales renforcées

Les collectivités locales devront également travailler à renforcer les capacités des populations locales pour qu'elles puissent jouer un rôle actif dans le développement touristique. Cela pourrait inclure des formations en gestion d'entreprise, des ateliers pour développer l’artisanat local ou des cours de langues étrangères pour améliorer la communication avec les visiteurs. En investissant dans les compétences locales, les communautés deviendront des acteurs clés du tourisme, capables de tirer profit des opportunités tout en préservant leur cadre de vie.

En adoptant cette approche participative, les collectivités locales s’assureront que le tourisme contribue au développement harmonieux des territoires et qu'il soit perçu non seulement comme une opportunité économique, mais aussi comme un levier pour améliorer la qualité de vie des habitants. Cela contribuera également à renforcer la cohésion sociale et à éviter les conflits potentiels entre les touristes et les résidents, en créant un cadre de collaboration et de respect mutuel.

G. Collecte et analyse des données

Pour ajuster l’offre touristique aux attentes des visiteurs, les collectivités locales doivent mettre en place des mécanismes efficaces de collecte et d’analyse de données. Cela inclut la récolte d’informations sur les profils, habitudes et préférences des touristes, ainsi que leur satisfaction. Ces données permettront de développer des stratégies adaptées et réactives, telles que l’amélioration des infrastructures, la création d'offres personnalisées, et l’optimisation des campagnes promotionnelles. En outre, ces outils faciliteront le suivi des performances touristiques pour garantir que les retombées économiques et sociales profitent aux communautés locales tout en améliorant continuellement l’expérience des visiteurs.

H. Intégration dans la stratégie nationale

Bien que les collectivités locales agissent de manière autonome, leur rôle doit s’inscrire dans une stratégie nationale plus large. Elles devront collaborer étroitement avec le Secrétariat d'Etat au Tourisme, la Délégation Interministérielle et d'autres entités gouvernementales afin d'assurer une gouvernance cohérente et synergique à l'échelle nationale. La Délégation Interministérielle, sous l'autorité du Premier ministre, jouera un rôle clé dans la coordination des efforts entre les différents ministères et les collectivités locales, en veillant à ce que les initiatives locales soient harmonisées avec les priorités nationales. Cette structure permettra également de s’assurer que les projets locaux respectent les objectifs nationaux en matière de durabilité, d’attractivité et de compétitivité, tout en apportant un soutien technique et financier aux collectivités pour développer des stratégies touristiques efficaces. L'intégration dans cette stratégie nationale renforcera la capacité des collectivités à promouvoir leurs territoires tout en contribuant au rayonnement global du Sénégal sur la scène internationale.

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V. Synergies et partenariats

La réussite de ce modèle repose sur la création de synergies solides et durables entre les différents acteurs du secteur touristique.

A. Collaboration public-privé

• Le secteur privé sera un partenaire clé dans l’élaboration et la mise en œuvre des stratégies touristiques locales. Cela inclura les opérateurs touristiques, les hôteliers, et les entrepreneurs locaux, qui joueront un rôle crucial dans l'amélioration de l’offre touristique.

• Des mécanismes de concertation réguliers seront instaurés pour faciliter le dialogue entre les acteurs publics et privés, garantissant ainsi une coordination efficace pour le développement et la modernisation des infrastructures et services touristiques, tout en veillant à l'optimisation des ressources financières et humaines.

B. Coopération inter-collectivités

La coopération entre les collectivités locales sera essentielle pour créer des destinations touristiques régionales cohérentes et diversifiées. Les régions pourront travailler ensemble pour mutualiser leurs ressources et renforcer l’impact de leurs efforts de promotion.

• Création de destinations touristiques régionales

En collaborant, les collectivités peuvent regrouper leurs offres pour créer des circuits touristiques régionaux ou des destinations intégrées, où les visiteurs peuvent découvrir plusieurs sites ou activités en une seule visite. Cela permet de fédérer les attractions locales sous une même identité touristique régionale, augmentant ainsi leur attractivité.

• Lutte contre la saisonnalité

coordonnant leurs efforts, les collectivités pourront proposer des activités touristiques tout au long de l’année et éviter que certaines périodes soient délaissées. Cela pourrait inclure l’organisation d’événements, de festivals culturels, ou de programmes spécifiques pendant les périodes de basse saison, attirant ainsi des visiteurs et soutenant l’économie locale même en dehors des périodes de forte affluence.

• Mutualisation des ressources

La coopération inter-collectivités permettra également la mutualisation des ressources financières, humaines et matérielles pour optimiser la promotion touristique, le développement des infrastructures, et la gestion des sites touristiques. Cela permettra de réduire les coûts et d'améliorer la qualité des services proposés aux visiteurs.

C. Partenariats internationaux

Les partenariats internationaux seront un levier important pour améliorer l’image du Sénégal à l'échelle mondiale et renforcer l’offre touristique.

• Jumelages avec des destinations étrangères

Les collectivités locales pourraient établir des jumelages avec des destinations touristiques étrangères afin de faciliter les échanges de bonnes pratiques, de promouvoir les destinations sénégalaises à l'international, et d'améliorer la gestion touristique locale grâce à l'expérience des autres pays. Cela encouragera le transfert de compétences, de savoir-faire et d’innovations dans le domaine du tourisme.

• Attraction d’investissements étrangers

Des efforts seront déployés pour attirer des investissements étrangers dans le secteur touristique, particulièrement dans les régions qui disposent d’un fort potentiel mais manquent d’infrastructures adéquates. Ces investissements pourraient aider à financer des projets de grande envergure tels que la construction de complexes hôteliers, la modernisation des infrastructures de transport ou la création de parcs touristiques.

D. Partenariats écologiques

La préservation de l'environnement est une condition essentielle pour assurer un développement touristique durable au Sénégal. Les partenariats écologiques permettront de renforcer les efforts de conservation et de lutte contre les menaces environnementales.

• Collaboration avec des organisations environnementales

Les collectivités locales devront travailler avec des ONG environnementales et d'autres acteurs spécialisés dans la protection de l'environnement pour lutter contre les effets néfastes du tourisme sur les écosystèmes. Cela inclut des actions pour lutter contre l'érosion côtière, la déforestation, et la pollution dans les zones touristiques sensibles, en adoptant des solutions durables qui protègent les ressources naturelles tout en permettant le développement touristique.

• Sensibilisation et formation

Des programmes de sensibilisation aux pratiques écologiques seront mis en place pour les acteurs du tourisme, qu’il s’agisse des hôteliers, des guides touristiques, ou des commerçants. Ces formations porteront sur des thèmes tels que la gestion des déchets, l'économie d'énergie, la réduction de l’empreinte carbone, et l'importance de la conservation des ressources naturelles. En formant les acteurs du tourisme, les collectivités locales s'assurent que le développement touristique respecte l’environnement et contribue à la protection des atouts naturels du pays.

En créant ces synergies et partenariats, les collectivités locales, en collaboration avec le secteur privé, les autres collectivités, les partenaires internationaux et les organisations environnementales, pourront maximiser les avantages économiques, sociaux et environnementaux du tourisme tout en garantissant la durabilité du secteur.

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I. Etat des lieux de l'insalubrité dans les zones touristiques

L'insalubrité au Sénégal se manifeste de manière particulièrement visible dans les zones touristiques, affectant significativement l'attrait de ces destinations. Une analyse des principaux sites touristiques permet de dresser un tableau de la situation et de ses implications pour le secteur.

A. Cartographie des sites touristiques touchés

1. Les îles historiques de Gorée et de Saint-Louis

L'île historique de Gorée, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, est particulièrement touchée par l'insalubrité, qui menace son patrimoine et son attrait touristique. Les plages et les ruelles de l'île subissent une accumulation régulière de déchets qui défigure de son paysage historique. Cette pollution visuelle nuit à l'authenticité et à l’atmosphère de Gorée, altérant l'expérience des visiteurs et brouillant leur perception du site. La situation est aggravée par un système de collecte des ordures inadapté à la forte affluence touristique. De plus, les courants marins transportent ces déchets jusqu'aux fonds marins de Gorée, dénaturant des écosystèmes autrefois préservés dans les profondeurs de l'océan Atlantique.

Saint-Louis se situe dans un cadre exceptionnel, entre la mer, les bras du fleuve, la mangrove et les corniches. Ce décor unique offre des opportunités touristiques immenses. Cependant, la ville fait face à une situation préoccupante d’insalubrité : les déchets s’accumulent dans les rues, les marchés et sur les plages. A l’entrée de la ville, des décharges à ciel ouvert sont visibles, et des milliers de sachets plastiques jonchent les arbres et les abords des routes. Les marchés souffrent d’un manque flagrant d’hygiène, et même l’île de Saint-Louis, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, n’est pas épargnée par cette pollution.
Cette insalubrité envahissante dégrade le cadre de vie des habitants et prive Saint-Louis de son charme et de son potentiel touristique.

2. Les stations balnéaires de Saly et de Cap Skirring

Saly, station balnéaire de la Petite-Côte sénégalaise, fait face à des problèmes d’insalubrité croissants qui nuisent à son image touristique. Les rues sont envahies de déchets, des poubelles débordent, et des écoulements d’eaux usées polluent les espaces publics, tandis que les plages sont souillées à plusieurs endroits. L’insuffisance des infrastructures de collecte des ordures aggrave cette situation, laissant une impression de négligence et compromettant l'attrait du site pour les visiteurs comme pour ses habitants.

Cap Skirring, station balnéaire emblématique de la Casamance, présente un contraste frappant entre son potentiel touristique exceptionnel et ses enjeux de propreté. Le site, caractérisé par sa plage majestueuse entre forêt et océan, voit sa valorisation freinée par des problèmes d'entretien. Le défi se manifeste particulièrement par la présence de déchets sur certaines parties de la plage, résultat d'un manque de suivi régulier et du comportement inadéquat de certains visiteurs. Ce phénomène compromet l'attrait naturel de ce site remarquable.

3. Les plages de la Petite-Côte et de la Grande-Côte

La Petite-Côte, destination balnéaire prisée du Sénégal, subit une dégradation environnementale alarmante due à l'insalubrité croissante. Les plages sont particulièrement touchées par une pollution de déchets plastiques, un phénomène qui aggrave dangereusement l'érosion côtière déjà préoccupante dans la région. Cette accumulation de sachets plastiques, bouteilles et autres détritus ne se limite pas à un impact visuel ; elle menace gravement les écosystèmes marins et compromet la survie de nombreuses espèces aquatiques. Les conséquences se font également sentir sur le plan économique, avec une diminution notable des activités nautiques et balnéaires, piliers du tourisme local. Cette situation met en péril l'attractivité de cette destination autrefois prisée pour ses plages immaculées.

La Grande-Côte, qui s'étend au nord de Dakar, fait face à une situation environnementale inquiétante liée à l'insalubrité. Le déversement sauvage et incontrôlé de déchets ménagers, plastiques et encombrants sur les plages dégrade considérablement le paysage côtier. Au-delà de l'impact visuel, cette pollution menace gravement la biodiversité marine, les déchets emportés par les marées perturbant les habitats naturels et mettant en péril la survie de nombreuses espèces.
Cette situation est aggravée par une urbanisation anarchique qui complique l'accès aux services d'assainissement. Les rejets d'eaux usées non traitées dans la mer et la gestion défaillante des déchets, caractérisée par un ramassage irrégulier, créent un environnement insalubre propice aux maladies. Ces conditions détériorent non seulement la qualité de vie des habitants mais compromettent également le potentiel touristique de cette zone côtière.

4. Les centres urbains touristiques

Dakar

L'insalubrité à Dakar demeure un problème sérieux, affectant la qualité de vie et l’environnement urbain. Elle est amplifiée par les comportements inciviques de nombreux citoyens qui jettent leurs déchets dans les espaces publics, contribuant à la dégradation de la ville. Les infrastructures de gestion des déchets sont inadéquates : le manque de poubelles publiques et de systèmes de collecte efficaces entraîne une accumulation d’ordures dans les rues et la prolifération de décharges sauvages. Les activités commerciales non réglementées contribuent également à la pollution. L’urbanisation rapide et mal planifiée exacerbe la situation, car les infrastructures peinent à suivre le rythme de croissance démographique, notamment dans les quartiers populaires où les systèmes d’assainissement sont souvent absents. Le manque de sensibilisation aux enjeux d’hygiène freine aussi l’adoption de comportements responsables parmi la population, et cette insalubrité croissante affecte négativement l’attractivité touristique de Dakar.

Autres centres urbains d'intérêt touristique

Au-delà de la capitale, les autres centres urbains touristiques du Sénégal sont également confrontés à des défis majeurs en matière d'insalubrité, qui compromettent leur potentiel d'attraction et la qualité de l'expérience des visiteurs.

La défaillance des systèmes de collecte des déchets constitue une problématique centrale dans ces localités. Les services municipaux peinent à assurer un ramassage régulier des ordures, entraînant leur accumulation dans les rues et les espaces publics. Les moyens techniques et humains limités des municipalités ne permettent pas de faire face efficacement au volume des déchets à traiter, créant des conditions qui nuisent à l'image de ces destinations.

Les problèmes d'hygiène dans les zones de restauration soulèvent également des inquiétudes légitimes. Les établissements de restauration, notamment ceux situés dans les quartiers périphériques, font face à des difficultés récurrentes en matière d'assainissement. L'évacuation des eaux usées, le stockage des déchets alimentaires et les conditions de préparation des repas ne répondent pas toujours aux normes requises. Cette situation expose les touristes à des risques sanitaires et ternit la réputation gastronomique de ces destinations.

L'impact sur l'attractivité des centres historiques est particulièrement dommageable. Ces quartiers, qui constituent souvent le cœur de l'offre touristique, voient leur charme patrimonial compromis par les problèmes d'insalubrité. La présence de déchets et le manque d'entretien général créent un net contraste avec la richesse architecturale et culturelle de ces lieux. Cette dégradation affecte non seulement l'expérience immédiate des visiteurs mais compromet également le développement touristique à long terme de ces centres urbains.

B. Manifestations de l'insalubrité

1. Accumulation des déchets plastiques

L'accumulation des déchets plastiques constitue l'une des manifestations les plus visibles de l'insalubrité au Sénégal, notamment dans les zones touristiques. Les sachets plastiques, bien que théoriquement interdits par la loi n°2020-04 du 8 janvier 2020 qui bannit tous les produits plastiques à usage unique, continuent de proliférer dans les paysages urbains et naturels, générant une pollution visuelle qui détériore l'attrait des sites touristiques. Les plages, en particulier, sont régulièrement envahies par des déchets plastiques, apportés par les marées ou abandonnés par les populations, transformant ces lieux paradisiaques en décharges à ciel ouvert.

Cette situation affecte gravement la faune marine et côtière, avec des conséquences désastreuses sur l'écosystème local. Les tortues marines, les poissons et les oiseaux sont particulièrement touchés, avalant souvent des déchets plastiques qu'ils confondent avec leur nourriture. Outre son impact environnemental, la présence massive de ces déchets pose d'importants défis en matière de nettoyage et d'élimination. Les services municipaux, souvent débordés et sous-équipés, peinent à maintenir la propreté des sites, tandis que les solutions de recyclage restent limitées, perpétuant un cycle de pollution qui nuit gravement à l'image touristique du pays.

2. Gestion défaillante des ordures

La gestion défaillante des ordures représente un problème chronique dans les zones touristiques du Sénégal. Les points de collecte, insuffisants en nombre et mal entretenus, débordent régulièrement, créant des amoncellements d'ordures qui défigurent le paysage urbain. Le ramassage des déchets, marqué par son irrégularité, ne suit pas un calendrier fiable, laissant parfois les déchets s'accumuler pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines. L'absence d'un système de tri sélectif aggrave la situation, mélangeant tous types de déchets et compliquant leur traitement ultérieur. Cette défaillance systémique conduit à la multiplication des décharges sauvages, y compris à proximité immédiate des sites touristiques, créant ainsi des zones insalubres qui compromettent sérieusement l'attrait touristique des lieux.

3. Dégradation des espaces publics

La dégradation des espaces publics se manifeste de manière alarmante dans les zones touristiques du Sénégal. Les aires de loisirs et de détente, conçues pour accueillir visiteurs et habitants, se détériorent progressivement en raison du manque d'entretien et de l'accumulation de déchets. Les sites historiques et culturels, véritables richesses du patrimoine sénégalais, voient leur beauté ternie par une pollution visuelle omniprésente, altérant ainsi l'expérience des visiteurs. Les promenades, les corniches et les allées piétonnes perdent leur attrait face à une insalubrité croissante, tandis que les espaces verts, pourtant essentiels à l'embellissement urbain, se transforment progressivement en zones dégradées, privant habitants et visiteurs d'espaces agréables pour se reposer et contempler leur environnement.

Cette cartographie détaillée de l'insalubrité dans les zones touristiques sénégalaises met en évidence l'ampleur du problème et son impact direct sur l'attractivité des destinations. Elle souligne la nécessité d'une intervention urgente et coordonnée pour préserver le potentiel touristique du pays et garantir une expérience de qualité aux visiteurs.

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II. Impacts sur le secteur touristique

A. Effets directs sur l'expérience touristique

L'insalubrité au Sénégal impacte directement et profondément l'expérience des touristes lors de leur séjour. La présence constante de déchets, d'odeurs désagréables et le manque d'hygiène dans les espaces publics (rues, plages…) dégradent significativement la qualité de leur voyage, transformant parfois ce qui devait être un séjour de rêve en une expérience décevante. Les visiteurs s'exposent à de réels risques sanitaires en raison des conditions d'hygiène précaires, de la pollution environnante et du manque d'infrastructures sanitaires adéquates, pouvant occasionner des problèmes de santé qui gâchent leur séjour. L'écart flagrant entre les images paradisiaques véhiculées par les supports promotionnels et la réalité du terrain génère une profonde déception chez les touristes, qui se sentent souvent trompés par une communication marketing en décalage total avec les conditions réelles qu'ils découvrent sur place.

B. Conséquences sur l'image et la réputation

1. Inefficacité des efforts promotionnels

Les efforts de promotion visant à valoriser la destination Sénégal se heurtent à la réalité persistante de l’insalubrité sur le terrain. Malgré la modernité des plateformes numériques, celles-ci peinent à convaincre face aux témoignages et photos partagés par des visiteurs déçus. Les investissements conséquents réalisés dans la promotion touristique se révèlent largement inefficaces, leurs effets étant systématiquement sapés par les conditions de propreté constatées sur place.

2. Dissonance entre promotion et réalité

La dissonance entre la promotion touristique et la réalité du terrain constitue un handicap significatif pour le tourisme sénégalais. Les supports marketing présentent généralement des images idylliques de plages immaculées et de paysages vierges, créant des attentes élevées chez les visiteurs potentiels. Cependant, une fois sur place, les touristes sont souvent confrontés à une réalité bien différente, marquée par la présence visible de déchets et un environnement dégradé.

Les supports promotionnels, qu'ils soient numériques ou imprimés, perdent ainsi toute crédibilité aux yeux des visiteurs, qui perçoivent un manque flagrant d'authenticité dans la communication touristique officielle. Cette situation génère non seulement de la déception, mais remet également en question la sincérité même des efforts de promotion du pays. Les campagnes marketing, aussi perfectionnées soient-elles, deviennent contre-productives lorsqu'elles se heurtent aux témoignages directs des visiteurs qui partagent leur expérience réelle. Ce décalage entre l'image vendue et la réalité vécue nuit considérablement à la réputation de la destination, créant un cercle vicieux où les efforts promotionnels perdent progressivement de leur impact et de leur efficacité.

3. Amplification par les réseaux sociaux

Les réseaux sociaux jouent aujourd'hui un rôle crucial dans l'amplification des problèmes d'insalubrité au Sénégal. Les photos et vidéos de déchets ou de sites pollués, partagées par les touristes sur leurs comptes personnels, se propagent rapidement et touchent un public international considérable. Cette viralité s'accompagne d'avis négatifs publiés sur les plateformes de voyage comme TripAdvisor, qui influencent directement les décisions des futurs voyageurs. L'effet multiplicateur des réseaux sociaux est particulièrement préjudiciable car chaque témoignage négatif peut être partagé, commenté et relayé des milliers de fois, créant une image dégradée de la destination qui persiste dans le temps. Face à ce flux continu de contenus générés par les utilisateurs, les autorités touristiques se trouvent dans l'impossibilité de maîtriser le discours autour de la destination, les témoignages authentiques des visiteurs ayant souvent plus de poids que les communications officielles.

4. Perte de confiance des prescripteurs touristiques

L'insalubrité croissante au Sénégal pourrait engendrer une érosion significative de la confiance des prescripteurs touristiques. Les tour-opérateurs, potentiellement confrontés aux retours négatifs de leurs clients, pourraient manifester une réticence grandissante à promouvoir la destination dans leurs catalogues et programmes. Les agences de voyages, susceptibles d'être en première ligne face aux réclamations et aux déceptions des voyageurs, risqueraient d'éprouver des difficultés croissantes à valoriser et à vendre la destination, préférant peut-être orienter leur clientèle vers des pays concurrents offrant de meilleures garanties de satisfaction. Les médias spécialisés dans le tourisme, autrefois prompts à vanter les attraits du Sénégal, pourraient devenir plus critiques dans leur couverture, affectant ainsi la visibilité positive du pays sur la scène internationale. Cette possible détérioration de l'image serait susceptible d'impacter également les partenariats promotionnels internationaux, rendant plus difficile la conclusion d'accords avec des acteurs majeurs du tourisme mondial qui hésiteraient à associer leur réputation à une destination dont l'attractivité serait compromise par des problèmes d'insalubrité.

C. Répercussions économiques

L'insalubrité pourrait avoir des répercussions économiques considérables sur le secteur touristique sénégalais. Une baisse potentielle de la fréquentation touristique, liée à la dégradation de l'image de la destination, risquerait d'entraîner une diminution significative des revenus pour l'ensemble des acteurs du secteur, des hôteliers aux artisans locaux. Les investissements réalisés dans les infrastructures touristiques pourraient perdre de leur valeur face à un environnement dégradé, décourageant de nouveaux investisseurs potentiels. Cette situation serait susceptible d'affaiblir la position concurrentielle du Sénégal face à des destinations émergentes comme le Cap-Vert ou la Côte d'Ivoire, qui misent sur la qualité environnementale pour attirer les visiteurs. Cette spirale défavorable ainsi créée pourrait compromettre la capacité du secteur à générer des emplois et des revenus durables pour l'économie nationale.

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III. Causes structurelles de l'insalubrité

A. Facteurs institutionnels

Les facteurs institutionnels constituent l'une des principales causes structurelles de l'insalubrité au Sénégal. Les systèmes de collecte et de traitement des déchets souffrent d'insuffisances chroniques, tant en termes d'équipements que de couverture géographique. Les réglementations existantes en matière d'hygiène et de salubrité publique, bien qu'elles existent, font l'objet d'une application insuffisante, notamment en raison de moyens de contrôle limités et d'un suivi irrégulier des infractions, compromettant ainsi l'efficacité des politiques de lutte contre l'insalubrité.

B. Facteurs socioculturels

Les facteurs socioculturels jouent un rôle déterminant dans la problématique de l'insalubrité au Sénégal. Les comportements et habitudes de la population en matière de gestion des déchets révèlent souvent un manque de conscience environnementale, avec des pratiques comme le jet de détritus dans les espaces publics devenues courantes. Cette situation témoigne d'une sensibilisation environnementale insuffisante, où les conséquences des actes individuels sur l'environnement et le cadre de vie collectif ne sont pas pleinement intégrées. Le déficit d'éducation civique se manifeste notamment dans le rapport à l'espace public, perçu parfois comme un espace n'appartenant à personne plutôt qu'un bien commun à préserver. On observe ainsi une forme de déresponsabilisation collective face aux enjeux de propreté, où chacun attend de l'autre qu'il prenne l'initiative, créant une spirale négative qui renforce les comportements inadéquats. Cette situation est d'autant plus préoccupante que les jeunes générations, faute d'exemples positifs et d'une éducation environnementale structurée, risquent de perpétuer ces pratiques préjudiciables à l'attractivité touristique du pays.

C. Facteurs économiques

Les facteurs économiques jouent un rôle déterminant dans la persistance de l'insalubrité au Sénégal. L'insuffisance des moyens financiers alloués à la gestion des déchets constitue un obstacle majeur, les collectivités locales ne disposant pas des ressources nécessaires pour mettre en place des systèmes efficaces de collecte et de traitement. Cette contrainte budgétaire se traduit également par un manque criant d'investissement dans les infrastructures essentielles, telles que les centres de tri, les décharges contrôlées ou les unités de recyclage. Par ailleurs, les coûts élevés liés à la gestion des déchets, notamment pour l'acquisition et l'entretien des équipements, le carburant et la main-d'œuvre, dépassent souvent les capacités financières des communes. Cette situation est d'autant plus préoccupante que les recettes fiscales locales demeurent insuffisantes pour couvrir ces dépenses, alimentant ainsi un processus où l'insuffisance des moyens génère l'insalubrité, laquelle compromet en retour le développement économique et touristique du pays.

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I. Présentation des entités SAPCO-Sénégal SA et ASPT

A. SAPCO-Sénégal SA, spécialiste de l’aménagement touristique et de ses filiales dédiées

La Société d'Aménagement et de Promotion des Côtes et Zones Touristiques du Sénégal (SAPCO) constitue un pilier historique du développement touristique sénégalais. Créée en 1975, cette société anonyme à participation publique dispose d'un capital de 1,2 milliard de FCFA, détenu à 98,75% par l'Etat sénégalais. Sa longévité témoigne de son rôle fondamental dans la structuration du paysage touristique national. Initialement focalisée sur le développement de la Petite-Côte, ses compétences ont été progressivement étendues à l'ensemble du territoire sénégalais en 2004, marquant une nouvelle étape dans son évolution institutionnelle.

En 2013, une convention générale a redéfini et renforcé sa mission fondamentale, lui assignant l'objectif de structurer, développer et promouvoir le tourisme au Sénégal. La SAPCO se positionne ainsi comme l'aménageur principal des zones touristiques du pays, avec une responsabilité couvrant l'intégralité de la chaîne de valeur touristique.

Les missions principales de la SAPCO s'articulent autour de trois axes stratégiques.

Premièrement, elle planifie et aménage les zones touristiques
en constituant des Zones d'Intérêt Touristique (ZIT) sur l'ensemble du territoire national. Dans ces zones, elle réalise les infrastructures de base (voiries, réseaux) et les équipements collectifs nécessaires à l'accueil des visiteurs et des investisseurs. Cette mission assure le contrôle foncier des sites à potentiel et facilite la création de stations balnéaires ou écotouristiques prêtes à l'emploi.

Deuxièmement, la SAPCO attire des investisseurs et développe l'offre hôtelière. Elle identifie et attire des investisseurs, tant nationaux qu'internationaux pour financer des projets hôteliers et para-hôteliers sur les sites qu'elle a préalablement aménagés. Elle commercialise ou loue les terrains viabilisés aux promoteurs qualifiés, tout en veillant à ce que les projets respectent scrupuleusement les normes urbanistiques et environnementales définies par l'Etat.

Troisièmement, elle assure la gestion et l'entretien des stations touristiques créées, garantissant ainsi leur durabilité. Cette mission implique la maintenance des équipements, la propreté et la sécurité des lieux. La SAPCO veille également à l'animation touristique locale et à la promotion des investissements pour maximiser l'affluence de visiteurs. Elle agit en tant qu'opérateur touristique intégré, impliqué dans toutes les opérations commerciales, financières et immobilières liées au développement des zones touristiques.

En cinquante ans d'activité, la SAPCO affiche des réalisations significatives, dont la plus emblématique reste la station balnéaire de Saly Portudal. Ce projet phare a abouti à la construction de 17 hôtels, 35 résidences, 300 commerces et 5 villages de vacances sur la Petite-Côte. Les retombées économiques sont significatives, avec plusieurs centaines de millions de FCFA de taxes versées à la commune de Saly et 13 000 emplois directs et indirects générés, impactant positivement les secteurs locaux tels que la pêche, l’artisanat et l’agriculture.

Forte de ce succès, la société pilote aujourd'hui le développement de nouveaux pôles touristiques, notamment Pointe-Sarène (110 hectares au sud de Saly) et Mbodiène, où un investissement de 130 milliards FCFA est en cours pour la réalisation d'un vaste complexe hôtelier. L’ouverture en 2022 du resort RIU Baobab à Pointe-Sarène, doté de 522 chambres, démontre la capacité de la SAPCO à mener à bien des projets d’envergure, renforçant ainsi l’offre hôtelière nationale.

Dans une dynamique de diversification et d'expansion, la SAPCO a récemment renforcé sa présence dans l'écosystème touristique avec la création de deux filiales spécialisées. En octobre 2024, sous la présidence du Premier ministre Ousmane Sonko, elle a lancé la Sénégalaise de Logistique et de Tourisme (SLT), dédiée au transport, à la logistique et à la gestion des ordures dans les zones touristiques. Cette filiale vise à améliorer l'accessibilité des sites (transferts, navettes) et à optimiser la gestion des services supports (propreté des plages, gestion des déchets).

Parallèlement, elle a créé SAPCO Properties, filiale orientée vers la construction et l'immobilier touristiques. Sa vocation consiste à développer et gérer des actifs immobiliers (hôtels, résidences, centres de loisirs) pour le compte de la SAPCO, et à faciliter les partenariats public-privé dans ce domaine. Selon le Directeur général de la SAPCO, M. Serigne Mamadou Mboup, ces filiales reflètent une stratégie d'intégration verticale de l'offre touristique sénégalaise, en phase avec les orientations définies par les pouvoirs publics pour la période 2025-2029.

B. ASPT, acteur de la promotion et du marketing de la destination Sénégal

L'Agence Sénégalaise de Promotion Touristique (ASPT) représente quant à elle un outil plus récent dans l'arsenal institutionnel du tourisme sénégalais. Créée en 2014, l'ASPT est une agence d'exécution de l'Etat spécifiquement chargée de la promotion du tourisme sénégalais. Placée sous la tutelle du ministère du Tourisme, elle constitue le bras opérationnel pour valoriser la marque Destination Sénégal, Pays de la Teranga et renforcer l'attractivité du pays tant à l'international qu'auprès des voyageurs domestiques.

Les missions de l'ASPT couvrent l'ensemble du marketing territorial et de la promotion de l'offre touristique nationale. Elle assure la promotion du tourisme sénégalais sur les marchés étrangers et au niveau national, en mettant en œuvre la politique définie par l'Etat. Cette mission comprend l'élaboration de campagnes de communication, la conception publicitaire, le branding du pays et la gestion de la présence en ligne (sites web, réseaux sociaux) pour accroître la visibilité internationale du Sénégal.

L'agence travaille également à améliorer l'image et l'attrait du Sénégal et à stimuler le tourisme interne. Elle valorise des produits diversifiés comme l'écotourisme, le tourisme culturel ou d'affaires, afin d'élargir l'offre au-delà du segment balnéaire. Une composante essentielle de sa mission consiste à encourager les Sénégalais à voyager dans leur propre pays, contribuant ainsi à répartir les flux touristiques et à soutenir les acteurs locaux.

L'ASPT noue des partenariats stratégiques avec divers acteurs (compagnies aériennes, agences de voyages, plateformes numériques, bailleurs, etc.) pour soutenir ses initiatives promotionnelles. Ces alliances permettent de cofinancer des actions marketing, d'organiser des événements, ou d'intégrer le Sénégal dans des circuits touristiques régionaux plus larges, augmentant ainsi sa visibilité internationale.

La coordination des actions promotionnelles et événementielles constitue un autre volet essentiel de son activité. L'agence organise la participation du Sénégal aux principales foires et salons internationaux du tourisme (IFTM Top Resa, ITB Berlin, FITUR, etc.). Elle conçoit également des opérations de promotion spécifiques, telles que des voyages de découverte (éductours) pour tour-opérateurs, des voyages de presse, des campagnes ciblées, et coordonne les grands événements touristiques nationaux.

Enfin, l'ASPT assure une veille permanente sur les marchés émetteurs à travers des études de tendances et l'intelligence économique, analysant les segments porteurs. Elle accompagne activement les opérateurs touristiques privés, hôteliers, agences, promoteurs, dans le développement et la promotion de leurs offres.

Concrètement, l'ASPT gère le portail officiel VisitezleSenegal.com, alimente les campagnes publicitaires (slogans, visuels) et s'assure de la diffusion large des informations sur la destination (guides, brochures, relations presse). L'agence s'implique également dans l'amélioration continue des produits touristiques en partenariat avec les professionnels pour garantir des prestations de qualité correspondant aux attentes des visiteurs.

A travers les années, l'ASPT a mené de nombreuses actions de séduction des marchés prioritaires. Par exemple, suite à l'ouverture de la ligne aérienne directe Dakar-New York par Air Sénégal en 2021, l'agence a organisé une mission de prospection sur le marché américain en septembre 2021. L'objectif était d'augmenter la visibilité du Sénégal aux Etats-Unis. Durant cette tournée, l'ASPT a multiplié les ateliers, rencontres avec la diaspora et partenariats avec des voyagistes spécialisés, mettant en avant la diversité de l'offre touristique sénégalaise (plages, culture, nature).

Sur le plan organisationnel, l'ASPT est dotée d'une direction générale et de services spécialisés (marketing, études, communication digitale, etc.). Elle coordonne ses actions avec les représentations diplomatiques du Sénégal à l'étranger et travaille en synergie avec d'autres structures sous tutelle ministérielle (SAPCO, Direction de la Promotion Touristique, DPT). Contrairement à la SAPCO, l'ASPT ne possède pas de filiales distinctes, mais collabore avec divers prestataires externes (agences de communication, cabinets conseil) et s'appuie sur le réseau des Offices de tourisme locaux pour déployer ses initiatives territoriales.

C. Tableau comparatif des deux entités

Critère SAPCO-Sénégal SA (Aménagement) ASPT (Promotion)
Année de création 1975 2014
Statut juridique Société anonyme (SA) à capital public (98,75% État) Agence d'exécution de l'État (sous tutelle ministérielle)
Champ d'action principal Aménagement et gestion des zones touristiques (foncier, infrastructures, stations balnéaires) Promotion et marketing de la Destination Sénégal (communication, promotion des ventes, événements)
Missions clés - Création et équipement des stations touristiques
- Attraction d'investisseurs hôteliers
- Gestion et entretien des sites touristiques
- Conformité aux normes (urbanisme, environnement)
- Promotion de l'image du Sénégal à l'international et au niveau national
- Mise en œuvre de la politique de promotion
- Développement de l'attractivité et diversification de l'offre
- Accompagnement des professionnels du secteur
Exemples de réalisations Station de Saly (17 hôtels, 13k emplois), nouveaux pôles (Pointe-Sarène, Mbodiène), filiales SLT (logistique) et Properties (immobilier) lancées en 2024 Campagnes "Destination Sénégal", stands dans les salons internationaux, accords de partenariats (médias, compagnies aériennes), promotion du tourisme interne
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Ce tableau met en évidence la complémentarité entre la vocation infrastructurelle de la SAPCO et la mission marketing de l'ASPT, tout en soulignant la distinction fondamentale de leurs rôles respectifs dans le développement touristique sénégalais.

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II. Motivations et pertinence de la fusion

L'annonce de la fusion entre la SAPCO et l'ASPT s'inscrit dans un contexte de rationalisation de l'appareil étatique sénégalais. Face aux contraintes budgétaires actuelles, le gouvernement cherche à éliminer les doublons et à réduire les dépenses de fonctionnement des agences publiques. Le Premier ministre Ousmane Sonko a ainsi déclaré que les agences dont les missions se chevauchant seraient regroupées au plus tard à la fin du mois de juin 2025, avec à la clé des économies d'échelle attendues.

La fusion de ces deux entités touristiques répond à cette logique, puisqu'elles opèrent dans le même secteur, avec des attributions différentes mais convergentes vers l'objectif commun de développement touristique. Cette décision repose sur plusieurs motivations essentielles et soulève des interrogations quant à sa pertinence économique et institutionnelle.

A. Motivations

Plusieurs motivations justifient la fusion.

1. Simplification institutionnelle et cohérence stratégique

Actuellement, la promotion touristique est assurée par l’ASPT, et l'aménagement des sites par la SAPCO. Ces missions sont gérées par deux entités séparées, ce qui peut entraîner un manque de coordination et une certaine fragmentation des efforts. En les fusionnant, le Sénégal créerait un acteur unique du tourisme, capable de piloter à la fois le développement de nouveaux produits touristiques (infrastructures, zones touristiques) et leur commercialisation sur les marchés nationaux et internationaux.

Cette unification pourrait améliorer significativement la cohérence des stratégies. Par exemple, il serait possible de choisir de promouvoir intensivement une destination particulière à l'étranger tout en s'assurant simultanément que les investissements en infrastructures nécessaires y sont réalisés. La fusion offrirait ainsi une vision intégrée de la chaîne de valeur touristique, du concept initial jusqu'au client final, permettant une planification stratégique plus efficace et une meilleure articulation entre offre et demande.

2. Réduction des coûts et mutualisation des ressources

Le maintien de deux structures distinctes implique inévitablement des duplications administratives onéreuses, notamment deux directions générales, deux conseils d'administration et des services support en doublon (comptabilité, ressources humaines, communication, etc.). En les regroupant, l'Etat espère réduire substantiellement les coûts de fonctionnement en mutualisant ces fonctions transversales.

Le budget ainsi économisé pourrait être redirigé vers des actions concrètes à forte valeur ajoutée, comme la promotion internationale ou les projets d'aménagement, plutôt que d'être absorbé par des frais administratifs redondants. De plus, la nouvelle entité disposerait d'un budget consolidé potentiellement plus important, lui conférant davantage de poids pour financer des projets d'envergure ou des campagnes promotionnelles d'ampleur internationale.

Cette optimisation financière apparaît d'autant plus pertinente que des audits récents de la Cour des comptes ont relevé des manquements graves dans la gouvernance de certaines agences publiques. La fusion, accompagnée d'un renforcement du contrôle sur une entité unique, pourrait contribuer à limiter ces dérives managériales et financières.

3. Synergies opérationnelles

La mise en commun des compétences des deux organismes devrait générer des synergies considérables. La SAPCO possède une expertise technique en aménagement du territoire, en montage de projets d'infrastructures et en gestion foncière, tandis que l'ASPT excelle en marketing, en études de marché et en relations publiques.

En combinant ces savoir-faire complémentaires au sein d'une même structure, celle-ci pourrait concevoir des projets touristiques selon une approche intégrée, du début à la fin. Dès la planification d'une nouvelle zone touristique, les dimensions marketing et positionnement commercial seraient intégrées. Inversement, les efforts de promotion seraient calibrés en fonction de l'état d'avancement réel des aménagements sur le terrain.

Cette transversalité permettrait d'accélérer la réalisation des projets et d'éviter les cloisonnements bureaucratiques où chaque entité poursuit ses objectifs propres sans suffisamment consulter l'autre. La fusion créerait ainsi un continuum opérationnel entre la conception des produits touristiques et leur commercialisation.

4. Lisibilité et efficacité pour les partenaires

Du point de vue des partenaires extérieurs et des investisseurs, la création d'un guichet unique du tourisme au Sénégal représenterait une avancée significative. Un investisseur hôtelier étranger, par exemple, traiterait avec une seule entité pour obtenir à la fois des informations sur le marché (ancien rôle de l'ASPT) et sur les terrains disponibles ou les incitations offertes (ancien rôle de la SAPCO).

Cette simplification réduirait les temps de traitement des dossiers, éviterait les allers-retours entre administrations et renforcerait l'attractivité globale du Sénégal comme destination d'investissement touristique. De même, les collectivités locales pourraient s'adresser à une seule structure, sans avoir à distinguer si leur demande concerne l’attractivité ou l’aménagement. La réponse viendrait d'une structure unique, plus visible et potentiellement plus réactive.

Sur le plan international, le pays parlerait d'une seule voix lors des grands salons professionnels et forums touristiques, consolidant ainsi son image et sa position concurrentielle face à d'autres destinations africaines.

B. Pertinence

Toutefois, il est légitime de s’interroger sur la pertinence de cette fusion du point de vue économique et institutionnel. Si les avantages potentiels sont réels, des risques et défis existent également.

1. Différence des missions et cultures

Les missions des deux structures, quoique liées, sont fondamentalement différentes dans leur. L'ASPT s'occupe principalement de marketing et de communication, tandis que la SAPCO gère des projets immobiliers et d'aménagement. Fusionner ces compétences requiert une adaptation organisationnelle.

Il faudra veiller à ce que l'une des missions ne prenne pas le pas sur l'autre dans la nouvelle entité. Une crainte légitime serait que la promotion (moins tangible) soit reléguée au second plan par rapport aux projets d'investissements lourds, ou inversement. Le Directeur général de l'ASPT, M. Adama Ndiaye, a d'ailleurs tenu à rassurer sur ce point en affirmant que la promotion ne disparaîtra pas au sein du nouvel ensemble, car "on ne peut pas parler de tourisme sans promotion".

2. Clarification du statut juridique

Sur le plan institutionnel, un défi important sera de clarifier le statut juridique de l'entité fusionnée. La SAPCO est une société anonyme de droit privé (même si l'Etat en soit l'actionnaire majoritaire), alors que l'ASPT est une agence publique sans personnalité morale propre distincte de l'Etat.

Plusieurs options se présentent. Faut-il absorber l'ASPT dans la SAPCO ou bien transformer la SAPCO en agence étatique classique ? Chacune de ces options a des implications significatives en termes de gouvernance, de régime du personnel, de souplesse de gestion, et de relationnel avec les partenaires privés. Une fusion mal définie pourrait entraîner des flous juridiques ou des lenteurs administratives préjudiciables à l'efficacité de la nouvelle structure.

3. Réalisme des gains économiques à court terme

Il serait également imprudent de surestimer les gains économiques immédiats de cette fusion. Regrouper deux entités ne signifie pas automatiquement réduire les dépenses. Il faudra harmoniser les systèmes d'information, revoir certains contrats, réaffecter le personnel et éventuellement réorganiser les locaux.

Ce processus de transition engendrera des coûts non négligeables et pourrait perturber temporairement les services avant que les bénéfices ne se concrétisent. Les économies réelles ne seront atteintes qu’à condition d’opérer une rationalisation efficace des effectifs et des fonctions, ce qui demandera du courage managérial, notamment pour supprimer les redondances et redéployer certains postes. Ces ajustements risquent de provoquer des tensions sociales.

Si le gouvernement s’est engagé à mettre en place des mesures d’accompagnement pour protéger les travailleurs concernés, ce qui est un signal positif pour le climat social, ces dispositifs impliqueront néanmoins des coûts de compensation et de reconversion à court terme.

La fusion SAPCO-ASPT apparaît comme une réforme pertinente pour simplifier le paysage institutionnel du tourisme sénégalais et optimiser l'usage des ressources publiques, surtout dans une période où chaque franc compte. Elle peut créer un effet de levier significatif en alignant étroitement le développement de l'offre et sa promotion. Néanmoins, sa réussite dépendra fortement de la qualité de sa mise en œuvre. Une fusion purement cosmétique serait inefficace, tandis qu'une intégration rigoureusement planifiée, avec maintien des expertises clés et clarification des nouveaux rôles, pourrait substantiellement renforcer la compétitivité touristique du Sénégal sur la scène internationale.

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III. Données et performances, bilan comparatif et impact sur le tourisme

Avant d'examiner les projections futures, il est nécessaire d'établir un état des lieux chiffré du secteur touristique sénégalais et d'évaluer le rôle qu'y ont joué la SAPCO et l'ASPT ces dernières années.

A. Chiffres-clés du tourisme sénégalais

Plusieurs indicateurs permettent d'apprécier l'évolution récente du tourisme au Sénégal et les performances des deux organismes concernés par la fusion.

En 2019, avant la pandémie de Covid-19, le Sénégal avait accueilli 1,7 million de touristes étrangers, établissant ainsi un record historique. A cette époque, le gouvernement s'était fixé pour objectif d’atteindre 5 millions de touristes à l’horizon 2023-2025, témoignant d'une vision ambitieuse pour ce secteur.

La période 2020-2021 a été marquée par un effondrement du secteur touristique mondial, dont le Sénégal n'a pas été épargné. L'année 2020 a connu une chute drastique des arrivées, suivie d'une reprise partielle en 2021 avec 836 784 touristes enregistrés dans l'année.

La phase 2022-2023 a été caractérisée par une forte reprise. Selon les données de l'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) publiées en juillet 2023, le Sénégal avait déjà enregistré 1 829 907 arrivées touristiques dans les trois principaux aéroports du pays, dépassant ainsi largement les prévisions. Cette performance a conduit les autorités, notamment le ministère du Tourisme, à envisager l’objectif de 3 millions de touristes au terme de la saison touristique 2023-2024 comme tout à fait atteignable, en particulier en raison du phénomène du "revenge travel" post-Covid.

En termes d'impact économique, le tourisme contribue à environ 7% du PIB sénégalais. L'Etat vise une augmentation de cette contribution à 10% du PIB dans les prochaines années, reflétant la volonté de faire de ce secteur un véritable moteur de croissance économique nationale.

Concernant l'emploi et les investissements, des données significatives méritent d'être soulignées. Sur la seule station de Saly, la SAPCO a permis la création de 13 000 emplois et favorisé l'intégration économique locale autour du pôle touristique. Plus récemment, l'ouverture du resort RIU Baobab à Pointe-Sarène en 2022, fruit d'un partenariat facilité par la SAPCO, a généré plusieurs centaines d'emplois supplémentaires et a considérablement augmenté la capacité d'hébergement haut de gamme du pays.

Ces chiffres traduisent un secteur en croissance juste après la parenthèse de la Covid-19. L’ASPT a contribué à cette relance par un effort promotionnel intensifié,

B. Performance de l'ASPT

L'Agence Sénégalaise de Promotion Touristique mesure son succès principalement à travers deux indicateurs clés. D'une part, la visibilité du Sénégal à l'étranger et d'autre part, la croissance des arrivées touristiques. Ces dernières ont augmenté (hors période Covid) depuis la création de l'agence en 2014.

L'ASPT a mené plusieurs campagnes promotionnelles significatives, parmi lesquelles "Visit Senegal" sur les réseaux sociaux et dans les médias internationaux, contribuant à moderniser l'image du pays auprès des clientèles potentielles.

L'agence a également initié des partenariats marketing innovants, comme avec National Geographic ou des influenceurs de voyage, pour toucher un public plus large et diversifié. D'après les données du ministère, le budget promotionnel, géré par l'ASPT, a permis une meilleure répartition sur les marchés cibles et une adaptation plus rapide aux tendances qu'auparavant.

Dans sa stratégie de développement de marchés, l'ASPT a mené des actions ciblées. Par exemple, après l'ouverture de la ligne aérienne directe Dakar-New York par Air Sénégal en 2021, l'ASPT a organisé une mission de prospection sur le marché américain en septembre 2021. L'objectif était d'accroître la notoriété du Sénégal aux Etats-Unis. Durant cette tournée, l'agence a multiplié les ateliers, les rencontres avec la diaspora et les partenariats avec des voyagistes spécialisés, mettant en valeur la diversité de l'offre touristique sénégalaise.

C. Performance de la SAPCO

De son côté, la SAPCO évalue sa performance via plusieurs indicateurs spécifiques, le taux de réalisation des projets d'aménagement, le montant des investissements privés générés et l'impact local (emplois, revenus) de ses stations touristiques.

A ce titre, la Petite-Côte et particulièrement Saly Portudal demeurent un succès emblématique, contribuant fortement aux recettes touristiques nationales.

La SAPCO a également su s'adapter aux nouvelles exigences en intégrant progressivement des considérations de durabilité dans ses projets. Par exemple, elle a mis en place à Saly un projet de "Saly ville verte" visant à requalifier le tissu urbain et améliorer la gestion écologique de la station.

D. Impact global sur le secteur touristique

L'action conjointe de la SAPCO et de l'ASPT a contribué à plusieurs avancées pour le secteur touristique sénégalais.

Tout d'abord, ces deux entités ont conjointement participé à l'augmentation progressive de la fréquentation touristique jusqu'à des niveaux record avant la pandémie (près de 1,7 million d'étrangers en 2019), puis à renouer avec cette trajectoire de croissance en 2022-2023. Le Sénégal compte parmi les destinations africaines appréciées, souvent cité pour la qualité de son accueil (teranga), sa stabilité politique et la richesse de son patrimoine naturel et culturel.

Ensuite, leurs efforts ont permis de diversifier l'offre touristique nationale. Grâce aux aménagements de la SAPCO, de nouvelles stations balnéaires ont émergé en dehors de Saly, ce qui permet à la fois de décongestionner ce site historique et d'offrir de nouvelles expériences aux visiteurs. Par exemple, Pointe Sarène se positionne sur un segment haut de gamme alliant balnéaire et écologie. Parallèlement, l'ASPT promeut activement des niches spécifiques comme le tourisme d'affaires, le tourisme culturel (Festival de Jazz de Saint-Louis, Biennale d'art de Dakar) ou le tourisme sportif (rallye, surf, etc.), tout en encourageant le tourisme interne pour inciter les Sénégalais à découvrir leur propre pays. Ces initiatives contribuent à réduire la dépendance à la haute saison et à optimiser l'utilisation des infrastructures existantes.

Enfin, leur travail combiné a permis d'accroître les revenus en devises et les investissements dans le pays. En 2019, les dépenses touristiques internationales ont rapporté environ 800 millions de dollars américains en recettes directes, contribuant à un impact total (direct et indirect) estimé à 2,2 milliards USD. Ces chiffres, encore modestes comparés à des destinations comme le Maroc, progressent néanmoins et témoignent du potentiel important du secteur au Sénégal.

Malgré ces progrès, des défis persistent, notamment l'insuffisance de la formation des travailleurs du tourisme, la qualité inégale des services, et la concurrence d'autres destinations africaines qui investissent massivement dans leur secteur touristique. La fusion envisagée entre l'ASPT et la SAPCO intervient donc à un moment stratégique, où capitaliser sur les acquis et corriger les faiblesses structurelles pourrait permettre au Sénégal de franchir un nouveau palier dans son développement touristique.

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IV. Regards d'experts, de professionnels et déclarations officielles

La fusion prévue entre la SAPCO et l'ASPT suscite des réactions variées chez les acteurs du tourisme et les observateurs économiques. Globalement, l'initiative est perçue comme une réforme significative, attendue de longue date, mais dont le succès dépendra largement de sa mise en œuvre pratique.

A. Position du gouvernement (Ousmane Sonko)

Du côté officiel, le Premier ministre Ousmane Sonko a justifié cette décision devant l'Assemblée nationale en l'inscrivant dans une série de mesures correctives destinées à redresser les finances publiques. Il a mis l'accent sur la volonté de "rationaliser les agences d'exécution dont les missions se chevauchent", indiquant qu'elles seraient regroupées pour accroître leur efficacité, avec une échéance fixée au plus tard à la fin juin 2025.

La fusion de l'ASPT et de la SAPCO est ainsi présentée comme un exemple concret de cette rationalisation, au même titre que d'autres fusions d'agences annoncées dans divers secteurs tels que la microfinance ou l'énergie. Cette démarche s'inscrit dans une vision plus large de réduction du train de vie de l'Etat, rendue nécessaire par les contraintes budgétaires actuelles.

Le gouvernement s'est montré rassurant quant à l'impact social de cette restructuration, le Premier ministre ayant affirmé que "des mesures d'accompagnement seront mises en place pour préserver les intérêts des travailleurs". Cette déclaration suggère qu'aucun licenciement massif n'est envisagé et que les employés des deux entités seront reclassés ou accompagnés dans leur transition professionnelle.

B. Déclarations des dirigeants des entités concernées

Les dirigeants des organismes concernés adoptent une attitude pragmatique et généralement favorable à la réforme. M. Adama Ndiaye, Directeur général de l'ASPT, a publiquement soutenu la démarche en déclarant que la promotion touristique demeurerait une priorité dans la future structure unifiée. Il a notamment affirmé que "la promotion ne va pas disparaître [...], on ne peut pas parler de tourisme sans promotion", insistant ainsi sur le maintien de cette fonction essentielle dans le paysage institutionnel reconfiguré.

Cette prise de position vise manifestement à apaiser les inquiétudes concernant un possible désengagement de l'Etat en matière de marketing touristique si l'ASPT venait à être absorbée dans une structure plus large. Du côté de la SAPCO, bien qu'aucune déclaration remarquable n'ait été rapportée, on peut noter que son Directeur général, Serigne Mamadou Mboup, avait déjà initié un mouvement de diversification et de réforme interne, notamment avec la création des filiales SLT et SAPCO Properties en 2024.

La fusion s'inscrit donc dans la continuité de cette dynamique de reconfiguration du secteur. On peut supposer que la SAPCO y voit l'opportunité de bénéficier d'un soutien renforcé pour ses projets d’aménagement, en récupérant les budgets de promotion jusqu'ici alloués à l'ASPT, tout en donnant davantage de visibilité à ses réalisations.

C. Avis des experts économiques

Plusieurs experts économiques sénégalais estiment que cette fusion est pertinente à condition qu'elle s'accompagne d'une modernisation profonde de la gouvernance. Ils soulignent que "regrouper ces entités peut générer des économies d'échelle, mais cela n'aura d'effet que si l'on améliore simultanément l'efficacité managériale".

Cette observation suggère que la fusion ne doit pas se limiter à un simple assemblage administratif, mais doit impliquer une révision complète des processus, une simplification des procédures et, potentiellement, l'intégration de nouveaux talents pour diriger efficacement la nouvelle structure.

Certains analystes recommandent la nomination d'un Directeur général disposant d'une double compétence en marketing territorial et en gestion de projets, afin de véritablement fusionner les cultures d'entreprise. Sans cette vision intégrée, le risque serait de maintenir au sein d'une même entité deux équipes fonctionnant en parallèle, sans réelle synergie opérationnelle.

D. Réactions des professionnels du tourisme

Les acteurs du secteur privé touristique, hôteliers, tour-opérateurs, ont également fait part de leurs observations. Des représentants du secteur hôtelier ont salué l'initiative, espérant qu'elle aboutira à "un interlocuteur unique plus puissant, capable de défendre le secteur face au gouvernement et d'être plus réactif aux demandes des investisseurs".

Selon ces professionnels, la dualité SAPCO/ASPT créait parfois des complications administratives. Par exemple, pour monter un dossier de projet touristique, il fallait consulter la SAPCO pour les questions foncières et l'ASPT pour les aspects promotionnels, ce qui allongeait considérablement les délais. La fusion pourrait simplifier ces démarches et créer un véritable "guichet unique" du tourisme, facilitant ainsi les échanges avec les opérateurs privés.

Toutefois, ces mêmes professionnels insistent sur la nécessité d'associer étroitement le secteur privé aux réflexions sur cette restructuration. Ils suggèrent la création d'un "comité consultatif où siègeraient les professionnels pour définir avec la nouvelle entité les véritables priorités du terrain, afin d'éviter une approche trop technocratique déconnectée des réalités opérationnelles.

E. Position des partenaires internationaux

Les partenaires internationaux et bailleurs de fonds suivent cette évolution avec attention. Un rapport de la Banque mondiale concernant un projet touristique récent notait que la SAPCO et l'ASPT sont désormais "bien placées pour guider la croissance future du secteur", grâce aux renforcements institutionnels apportés par le projet.

Ce même document souligne que des synergies ont commencé à se créer entre structures publiques du tourisme, et suggère qu'une consolidation de ces structures pourrait amplifier les gains déjà obtenus. En ce sens, la fusion projetée semble s'aligner avec les recommandations de certains partenaires qui plaident pour une meilleure coordination entre promotion et développement touristique.

Néanmoins, ces analystes mettent en garde contre le piège d'un monopole d'Etat trop rigide. Ils soulignent l'importance de préserver l'agilité de la fonction marketing dans la nouvelle configuration. La future entité devra notamment conserver la capacité de collaborer avec des agences de communication modernes, de nouer des partenariats public-privé pour des campagnes promotionnelles, sans être entravée par des lourdeurs administratives excessives.

F. Contexte politique de la réforme

Sur le plan politique interne, la fusion ASPT-SAPCO bénéficie d'un relatif consensus. Même l'opposition, habituellement critique envers les initiatives gouvernementales, n'a pas fondamentalement contesté la nécessité de rationaliser les organismes touristiques.

Certains députés d'opposition, comme M. Thierno Alassane Sall, ont certes reproché au gouvernement Sonko sa lenteur à lancer les réformes structurelles, soulignant qu'ils "auraient pu supprimer ou fusionner certaines agences dès 2024". Mais sur le fond, ils partagent le constat que l'appareil étatique sénégalais souffre d'une trop grande dispersion dans des structures aux missions parfois redondantes.

Cette convergence de vues suggère que la fusion bénéficie globalement d'un a priori favorable parmi les différentes forces politiques, à condition qu'elle dépasse le simple effet d'annonce pour aboutir à une transformation effective et efficiente du paysage institutionnel touristique.

Globalement, l'opinion générale des experts et parties prenantes indique que la fusion SAPCO-ASPT représente une opportunité significative pour dynamiser le tourisme sénégalais, sous réserve qu'elle s'accompagne d'une restructuration intelligente, d'objectifs clairement définis et d'un dialogue constructif avec le secteur privé. Les déclarations officielles témoignent d'un optimisme mesuré, avec l'assurance que la promotion touristique restera une composante fondamentale du dispositif, tandis que l'Etat s'efforce de rationaliser son propre fonctionnement pour mieux servir le développement économique national.

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V. Implications pour l'avenir du tourisme sénégalais

Si elle se concrétise dans des conditions favorables, la fusion de la SAPCO et de l'ASPT pourrait marquer un tournant significatif pour l'avenir du tourisme au Sénégal. Examinons les principaux impacts anticipés et les défis à relever dans cette transformation institutionnelle.

A. Vers un Office National du Tourisme du Sénégal

La nouvelle entité issue de la fusion s'apparenterait à un véritable Office national du tourisme, combinant les fonctions d'aménagement et de promotion. Cette structure unifiée pourrait constituer un acteur de taille importante, capable de représenter efficacement le Sénégal dans les forums internationaux du tourisme et d'attirer davantage d'investissements.

Un tel office, correctement structuré, disposerait d'une force d'intervention accrue. Par exemple, en mutualisant les ressources financières, il pourrait lancer des campagnes de promotion à plus grande échelle sur des marchés lointains comme l'Asie ou les Amériques, tout en dirigeant simultanément des projets structurants tels que des zones touristiques intégrées ou des initiatives d'écotourisme communautaire.

On peut prévoir que cette nouvelle structure dispose de délégations régionales pour relayer son action sur l'ensemble du territoire, assurant ainsi une territorialisation effective des politiques touristiques. Cette dimension territoriale est particulièrement importante, car elle a été identifiée comme une faiblesse par le Directeur général de l'ASPT, qui soulignait la nécessité d'une présence plus marquée dans les différentes régions du pays.

B. Accélération des projets et croissance potentielle

Avec une direction unifiée, le Sénégal pourrait gagner un temps considérable dans la réalisation de ses ambitions touristiques. Par exemple, un projet de station touristique dans les îles du Saloum pourrait être développé plus rapidement, la nouvelle entité fusionnée gérant en parallèle la planification, la recherche d'investisseurs et la promotion auprès des voyagistes internationaux.

Cette intégration des processus permettrait d'augmenter le nombre de projets lancés et menés à terme. Dans les années à venir, de nouvelles destinations touristiques pourraient émerger au Sénégal, notamment dans la Casamance littorale ou la zone du lac Rose, diversifiant ainsi l'offre actuelle encore très concentrée sur la Petite-Côte.

Cette diversification géographique, soutenue par une promotion adaptée, contribuerait à l'atteinte des objectifs ambitieux en matière d'arrivées touristiques, avec une cible de 3 millions de visiteurs annuels, voire davantage si l'on se projette sur la décennie 2030. Dans cette configuration, l'objectif gouvernemental de porter la contribution du tourisme à 10% du PIB national deviendrait réalisable, générant de nombreux emplois supplémentaires

C. Meilleure résilience et adaptation aux crises

La crise du Covid-19 a démontré l'importance, pour une destination touristique, de développer sa capacité de réaction et de résilience face aux perturbations. Une entité unifiée pourrait mettre en œuvre plus efficacement des plans d'urgence ou de relance en cas de situation exceptionnelle.

Par exemple, face à un événement imprévu (crise sanitaire, enjeu de sécurité, catastrophe naturelle), l'office fusionné pourrait ajuster immédiatement sa stratégie marketing (via son volet promotion) tout en soutenant concrètement les opérateurs locaux (via des mesures d'aménagement ou d'appui terrain), sans attendre une coordination parfois laborieuse entre deux structures distinctes.

De plus, cette entité unique pourrait intégrer pleinement les enjeux de tourisme durable dans sa vision stratégique. La promotion de l'écotourisme ne resterait pas un simple argument marketing si elle été accompagnée directement d'actions concrètes d'aménagement respectueux de l'environnement (reboisement de sites, développement des énergies renouvelables dans les infrastructures hôtelières, etc.).

La fusion offre ainsi l'opportunité de repenser en profondeur les orientations du tourisme sénégalais autour d'un développement durable, en phase avec les objectifs climatiques et socio-économiques du pays.

D. Défis de mise en œuvre

Malgré ces opportunités intéressantes, plusieurs défis importants se dressent sur le chemin de cette fusion institutionnelle.

1. Gestion du changement culturel

Un premier défi consistera à harmoniser deux cultures administratives distinctes. Il faudra concilier la culture d’une entreprise publique de la SAPCO, plus ancienne et orientée vers l'investissement et la rentabilité des actifs, avec la culture d’agence de promotion de l'ASPT, davantage tournée vers le marketing, l'événementiel et la dépense publique promotionnelle.

Une fusion réussie nécessite la création d'une identité commune et d'un esprit d'équipe entre des personnels aux métiers très différents, qu'il s'agisse d'ingénieurs et d'urbanistes d'un côté, ou de spécialistes de la communication et de statisticiens de l'autre. L'élaboration d'un plan de gestion du changement sera indispensable, incluant des ateliers communs, la définition de valeurs partagées et d'autres initiatives visant à éviter un cloisonnement interne persistant après la fusion formelle.

2. Risques bureaucratiques

Le risque inhérent à la création d'une structure de grande taille est de générer des lourdeurs administratives et une perte d'agilité opérationnelle. Il sera essentiel de veiller à simplifier les procédures plutôt que d'additionner les contraintes des deux organismes d'origine.

Par exemple, si l'ASPT pouvait auparavant lancer rapidement une campagne promotionnelle en réponse à une opportunité de marché, il serait contre-productif que ces mêmes initiatives deviennent demain soumises à des validations multiples au sein d'une hiérarchie trop complexe. Idéalement, la fusion devrait s'accompagner d'une délégation claire des responsabilités et d'une simplification des circuits décisionnels.

3. Cadre légal et tutelle

La réussite de cette transformation institutionnelle passera également par l'établissement d'un cadre juridique solide. Un décret ou une loi de fusion devra spécifier précisément les missions de la nouvelle entité, ses sources de financement et son mode de gouvernance, potentiellement articulé autour d'un conseil d'administration présidé par une autorité de haut niveau, telle que le ministre du Tourisme ou même le Premier ministre, ou leur représentant dûment mandaté, pour souligner l'importance stratégique accordée à ce secteur.

La question de la tutelle administrative représente un enjeu particulier. Certains suggèrent que la nouvelle structure reste sous l'autorité du ministère du Tourisme, tandis que d'autres proposent un rattachement direct à la Primature, compte tenu de la nature transversale de ses missions (promotion internationale, investissement, aménagement du territoire).

Quelle que soit l'option retenue, il sera nécessaire de limiter les interférences politiques dans la gestion quotidienne, en garantissant une autonomie opérationnelle suffisante. La nouvelle structure pourrait fonctionner avec une liberté de gestion encadrée par des contrats-programmes pluriannuels avec l'Etat.

4. Maintien de la proximité avec le secteur privé et les territoires

Enfin, une structure nationale unique pourrait, si l'on n'y prend garde, apparaître trop centralisée et éloignée des réalités locales. Il sera important qu'elle maintienne des antennes régionales ou des programmes spécifiquement dédiés aux initiatives locales, afin d'éviter une centralisation excessive des décisions à Dakar.

De même, l'implication du secteur privé (hôtellerie, agences de voyages, guides, artisans) dans le processus de consultation sera déterminante pour maintenir un lien étroit avec les réalités du terrain. Une proposition intéressante consisterait à créer, au sein de la nouvelle structure, un Conseil consultatif du tourisme intégrant des représentants de l'industrie touristique et des collectivités territoriales, pour orienter efficacement la stratégie globale.

Si la fusion aboutit avec succès en surmontant ces défis, on peut anticiper que le Sénégal renforcera considérablement sa position concurrentielle en Afrique de l'Ouest. La nouvelle entité pourrait initier des projets ambitieux, comme déposer une candidature pour l'organisation d'événements internationaux d'envergure (congrès, salons) pour dynamiser les périodes de basse saison, le développement d'un programme national de classement hôtelier et de certification qualité, ou encore la création d'une marque distinctive pour les produits artisanaux et culturels du Sénégal, établissant ainsi un lien efficace entre tourisme et exportations.

A plus long terme, le Sénégal pourrait entamer une trajectoire de croissance soutenue, doublant ou triplant le nombre de visiteurs sur une période de 5 à 10 ans, à condition de mettre pleinement en œuvre ce nouveau modèle de pilotage du tourisme. Les recettes en devises et l'emploi connaîtraient une progression parallèle, permettant au pays de valoriser pleinement ses atouts naturels et culturels.

Cependant, la clé du succès résidera dans la recherche d'équilibres fondamentaux entre différentes dimensions complémentaires. L'équilibre entre promotion et aménagement, entre efficacité économique et impact social, ainsi qu'entre centralisation stratégique et souplesse opérationnelle sera déterminant. Le gouvernement Faye-Sonko engage ici une réforme significative de sa politique touristique et économique. Une fusion réussie enverrait un signal positif quant à sa capacité à mener des réformes structurelles bénéfiques, tandis qu'un échec ou une mise en œuvre inadéquate risquerait de faire perdre un temps précieux à un secteur en quête de nouveaux équilibres.

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I. Les éléments qui alourdissent le prix des billets d'avion vers le Sénégal

Le prix d’un billet d’avion à destination ou au départ du Sénégal résulte d’un ensemble de composantes qui s’additionnent. Il comprend d’une part le tarif de base fixé par la compagnie aérienne, souvent influencé par la demande et les coûts d’exploitation, et d’autre part un ensemble de taxes et redevances perçues au niveau national.

Depuis plusieurs années, ces différents éléments ont contribué à placer le Sénégal parmi les destinations les plus chères d’Afrique de l’Ouest en matière de transport aérien. Nous présentons les principaux postes de coûts qui expliquent ce niveau tarifaire, en détaillant les mécanismes qui influencent directement le montant payé par le passager.

A. Examen des taxes et redevances appliquées aux passagers voyageant au départ ou à destination du Sénégal

Au Sénégal, chacune des taxes et redevances sur les billets d'avion payées par les passagers a un montant spécifique, s’applique à certains vols ou passagers, bénéficie à des entités précises, et repose sur un fondement juridique. Les principales redevances sont listées ci-dessous.

1. Redevance d’usage des installations aéroportuaires (Redevance passager)

Montant
2 500 FCFA (≈ 3,8 €) par passager sur les vols intérieurs et 15 000 FCFA (≈ 22,9 €) par passager sur les vols internationaux.

Vols concernés
Tous les passagers embarqués sur des vols commerciaux au départ d’un aéroport sénégalais. Cela inclut les vols domestiques (tarif « national ») et les vols internationaux (tarif « international »). Les passagers en transit direct (qui ne quittent pas l’aérogare), les enfants de moins de 2 ans et les membres d’équipage sont généralement exonérés.

Bénéficiaires
Le gestionnaire aéroportuaire perçoit l’intégralité de la redevance sur les vols intérieurs. Sur les vols internationaux, la redevance est partagée entre le gestionnaire de l’aéroport (12 000 FCFA, ≈ 18,3 € par passager) et le Fonds de développement du hub aérien et touristique (3 000 FCFA, ≈ 4,6 € par passager) géré par AIBD S.A.

Particularités
Historiquement, le tarif international était fixé à 8 000 FCFA (≈ 12,2 €) (décret 2015-671), puis il a été relevé pour contribuer au financement du hub aérien de Dakar. Cette redevance est incluse dans le prix du billet et collectée par l’opérateur de l’aéroport (guichet unique) lors du départ.

Base légale
Décret n°2015-671 du 18 mai 2015 (instaurant 2 000 FCFA, ≈ 3,0 € national et 8 000 FCFA, ≈ 12,2 € international), modifié par le Décret n°2019-1833 du 06 novembre 2019 (nouveaux montants de 2 500 FCFA, ≈ 3,8 € et 15 000 FCFA, ≈ 22,9 €).

2. Redevance de sûreté aéroportuaire (sûreté de l’aviation civile)

Montant
2 500 FCFA (≈ 3,8 €) par passager sur les vols intérieurs et 10 000 FCFA (≈ 15,2 €) par passager sur les vols internationaux.

Vols concernés
Tous les passagers au départ des aéroports du Sénégal. La sûreté concerne aussi bien les vols domestiques que les vols internationaux, avec un tarif plus élevé pour ces derniers. Les passagers en transit direct, les bébés de moins de 2 ans et les équipages sont exemptés de cette redevance, conformément aux pratiques internationales en matière de sûreté.

Bénéficiaires
Cette redevance finance la sécurité/sûreté aéroportuaire et est répartie entre plusieurs entités. Sur un vol intérieur, la répartition indicative est d’environ 1 875 FCFA (≈ 2,9 €) pour la Haute Autorité des Aéroports du Sénégal (HAAS), 500 FCFA (≈ 0,8 €) pour l’exploitant de l’aéroport (AIBD SA/LAS) et 125 FCFA (≈ 0,2 €) pour l’ANACIM (Autorité de l’aviation civile).
Sur un vol international, les bénéficiaires incluent l’ANACIM (≈ 1 300 FCFA, ≈ 2,0 €), l’exploitant aéroportuaire (≈ 1 200 FCFA, ≈ 1,8 €), les sociétés privées de sûreté chargées du filtrage (jusqu’à 5 000 FCFA, ≈ 7,6 € par passager), les Forces de défense et de sécurité présentes dans l’aérogare (≈ 500 FCFA, ≈ 0,8 €), le solde revenant à la HAAS.

Particularités
La hausse du tarif international (porté à 10 000 FCFA, ≈ 15,2 €) a été décidée en 2019 pour renforcer les mesures de sûreté suite à l’ouverture de l’AIBD. Une partie de la redevance de sûreté alimente également les forces de police/gendarmerie en mission dans les aéroports depuis 2020, afin de renforcer la sécurité, selon les orientations présidentielles.

Base légale
Décret n°2019-1833 du 06/11/2019 fixant les redevances de sûreté (modifiant les montants antérieurs). Les modalités de collecte et de répartition ont été précisées par le Décret n°2022-96 du 18/01/2022 (art. 7) et son annexe.

3. Redevance de sécurité (système Securiport)

Montant
14 USD par passager international pour un aller-retour (environ 14 000 FCFA, soit ≈ 21,4 €). Le montant est de 12 USD par passager et par trajet (environ 7 000 FCFA, soit ≈ 10,7 €). Cette redevance s’applique aussi bien à l’arrivée qu’au départ du Sénégal. Elle est souvent appelée "frais de service immigration" sur les billets.

Vols concernés
Tous les passagers des vols internationaux à l’arrivée au Sénégal ou au départ du Sénégal doivent s’acquitter de cette taxe de sécurité. Elle ne concerne pas les vols strictement domestiques (pas de contrôle aux frontières). Les passagers en transit international qui ne passent pas les frontières sénégalaises peuvent en être exemptés.

Bénéficiaires
Cette redevance, libellée en dollars US, finance le système de contrôle biométrique et de sûreté aux frontières opéré par la société Securiport. Elle est collectée par le gestionnaire de l’aéroport pour le compte du Ministère des Finances (Trésor public), puis reversée à Securiport selon le contrat en vigueur.

Particularités
Etablie dans le cadre d’un partenariat public-privé pour renforcer le contrôle aux frontières, cette taxe de sécurité biométrique s’applique tant aux départs qu’aux arrivées, ce qui est atypique (la plupart des redevances sont perçues uniquement au départ). Elle est généralement incluse dans le billet d’avion afin d’éviter une perception séparée à l’aéroport. Son montant (12 USD) est fixe et indépendant de la destination précise du vol, et il est resté stable depuis son introduction.

Base légale
Convention entre l’Etat du Sénégal et Securiport approuvée par les autorités (arrêté ministériel). La redevance Securiport a été autorisée par les pouvoirs publics vers 2016-2017 lors de la mise en place du système de contrôle biométrique.

4. Redevance d’aviation civile

Montant
1 500 FCFA (≈ 2,29 €) par passager sur les vols intérieurs et 3 000 FCFA (≈ 4,57 €) par passager sur les vols internationaux.

Vols concernés
Tous les passagers embarqués sur des vols commerciaux réguliers ou non, au départ d’un aéroport du Sénégal, contribuent à cette redevance. Le taux est doublé pour les vols internationaux par rapport aux vols nationaux. Là encore, les passagers très jeunes (bébés) et les transitaires directs sont exonérés.

Bénéficiaires
La redevance d’aviation civile est reversée à l’ANACIM (Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie) qui en est l’organisme bénéficiaire exclusif. Sur chaque passager international, une quote-part de 260 FCFA (≈ 0,40 €) est mise en réserve pour l’ACSAC (Agence communautaire de supervision de la sécurité et de la sûreté de l’aviation civile de l’UEMOA) afin de financer cet organe régional lorsqu’il sera opérationnel.

Particularités
Instituée pour rémunérer les missions de régulation, supervision et sécurité assurées par l’autorité de l’aviation civile, cette redevance est souvent appelée “redevance ANACIM”. Son taux a évolué ces dernières années pour faire face aux besoins du nouveau hub : il a été augmenté d’environ 1 000 FCFA (≈ 1,52 €) sur les vols nationaux et 1 500 FCFA (≈ 2,29 €) sur les vols internationaux lors de la révision de 2017-2018. Elle intègre la contribution communautaire UEMOA précitée.

Base légale
Décret n°2017-2201 du 04 décembre 2017 modifié par Décret n°2018-2107 du 05 décembre 2018 fixant les redevances relatives à l’aviation civile, abrogés et remplacés par le Décret n°2022-96 du 18 janvier 2022. L’annexe dudit décret 2022-96 spécifie les montants (1 500 FCFA, ≈ 2,29 € / 3 000 FCFA, ≈ 4,57 €) et la répartition au profit de l’ANACIM.

5. Redevance de développement des infrastructures aéroportuaires (RDIA)

Montant
2 € par passager sur les vols domestiques (soit ≈ 1 310 FCFA) et 54 € par passager sur les vols internationaux (soit ≈ 35 400 FCFA).

Vols concernés
Initialement, la RDIA s’appliquait à tous les passagers au départ ou à l’arrivée d’un vol international au Sénégal afin de financer l’aéroport AIBD avant même son ouverture. Désormais, elle est perçue sur chaque passager embarquant sur un vol commercial depuis un aéroport sénégalais (y compris les vols intérieurs, bien que le tarif y soit symbolique). Les passagers en transit direct et certaines catégories (diplomates, etc.) sont exemptés.

Bénéficiaires
A l’origine, la RDIA était affectée exclusivement au financement de la construction de l’Aéroport International Blaise Diagne (AIBD) via la société AIBD S.A. Depuis fin 2021, son produit est désormais fléché vers le financement de divers projets du hub aérien national, et non plus seulement l’aéroport existant. Les fonds collectés alimentent un compte hors budget de l’Etat pour financer des infrastructures comme le futur Terminal 2, le centre de maintenance aéronautique, l’académie des métiers de l’aviation civile, la nouvelle aérogare fret, etc.

Particularités
La RDIA du Sénégal est une redevance d’investissement introduite en 2005 dans un but de préfinancement. Son caractère était temporaire, elle devait cesser une fois la dette de l’AIBD remboursée, selon le décret initial. Toutefois, par Loi n°2021-40 du 15 décembre 2021 et Décret n°2022-97 du 18 janvier 2022, l’Etat a prorogé cette redevance en redéfinissant son affectation, ce qui la rend toujours en vigueur en 2025. Son montant n’a pas varié depuis 2011 (54 € par passager international, soit ≈ 35 400 FCFA, depuis septembre 2011). La collecte est souvent assurée via IATA (pour les compagnies membres) ou par paiement direct pour les autres.

Base légale
Décret n°2005-138 du 28 février 2005 portant création de la RDIA (fixant les montants initiaux en EUR et la durée de perception liée au remboursement de la dette). Modifiée par la Loi de finances n°2021-40 du 15 décembre 2021 et son décret d’application n°2022-97 du 18 janvier 2022 qui prolongent la RDIA et élargissent son objet à l’ensemble des projets du hub aérien sénégalais.

B. Poids persistant de la surcharge carburant

Outre les taxes aéroportuaires et étatiques, il faut souligner qu'une partie non négligeable du prix du billet provient des frais imputés par les compagnies aériennes elles-mêmes.

En particulier, la surcharge carburant, introduite dans les années 2000, lorsque le baril de pétrole était cher, continue souvent d'être intégrée dans le prix du billet par certaines compagnies opérant vers le Sénégal. En 2015, le président sénégalais relevait par exemple qu'un billet Dakar-Paris à 407 000 FCFA comportait 186 000 FCFA de surcharge carburant ajoutée par la compagnie. Or, lorsque le prix du pétrole a baissé, ces surcharges n'ont pas toujours diminué dans les mêmes proportions, contribuant ainsi à maintenir les tarifs à un niveau élevé.

Les transporteurs expliquent cela par un décalage entre les hausses et les baisses du prix du carburant. Les billets d'avion répercutent rapidement les flambées du pétrole, mais rarement les accalmies. Les passagers restent donc soumis à ces frais additionnels qui gonflent le tarif final.

C. La tarification dynamique, un facteur aggravant pour les passagers

La politique de tarification flexible (yield management) appliquée par les compagnies aériennes, qui ajuste les prix en fonction de la demande et du moment de réservation, renforce la perception d’un coût élevé. Comme dans d’autres marchés, un billet acheté à la dernière minute est généralement bien plus cher qu’un billet réservé plusieurs mois à l’avance.

Cependant, sur la ligne Dakar, même les réservations anticipées restent relativement onéreuses. Les multiples classes tarifaires proposées en économique, allant de l’Eco basique, la plus restrictive, à l’Eco flexible, la plus souple, entraînent une disparition rapide des billets les moins chers. Une fois ces premières catégories épuisées, les tarifs augmentent sensiblement.

Plus la date de départ approche, plus le billet devient cher. Ce phénomène bien connu dans le secteur aérien produit des effets encore plus marqués lorsqu’il s’applique à une destination où le tarif de base est déjà élevé et où les taxes sont fixes et nombreuses.

Le billet vers le Sénégal se caractérise ainsi par un tarif de base important, auquel s’ajoutent des surcharges carburant persistantes et des redevances aéroportuaires élevées. L’addition de ces éléments se traduit par un coût final parmi les plus élevés au kilomètre pour les passagers.

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II. Des taxes plus élevées qu'ailleurs ? Comparaison avec d'autres destinations africaines concurrentes

Alors que le Sénégal cherche à renforcer son attractivité touristique, il se heurte à une concurrence régionale croissante. Plusieurs pays africains, aux caractéristiques comparables, ont adopté des politiques tarifaires plus incitatives afin d'attirer les voyageurs internationaux. Le Maroc, la Gambie et le Cap-Vert en sont des exemples notables. Ils proposent une offre balnéaire, naturelle ou culturelle similaire, misent sur les marchés européens et bénéficient d’un accès aérien facilité par des taxes modérées. Cette stratégie leur permet de capter une part significative des flux touristiques au détriment du Sénégal.

Pour mieux situer le Sénégal dans ce paysage concurrentiel, examinons maintenant le niveau des principales taxes et redevances aéroportuaires appliquées dans ces trois destinations, en comparaison avec celles en vigueur sur son territoire.

A. Maroc, une politique fiscale aéroportuaire attractive

Au Maroc, les redevances aéroportuaires sont fixées par l'Office National des Aéroports (ONDA) et la législation locale. Pour les vols internationaux (en provenance ou à destination du Maroc), les principaux montants sont :

Redevance passager (Passenger Service Charge)
Environ 134 MAD (≈ 12,7 €) par passager au départ de Casablanca vers l'Europe/Afrique (depuis 2022). Cette redevance est collectée par la compagnie et reversée à ONDA. (Pour les vols intérieurs marocains, la redevance est de 29 MAD, ≈ 2,7 € vers Casablanca et 14,4 MAD, ≈ 1,4 € vers les autres aéroports.)

Redevance sûreté aéroportuaire
48 MAD (≈ 4,6 €) par passager sur vol international (30 MAD pour vol domestique). Ce montant couvre le filtrage et la sécurité en aéroport. Il est payé par la compagnie et réparti entre l'Etat et l'exploitant aéroportuaire.

Autres redevances
Le Maroc ne prélève pas de redevance supplémentaire comparable au Securiport sénégalais. Il n'y a pas de « taxe immigration » en plus de la sûreté. Il n'y a pas de redevance civile annoncée séparément (les coûts de l'aviation civile étant inclus dans la PSC). Le Maroc a, par contre, introduit en 2014 une taxe de promotion touristique (100-400 MAD selon la classe) sur les vols internationaux, qui financait la promotion du tourisme, mais celle-ci semble intégrée aux PSC actuels et ne figure plus séparément.

Particularités
Les redevances marocaines sont uniformes sur tous les aéroports (cas de Casablanca ou régionaux) et indexées régulièrement. Elles sont également recueillies via IATA. Le Maroc ne prélève pas de taxe environnementale ou de surcharge touristique à l'aéroport.

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Taxes et redevances pour un vol A/R Paris-Casablanca en classe économique

  • Total : 282 MAD (≈ 26,9 € → 17 600 FCFA)
  • Comprend :
    • Redevance passager (Europe/Afrique) : 134 MAD (≈ 12,8 €)
    • Redevance sûreté internationale : 48 MAD (≈ 4,6 €)
    • Prélèvement tourisme/solidarité : 100 MAD (≈ 9,5 €)

B. Gambie, taxes aéroportuaires et compétitivité

La Gambie a fait évoluer récemment ses taxes passagers. Selon le Gambia Civil Aviation Authority (GCAA) et le gouvernement, les principaux montants (depuis mai 2023) sont :

Redevance passager (Passenger Service Charge)
15 GMD (≈ 0,2 €) par passager partant sur un vol international (augmentation de 10 GMD auparavant). Montant symbolique, versé à la GCAA.

Taxe de sûreté (Security Charge)
25 USD (≈ 23 €) par passager au départ et 25 USD à l'arrivée (soit 50 USD au total par passage aller-retour). Cette taxe remplace la collecte manuelle précédente de la redevance Securiport. Elle finance le contrôle de sûreté et contribue au système d'immigration automatisé en aéroport (mise en place avec Securiport LLC).

Taxe de sécurité (Passenger Safety Levy)
5 USD (≈ 4,6 €) par passager au départ. Introduite en 2023, cette redevance supporte la contribution de la Gambie à l'organisme régional de surveillance de la sécurité (BAGASOO). Elle est prélevée sur le billet aller.

Autres redevances
La Gambie ne prélève pas de redevance « Aviation civile » au passager. Un temps une « Airport Development Fee » de 20 € avait été évoquée (ICAO 2011), mais elle n'est pas appliquée aujourd'hui. Aucun prélèvement touristique ou environnemental supplémentaire n'est connu.

Collecte
Toutes ces taxes sont incluses au tarif du billet et versées au Trésor gambien. Elles ont suscité des débats publics sur leur impact sur la compétitivité de la destination.

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Taxes et redevances pour un vol A/R Paris-Banjul en classe économique

  • Total : ≈ 58,8 € (38 600 FCFA)
  • Comprend :
    • Passenger Service Charge : £15 (≈ 17,4 €)
    • Airport Security Fee : $20 arrivée + $20 départ (≈ 36,8 €)
    • Passenger Safety Levy : $5 (≈ 4,6 €)

C. Cap-Vert, un modèle de développement touristique par l'accessibilité

Le Cap-Vert impose deux principales taxes aux passagers internationaux :

Relevage (passager)
1 740 CVE (≈ 15,9 €) par passager sur vol international. Cette redevance couvre les services aéroportuaires (accueil, installations passagers, bagages, etc.) et est reversée à l'AUTORIDADE AERONAUTICA CIVIL (AAC).

Taxe de sûreté aéroportuaire (TSA)
3 400 CVE (≈ 31,0 €) par passager sur vol international. Prélevée à l'arrivée ou au départ (le plus souvent payée avant l'embarquement via le portail en ligne EASE), elle sert à financer les dispositifs de sécurité et d'immigration aux frontières (contrôle de passeports, biométrie, surveillance). Les autorités capverdiennes procèdent à une préinscription en ligne pour cette taxe.

Autres redevances
Le Cap-Vert ne prélève pas de redevance spécifique « aviation civile » sur les passagers. Les vols intérieurs inter-îles ont des montants réduits (600 CVE de relevage et 150 CVE de sûreté). Par ailleurs, les visiteurs étrangers doivent acquitter une taxe de séjour (touriste) de 2,50 € par nuit (max. 25 €) dans l'hébergement, mais cette taxe n'est pas prélevée à l'aéroport.

Particularités
La taxe de sûreté capverdienne est programmée dans le système d'embarquement (portail en ligne) pour éviter les queues à l'aéroport. Aucun prélèvement environnemental ou de promotion touristique aéroportuaire n'existe à ce jour au Cap-Vert.

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Taxes et redevances pour un vol A/R Paris-Sal ou Praia en classe économique

  • Total : 5 140 CVE (≈ 46,7 € → 30 650 FCFA)
  • Comprend :
    • Redevance passager internationale : 1 740 CVE (≈ 15,8 €)
    • Airport Security Tax (TSA) : 3 400 CVE (≈ 30,9 €)
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III. Des billets d'avion de plus en plus chers pour le Sénégal depuis cinq ans

Depuis quelques années, le prix des billets d’avion vers le Sénégal connaît une augmentation continue, marquant une rupture avec la période plus stable observée au milieu des années 2010. Cette tendance haussière concerne particulièrement les liaisons entre l’Europe et Dakar, qui figurent désormais parmi les plus coûteuses du continent.

Plusieurs facteurs expliquent cette évolution. Ils vont de la réduction des capacités après la crise sanitaire à la hausse du prix du carburant, en passant par le manque de vols directs et la pression sur les périodes de forte affluence. Ce contexte contraint de nombreux voyageurs à chercher des itinéraires alternatifs pour limiter leurs dépenses.

Nous revenons sur les principales étapes de cette hausse, ses causes et ses effets concrets sur le comportement des passagers.

A. Une brève période de baisse suivie d'une remontée

Au milieu des années 2010, l’arrivée de la compagnie française Corsair sur la ligne Paris-Dakar avait eu un effet bénéfique sur les tarifs. Entre 2012 et 2015, la concurrence entre Corsair et Air France avait contribué à une diminution sensible des prix sur cette liaison. Le billet moyen Paris-Dakar avait atteint un niveau historiquement bas, autour de 530 euros. Dans le même temps, le trafic avait fortement progressé. Cependant, cette période de baisse n’a pas trop duré. Une fois la pression concurrentielle relâchée, les tarifs ont progressivement recommencé à grimper.

B. Les facteurs de la hausse récente

Au cours des cinq dernières années, plusieurs éléments ont progressivement entraîné une augmentation du prix des billets d’avion vers le Sénégal. La crise du COVID-19 a d’abord provoqué un effondrement du trafic aérien mondial en 2020, suivie d’un redémarrage marqué à partir de 2022. Cependant, cette reprise s’est faite avec une capacité réduite, car de nombreuses compagnies aériennes n’ont pas encore rétabli l’ensemble de leurs fréquences. Ce déséquilibre entre une offre restreinte et une demande en forte hausse a mécaniquement tiré les prix vers le haut.

Par ailleurs, la hausse du prix du carburant a alourdi les charges d’exploitation des transporteurs. De nombreuses compagnies ont maintenu, voire renforcé, les surcharges carburant appliquées aux passagers, ce qui s’est directement répercuté sur le coût des billets. S’ajoute à cela une offre limitée de vols directs entre l’Europe et le Sénégal, qui réduit les options disponibles pour les voyageurs et intensifie la pression sur les tarifs, notamment en période de forte affluence.

C. Une augmentation quantifiée

Depuis la reprise du trafic aérien après la crise sanitaire, de nombreux voyageurs ont constaté une nette hausse des prix des billets d’avion entre l’Europe et le Sénégal. Dès la réouverture des frontières, cette augmentation s’est fait sentir, notamment sur les vols entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest. Au cours de l’année 2023, les tarifs ont connu une envolée significative, avec des hausses dépassant parfois 20 % sur certaines liaisons. Cette tendance haussière s’est installée durablement, portée par une forte demande, une capacité encore limitée et des coûts opérationnels en hausse.

D. Les tarifs actuels

En 2022-2023, en pleine saison haute, un aller-retour Paris-Dakar en économique se vend rarement en dessous de 700-800 €, et dépasse fréquemment les 1 000 €. Des familles ont déboursé près de 3 500 € pour quatre billets en été. Même en s'y prenant 5 à 6 mois à l'avance, il est rare de trouver un tarif inférieur à 500 €.

Les comparaisons avec d'autres destinations renforcent le sentiment d’injustice chez de nombreux voyageurs. Un vol entre Paris et Casablanca ou entre Paris et Tunis revient souvent quatre à cinq fois moins cher qu’un Paris-Dakar réservé à la dernière minute. En 2024, sur la liaison très fréquentée entre Dakar et Paris, les tarifs en classe économique pratiqués par Air France ou Air Sénégal se situaient fréquemment entre 850 000 et 950 000 FCFA, soit environ 1300 à 1400 euros. Des montants jugés excessifs par de nombreux passagers pour une simple liaison en classe économique.

E. Des voyageurs à la recherche de solutions moins coûteuses

Face à cette situation, de plus en plus de voyageurs cherchent des alternatives pour réduire le coût de leur trajet. Certains optent pour des vols avec escale, notamment via Alger ou Casablanca, où les tarifs tournent autour de 600 000 FCFA, soit environ 900 euros. D'autres choisissent des itinéraires plus longs en passant par Istanbul ou Lisbonne, malgré les heures supplémentaires de voyage. Il existe aussi des trajets détournés, comme prendre un vol vers Banjul puis rejoindre Dakar par la route, ou encore profiter des offres plus avantageuses proposées par Air Algérie avec une escale à Alger.

Ces détours parfois contraignants soulignent clairement l’ampleur de l’écart tarifaire. Pour de nombreux passagers, il devient rationnel de rallonger le trajet de plusieurs heures si cela permet d’économiser plusieurs centaines d’euros.

Ce que l’on observe aujourd’hui, c’est une nette reprise de la hausse des prix des billets vers le Sénégal après une période plus stable au milieu des années 2010. Les augmentations enregistrées après la crise de la Covid ont été qualifiées de phénomène généralisé par les professionnels du secteur, mais elles se sont révélées particulièrement marquées en Afrique de l’Ouest. Dakar, qui figurait déjà parmi les destinations les plus onéreuses, a vu ses tarifs s’envoler au point de devenir un exemple emblématique de cette inflation tarifaire.

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IV. Des prix des billets d’avion qui entravent le tourisme et les flux économiques

Le coût du transport aérien vers le Sénégal est régulièrement pointé du doigt comme un obstacle important au développement touristique et à la circulation des personnes. Cette réalité touche plusieurs domaines. Elle entrave la croissance du secteur touristique, affaiblit la position du pays face à des destinations mieux positionnées, réduit son attractivité régionale et impacte directement la diaspora.

Dans un contexte où le pays cherche à accroître sa part de marché touristique et à renforcer sa place dans les échanges économiques et universitaires en Afrique, le prix élevé des billets d’avion représente un désavantage concurrentiel. Les conséquences sont visibles à plusieurs niveaux, qu’il s’agisse du tourisme de loisirs, des voyages d’affaires, des mobilités étudiantes ou des retours familiaux.

Nous examinons les principales dimensions de ce frein et les effets qu’il produit sur les dynamiques touristiques, économiques et sociales.

A. Un handicap pour le secteur touristique

Le tourisme occupe une place importante dans l’économie sénégalaise et figure parmi les principaux secteurs générateurs de devises, juste après la pêche. En 2019, le pays a accueilli environ 1,3 million de touristes internationaux, ce qui a représenté une contribution significative aux recettes nationales. Les autorités ont exprimé leur volonté de renforcer ce secteur dans les années à venir, en misant sur son potentiel pour soutenir la croissance économique et créer des opportunités dans les territoires.

Or, le coût élevé de l’accès aérien au pays constitue un obstacle de taille à la réalisation de cette ambition. Il reste difficile de promouvoir le tourisme tout en maintenant des structures tarifaires qui alourdissent fortement le prix des billets d’avion.

Un vol Paris-Dakar coûte parfois autant, voire plus, qu’un vol Paris-Bali ou Paris-Rio, ce qui peut décourager de nombreux voyageurs au budget limité. Cette réalité devient encore plus frappante lorsqu’on compare le rapport distance-prix avec d’autres destinations comme le Cap-Vert, où les billets restent souvent bien plus abordables.

B. Un désavantage face à la concurrence

Ce différentiel de coût, ajouté à la concurrence d'autres destinations ensoleillées plus abordables comme le Maroc, la Tunisie ou le Cap-Vert, affaiblit la position du Sénégal sur le marché touristique. Si rien ne change, le risque est réel de voir une partie des voyageurs se tourner vers des alternatives moins coûteuses, au détriment du secteur touristique sénégalais. Déjà, les prix élevés des billets compliquent le travail des tours opérateurs, qui peinent à proposer des forfaits attractifs face à des offres mieux positionnées en Afrique ou au Moyen-Orient.

C. Impact sur le tourisme régional et académique

Même à l’échelle régionale et académique, le Sénégal subit les conséquences de cette situation. Dakar, autrefois perçue comme une destination de choix pour les étudiants africains francophones et les voyages d’affaires intra-africains, voit son attractivité diminuer. Ces dernières années, la hausse du coût de la vie, aggravée par des loyers élevés et des billets d’avion particulièrement chers, a poussé de nombreux étudiants venus du Cameroun, du Gabon ou de la Centrafrique à privilégier d’autres destinations sur le continent.

Par ailleurs, de plus en plus de voyageurs africains hésitent à transiter par Dakar, malgré sa position stratégique en tant que hub naturel de la sous-région. Les tarifs aériens élevés limitent ce potentiel, limitant les possibilités de combiner des circuits multi-pays comme Sénégal-Gambie ou Sénégal-Cap-Vert, qui restent aujourd’hui peu fréquents. Ce manque de fluidité affaiblit la connectivité du pays et freine son ambition de devenir une véritable plaque tournante du tourisme régional.

D. Un impact social et culturel sur la diaspora

L’impact ne se limite pas au secteur touristique. Il touche aussi la sphère sociale et culturelle, en particulier au sein de la diaspora sénégalaise. De nombreux ressortissants vivant en France, en Italie ou aux Etats-Unis souhaitent rentrer au pays pour des événements familiaux tels que des baptêmes, la Tabaski ou le Magal, pour passer leurs vacances, ou simplement pour retrouver leurs proches. Mais le prix élevé des billets d’avion demeure une contrainte. Certains jeunes parents renoncent à revenir pour la naissance ou le baptême de leur enfant, ne pouvant assumer un coût de vol proche de 1000 euros. Dans plusieurs cas, des familles doivent s’endetter ou étaler le paiement de leur billet, certaines agences proposant même des facilités en plusieurs échéances pour tenter d’y remédier.

Cette réalité est souvent évoquée dans les témoignages de la diaspora, qui déplore de ne plus pouvoir faire découvrir le pays à leurs enfants tant les tarifs sont devenus inaccessibles. Ce manque de mobilité a des répercussions concrètes. Les visites des émigrés représentent une source non négligeable de revenus pour l’économie locale, à travers l’hébergement, les transports intérieurs ou les dépenses quotidiennes. Lorsqu’une partie de la famille ne peut faire le déplacement, ce sont autant d’opportunités perdues pour le tissu économique local.

Au-delà de l’impact sur les familles, cette situation pèse aussi sur la capacité du pays à se positionner comme une destination attractive pour les affaires ou les grands événements. Organiser un congrès ou une rencontre internationale à Dakar suppose des frais de voyage plus élevés pour les participants, ce qui peut dissuader certains organisateurs. Malgré les alertes répétées du secteur, les mesures concrètes se font encore attendre pour alléger durablement le coût des billets d’avion vers le Sénégal.

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V. Quelles solutions ? Pistes envisagées pour réduire les coûts

Face au coût élevé des billets d’avion vers le Sénégal, devenu un frein pour de nombreux voyageurs et un défi important pour la compétitivité touristique du pays, plusieurs pistes ont été explorées ces dernières années. Qu’il s’agisse de réduire les taxes, de stimuler la concurrence, d’attirer des compagnies low-cost ou de proposer des mesures ciblées pour la diaspora, l’objectif reste de rendre la destination plus accessible tout en préservant l’équilibre économique du secteur aérien.
Nous présentons ici les principales options, leurs conditions de mise en œuvre, leurs limites ainsi que leur potentiel impact à court et moyen terme.

A. Alléger les taxes et redevances aéroportuaires

C’est l’une des solutions les plus souvent mises en avant. Dès 2015, le président Macky Sall avait annoncé la suppression de plusieurs taxes et redevances sur les billets d’avion, à l’exception de la RDIA. Il était alors question d’alléger des charges comme le droit de timbre, la taxe de sûreté, la redevance passager ou encore la redevance aviation civile pour les vols au départ du Sénégal.

Cette mesure, annoncée comme applicable sans délai à l’époque, visait à alléger sensiblement le coût final du billet. Les taxes et redevances hors RDIA représentaient alors une part significative du tarif sur la ligne Dakar-Paris. Cette décision avait été bien accueillie par les professionnels du tourisme ainsi que par de nombreux membres de la diaspora.

Cependant, la mise en œuvre effective de cette orientation s’est révélée complexe. En pratique, certaines de ces taxes et redevances ont continué à être appliquées. Cela s’explique par le fait qu’elles constituaient des ressources pour les exploitants d’aéroports ou pour des organismes techniques tels que l’ASECNA, chargée de la sécurité aérienne. Ces frais, jugés indispensables au fonctionnement du système aéroportuaire, restent difficiles à éliminer sans prévoir de mécanismes de compensation financière.

Malgré tout, la réduction de la RDIA apparaît comme une avancée envisageable. L’aéroport AIBD étant en service depuis plus de sept ans, il serait pertinent d’envisager une baisse, voire une suspension temporaire de cette redevance, afin de relancer le trafic aérien. Supprimer la RDIA, actuellement fixée à 54 euros, permettrait une réduction immédiate du prix des billets de ce montant.

Cette mesure est régulièrement réclamée par les associations de la diaspora, qui appellent les autorités à la mettre en œuvre. Certains suggèrent même de créer une exonération spécifique pour les passagers de nationalité sénégalaise, dans le but de faciliter leurs déplacements.

En tout état de cause, la réduction des taxes et redevances reste l’option jugée la plus directe pour faire baisser les prix.

B. Stimuler la concurrence et l'offre de vols

Une autre option importante consiste à élargir l’offre de transport vers le Sénégal afin de favoriser une concurrence tarifaire plus dynamique. Pendant longtemps, la ligne Europe-Dakar a été dominée par Air France, avec la présence de quelques compagnies comme Brussels Airlines ou TAP, tandis que le pays ne disposait pas d’une compagnie nationale suffisamment solide pour contrebalancer cette domination.

En 2018, l'Etat a relancé Air Sénégal avec l'ambition de proposer des vols directs vers l'Europe et l'Amérique du Nord, et de casser les prix par la concurrence. Aujourd'hui, Air Sénégal dessert Paris, mais son impact sur les tarifs reste mitigé. En classe économique, ses prix se sont alignés vers le haut du fait de ses coûts d'exploitation. En 2024, un billet Air Sénégal pour Paris coûtait quasiment autant qu'un Air France.

La vraie concurrence provient plutôt des compagnies avec escale, Royal Air Maroc, Tunisair, Turkish Airlines, Air Algérie, TAP, qui proposent des alternatives moins chères, même si le temps de voyage est plus long. De nombreux voyageurs, sensibles aux prix, n’hésitent pas à opter pour une escale afin d’économiser plusieurs centaines d’euros.

A l’échelle internationale, le Sénégal a également signé en 2022 un accord de ciel ouvert avec les Etats-Unis, permettant de libéraliser les vols transatlantiques. Cette ouverture a notamment favorisé l’arrivée de Delta Air Lines sur la ligne Dakar-New York, et pourrait attirer d’autres compagnies américaines. Une plus grande diversité d’acteurs sur ces liaisons pourrait, à terme, générer davantage de promotions et contribuer à une baisse des tarifs moyens, comme cela avait été observé avec l’arrivée de Corsair il y a quelques années.

C. Attirer des compagnies low-cost long-courrier

Un sous-volet de la concurrence concerne spécifiquement les transporteurs low-cost. En Europe, le succès des Ryanair, easyJet, Vueling a drastiquement réduit le coût des déplacements aériens, mais ce modèle peine à s'implanter en Afrique de l'Ouest. Pour des raisons techniques (distance, flotte), peu de low-cost opèrent vers Dakar.

On note tout de même la présence saisonnière de Transavia (filiale d'Air France) et de Vueling sur Dakar, ainsi que de la compagnie italienne NEOS sur Milan-Dakar. Ces transporteurs à bas coûts opèrent principalement depuis l'Europe du Sud et proposent des tarifs attractifs.

Encourager davantage de compagnies low-cost à desservir le Sénégal permettrait de faire baisser les prix sur les segments concernés. Pour y parvenir, le gouvernement pourrait agir sur les redevances d’atterrissage et d’escale à l’aéroport AIBD. En proposant des allègements de charges aéroportuaires aux nouveaux entrants ou aux compagnies ouvrant de nouvelles lignes, il deviendrait plus attractif pour les transporteurs à bas coûts de s’implanter sur le marché sénégalais.

Il est essentiel que le gestionnaire de l’aéroport de Dakar applique des tarifs aéroportuaires raisonnables afin de faciliter l’arrivée de nouvelles compagnies à des coûts compétitifs. Un aéroport récemment construit ne devrait pas chercher à financer ses investissements en imposant des taxes élevées. La réduction des frais d’atterrissage et des services au sol constitue un moyen concret de renforcer l’attractivité de la destination, aussi bien pour les transporteurs que, par ricochet, pour les voyageurs.

D. Harmonisation régionale des taxes et coopération

A l'échelle ouest-africaine, des discussions sont en cours pour harmoniser et réduire les multiples taxes et redevances. La CEDEAO a mandaté en 2018 une étude avec l'IATA pour élaborer une politique commune en matière de taxes aéroportuaires dans la région.

Il en est ressorti que chaque Etat de la CEDEAO prélève en moyenne 12 taxes ou redevances différentes dans le transport aérien, et que les vols internationaux sont nettement surchargés par rapport aux vols domestiques (les passagers internationaux payant en moyenne +467% de taxes par rapport à un passager domestique !).

Ce constat a conduit à recommander une rationalisation. Si la CEDEAO parvenait à imposer un plafond régional des taxes ou une standardisation, le Sénégal serait contraint de baisser certaines de ses taxes pour s'aligner sur le cadre commun.

Cette piste reste pour l’instant à l’état de projet, mais elle témoigne d’une prise de conscience progressive. Les gouvernements africains commencent à reconnaître que la surtaxation du transport aérien freine le développement du secteur et nuit à la compétitivité des compagnies comme des destinations. Un effort collectif pourrait ainsi voir le jour en faveur d’une baisse des coûts, dans la mesure où attirer davantage de touristes et de flux génère un impact économique plus important que le fait de chercher à maximiser la taxe par voyageur.

E. Mesures incitatives pour la diaspora et le tourisme

Il serait pertinent d’envisager des mesures ciblées pour atténuer le coût des billets d’avion. L’une des options consisterait à subventionner partiellement le billet des touristes étrangers, en partenariat avec des voyagistes. Ce type de dispositif est déjà utilisé par certains pays en hors-saison pour remplir les hôtels.

Il serait également possible de négocier des tarifs préférentiels à l’occasion de grands rendez-vous organisés au Sénégal, qu’il s’agisse de manifestations culturelles comme la Biennale de Dakar, d’événements religieux tels que le Magal de Touba ou le Gamou de Tivaouane, de rassemblements sportifs ou de conférences internationales. En échange d’un engagement sur le volume de passagers, les compagnies aériennes pourraient proposer des réductions spécifiques.

Concernant la diaspora, au-delà de l’idée d’une exonération de certaines taxes pour les ressortissants sénégalais, on pourrait aussi imaginer des accords entre l’Etat et les compagnies aériennes pour appliquer des tarifs plafonnés à des moments clés de l’année. Par exemple, un tarif spécial subventionné à l’approche de la Tabaski pourrait faciliter les retours familiaux.

Ces mesures, même si elles restent ponctuelles et souvent complexes à mettre en œuvre, reflètent une volonté réelle de trouver des solutions concrètes pour améliorer l’accessibilité du transport aérien, aussi bien pour les voyageurs internationaux que pour la diaspora.

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I. Des objectifs ambitieux sans indicateurs mesurables

La Lettre de Politique Sectorielle de Développement du tourisme sénégalais 2025-2029 affiche d'emblée une vision ambitieuse. Formulée à la page 45, elle aspire à créer "Des pôles touristiques intégrés, compétitifs pour un développement économique et social soutenu par une production artisanale à forte valeur ajoutée". Cette formulation, aussi élégante soit-elle, soulève une question fondamentale pour tout document stratégique. Comment saura-t-on, en 2029, si cette vision a été concrétisée ?

A. Une vision sans critères d’évaluation

L’analyse du document montre clairement une absence frappante d’objectifs quantifiés. Aucune cible chiffrée n’apparaît concernant l’augmentation souhaitée du nombre de visiteurs internationaux, qu’il s’agisse d’un objectif annuel ou cumulé sur la période 2025-2029. De même, aucune projection n’est fournie sur le niveau de recettes touristiques attendu, le volume ou la valeur des investissements publics et privés à mobiliser pour soutenir l’effort de relance, ni le nombre d’emplois à créer ou à sécuriser dans les différentes branches du secteur. Cette carence s’étend à des dimensions pourtant essentielles comme l’augmentation de la capacité d’accueil hôtelière, mesurée en nombre de lits, ou encore le nombre de professionnels à former ou à certifier pour accompagner la montée en compétence du secteur. Le document reste également silencieux sur les cibles précises à atteindre en matière de formalisation des nombreux acteurs opérant dans l’informel. A la page 47, l’objectif général est défini comme "Accroître la contribution du tourisme et de l’artisanat au développement socio-économique durable des pôles territoires", sans que cette formulation ne soit accompagnée d’indications concrètes sur l’ampleur de l’augmentation visée. S’agit-il de doubler la contribution du tourisme au PIB ? D’atteindre un seuil déterminé de recettes en devises ou un volume spécifique d’emplois ?
En l’absence de tels repères, la vision affichée perd sa portée stratégique et se résume à une déclaration d’intention, sans possibilité d’évaluation objective. Par exemple, page 50, le document évoque des "mesures correctrices" à prendre en cas de difficultés, mais comment déterminer qu’il y a effectivement difficultés sans objectifs précis servant de référence ?

B. Des orientations stratégiques sans étapes intermédiaires

Les quatre orientations stratégiques présentées à la page 46 souffrent du même flou. Par exemple, la première orientation vise le "Développement de l'offre touristique et promotion de la destination", sans préciser les étapes intermédiaires, les délais ou les résultats attendus à chaque phase du plan quinquennal. Un véritable document stratégique aurait dû inclure un calendrier prévisionnel avec des objectifs annuels pour permettre un suivi rigoureux.

Cette absence d'étapes intermédiaires rend particulièrement difficile l'évaluation en cours de route des progrès réalisés. Comment savoir, dès 2026 ou 2027, si la stratégie porte ses fruits ou nécessite des ajustements ?

C. Un manque de hiérarchisation des priorités

Un autre problème fondamental réside dans l'absence de hiérarchisation claire entre les différentes actions proposées. Le programme d'actions présenté aux pages 51-52 liste de nombreuses initiatives sans établir d'ordre de priorité ni d’organisation dans le temps. Cette approche tous azimuts risque de disperser les efforts et les ressources, compromettant l'efficacité globale de la stratégie.

Par exemple, l'action 1.3 concernant l'"Aménagement des sites touristiques afférents à chaque pôle" aurait gagné à être accompagnée d'une liste priorisée des sites à développer en premier lieu, avec un calendrier et un budget dédié pour chacun.

En l'état actuel, la LPSD ressemble davantage à une déclaration d'intentions qu'à un véritable plan stratégique. L'expérience internationale montre pourtant que les stratégies touristiques qui réussissent sont celles qui se fixent des objectifs clairs, mesurables et échelonnés dans le temps, permettant un pilotage précis et des ajustements rapides face aux évolutions du marché.

Des pays africains concurrents ont récemment démontré qu’il était possible d’élaborer des feuilles de route ambitieuses tout en restant ancrées dans une logique de résultats. Leurs expériences offrent un point de comparaison utile pour apprécier les limites actuelles de l’approche sénégalaise.

Au Maroc, la feuille de route 2023-2026 se base sur des cibles précises. Le pays vise l’accueil de 17,5 millions de touristes, la génération de 120 milliards de dirhams soit environ 7 200 milliards de francs CFA en recettes en devises et la création de 200 000 emplois. Un budget global de 6,1 milliards de dirhams soit environ 366 milliards de francs CFA est mobilisé pour sa mise en œuvre. Cette stratégie s’appuie sur un dispositif structuré permettant le suivi et l’ajustement régulier des actions. Les résultats ne se sont pas fait attendre. Dès l’année 2024, le Maroc a accueilli 17,4 millions de visiteurs, atteignant quasiment deux ans à l’avance son objectif initial. Il est devenu la première destination touristique du continent, confirmant l’impact de cette méthode rigoureuse.

La Côte d’Ivoire s’inscrit dans une dynamique comparable avec son programme "Sublime Côte d’Ivoire" lancé en 2018. Ce plan vise à doubler les arrivées touristiques pour atteindre 5 millions de visiteurs par an, à porter la contribution du secteur au produit intérieur brut à 8 pour cent et à créer 375 000 emplois d’ici 2025. L’ensemble est adossé à un financement de 3 200 milliards de francs CFA partagé entre l’Etat et les opérateurs privés. Là encore, les objectifs sont clairs, datés et appuyés par un cadre budgétaire cohérent.

Ces deux démarches montrent que la rigueur dans la planification est parfaitement accessible. Elles soulignent, en comparaison, les limites actuelles de la stratégie sénégalaise et appellent à une révision en profondeur de son cadrage opérationnel.

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II. Un diagnostic incomplet des problèmes structurels

Pour élaborer une stratégie efficace, un diagnostic rigoureux constitue une étape fondamentale. La LPSD 2025-2029 présente certes une analyse FFOM (Forces, Faiblesses, Opportunités, Menaces) du secteur touristique, mais cet exercice reste superficiel et ne permet pas d'appréhender pleinement les défis structurels auxquels est confronté le tourisme sénégalais.

A. Une analyse superficielle des faiblesses du secteur

Le document répertorie aux pages 17-19 quelques faiblesses du secteur touristique comme l'"absence de schéma directeur sectoriel d'aménagement dans le secteur du tourisme", les "lenteurs administratives liées aux procédures d'immatriculation des assiettes foncières" ou encore le "cadre incitatif dédié pour attirer les investissements privés dans le secteur du tourisme peu attractif". Ces constats, tout en étant pertinents, restent très généraux et ne sont pas suffisamment détaillés pour servir de base à une véritable stratégie de redressement.

Par exemple, concernant le cadre incitatif peu attractif pour les investissements, le document n'analyse pas les dispositifs existants, ne les compare pas avec ceux des pays concurrents, et n'explique pas pourquoi ils ont échoué à attirer les investisseurs. Sans cette compréhension, il devient difficile de proposer des réformes véritablement efficaces.

B. L'absence d'analyse des causes du déclin

La LPSD fait l'impasse sur une question pourtant essentielle. Pourquoi le tourisme sénégalais a-t-il perdu de son attractivité au fil des années ? Le document ne propose aucune analyse rétrospective permettant de comprendre les facteurs qui ont conduit à la situation actuelle.

A la page 21, il est fait mention de "menaces" comme la "concurrence des pays de la sous-région (Cap-Vert, Gambie et Côte d'ivoire) sur certains segments de produits", mais sans analyser les raisons pour lesquelles ces destinations ont réussi à capter une part croissante du marché au détriment du Sénégal. Cette omission limite considérablement la pertinence des solutions proposées.

De même, alors que le document évoque la "forte dégradation de l'environnement et érosion côtière entravant l'essor du tourisme balnéaire" (page 21), il n'explique pas comment cette situation s'est développée au fil du temps et quelles mesures passées ont échoué à y remédier.

C. Un défaut d'analyse des attentes du marché

L'analyse des tendances actuelles du marché touristique mondial et des attentes des différentes catégories de visiteurs est quasiment absente du document. La LPSD ne fait pas référence aux études de marché ou aux enquêtes de satisfaction qui auraient permis d'identifier précisément les forces et faiblesses de la destination Sénégal du point de vue des visiteurs.

A la page 20, le document mentionne l'"organisation par le Sénégal d'évènementiels (JOJ en 2026)" comme une opportunité, mais sans analyser comment cet événement pourrait être exploité stratégiquement pour repositionner durablement la destination et quels segments de clientèle pourraient être ciblés à cette occasion.

D. Des constats génériques sans analyse détaillée

L'analyse stratégique présentée aux pages 22-23 se contente souvent de juxtaposer des constats génériques sans creuser les problématiques. Ainsi, on peut lire que "les activités touristiques et artisanales menacées par les effets du Changement climatique" ou qu'il existe un "système d'information non opérationnel et niveau d'utilisation du digital limité, malgré les opportunités offertes par le numérique".

Ces observations, bien que justes, ne sont pas suffisamment développées pour éclairer la prise de décision. Quels aspects spécifiques des changements climatiques affectent le tourisme sénégalais ? Quelles zones sont particulièrement vulnérables ? Quels systèmes d'information sont défaillants ? Quelles opportunités numériques sont manquées ? Autant de questions qui restent sans réponse.

Cette superficialité du diagnostic se reflète dans la partie synthèse des contraintes, défis et enjeux (pages 24-33), où les problématiques sont énumérées sans être véritablement analysées. Le document se contente souvent de constater des difficultés sans explorer leurs causes profondes ni leurs interrelations.

E. L'impasse sur la connectivité aérienne, maillon faible du tourisme sénégalais

Si la LPSD identifie opportunément la présence d'un hub aérien à Dakar comme une ressource stratégique majeure (page 29), elle demeure étonnamment silencieuse sur les difficultés réelles du transport aérien, en particulier la connectivité insuffisante et la cherté des billets d’avion. Ces deux problèmes chroniques, régulièrement dénoncés par les professionnels du secteur et par la diaspora sénégalaise, constituent pourtant des freins majeurs au développement touristique.

Aujourd'hui, se rendre au Sénégal relève encore trop souvent d'un parcours coûteux et compliqué, surtout en comparaison avec des pays concurrents comme le Maroc ou le Cap-Vert, qui proposent des tarifs plus compétitifs et des liaisons aériennes plus nombreuses et mieux intégrées aux principaux marchés émetteurs. Cette faiblesse structurelle pénalise directement l’attractivité du pays, réduisant la compétitivité du Sénégal sur le marché touristique international et limitant l’accès au pays pour sa diaspora.

Malheureusement, la LPSD ne propose aucun plan précis ni mesures correctives pour répondre à ces difficultés. L’amélioration des infrastructures aéroportuaires ne suffira pas sans une stratégie active de négociation avec les compagnies aériennes pour augmenter le nombre de liaisons directes et réduire le coût des billets. Une politique volontariste visant à stimuler la concurrence, éventuellement par la mise en place de mesures incitatives ou de partenariats public-privé spécifiques pour le transport aérien, semble indispensable.

Pourtant, aucune mention de telles mesures n’apparaît clairement dans le programme d’actions (pages 51-52). Or, sans une connectivité aérienne performante et accessible économiquement, les ambitions affichées de créer des pôles touristiques intégrés resteront fortement compromises.

Le Sénégal gagnerait à s’inspirer des bonnes pratiques internationales, comme celles adoptées par le Maroc, où l’amélioration significative de l'accessibilité aérienne a été une des clés du succès touristique récent, contribuant directement à l'atteinte rapide de leurs objectifs chiffrés.

Par conséquent, pour que la vision ambitieuse de la LPSD devienne réalité, il est urgent d’intégrer explicitement la problématique aérienne dans sa feuille de route opérationnelle, assortie d’objectifs précis, comme la baisse des coûts des billets et l’augmentation des fréquences de vols vers Dakar et les autres pôles régionaux. Ce moyen stratégique mériterait une attention prioritaire.

On retiendra qu'une politique sectorielle efficace aurait nécessité une compréhension fine des dysfonctionnements actuels, basée sur des données factuelles solides et une analyse causale rigoureuse. Sans ce socle analytique fiable, les orientations stratégiques proposées risquent de manquer leur cible ou de n'apporter que des réponses partielles aux défis réels du secteur touristique sénégalais.

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III. Le mirage des pôles touristiques sans plan d'investissement

La LPSD 2025-2029 place au cœur de sa stratégie le concept de pôles touristiques territoriaux. Cette approche, qui pourrait paraître séduisante sur le papier, souffre d'un manque flagrant de substance lorsqu'on en examine les détails opérationnels et financiers.

A. Une approche territoriale sans budgétisation

Le document présente à la page 38 une vision territoriale étendue où chaque pôle du Sénégal se voit attribuer une vocation touristique spécifique. Ainsi, "le pôle Thiès sera en 2050 un pôle majeur de valorisation des industries extractives, de tourisme balnéaire et d'agro-industrie", tandis que "le pôle Nord, pôle agro-industriel compétitif, sera un maillon clé de la souveraineté alimentaire et une destination touristique prisée".

Cette vision territoriale, quoique intéressante, n'est accompagnée d'aucune estimation des investissements nécessaires pour transformer ces régions en véritables destinations touristiques compétitives. Combien coûtera l'aménagement du pôle Thiès ? Quels sont les budgets requis pour développer les infrastructures touristiques du pôle Nord ? Le document reste muet sur ces questions fondamentales.

Cette absence de budgétisation est particulièrement problématique dans le contexte actuel de contraintes budgétaires. Sans estimation financière réaliste, comment prioriser les investissements entre les différents pôles ? Comment mobiliser les ressources nécessaires auprès des bailleurs de fonds ou du secteur privé ?

B. Des aménagements touristiques non spécifiés

A la page 27, l'action 1.3 évoque l'"aménagement des sites touristiques afférents à chaque pôle", mais sans préciser la nature exacte de ces aménagements ni leur ampleur. S'agit-il de développer des infrastructures hôtelières ? Des attractions touristiques ? Des infrastructures de transport ? L'absence de détails concrets transforme cette orientation en vœu pieux plutôt qu'en programme réalisable.

Cette imprécision est d'autant plus problématique que les besoins varient considérablement d'un pôle à l'autre. Les aménagements nécessaires au développement du tourisme balnéaire dans le pôle de Thiès diffèrent substantiellement de ceux requis pour le tourisme culturel à Dakar ou l'écotourisme dans le pôle Centre. Sans spécification précise, la stratégie risque de s’éparpiller dans des interventions mal ciblées.

C. Une absence de calendrier et de priorités territoriales

La réalisation simultanée d'aménagements dans huit pôles touristiques représenterait un effort financier colossal, probablement hors de portée des capacités actuelles de l'Etat sénégalais. Un plan stratégique réaliste aurait dû proposer un calendrier de mise en œuvre, identifiant clairement les pôles prioritaires à développer immédiatement et ceux dont l'aménagement pourrait être différé.

Le document reste également flou sur la répartition des rôles entre l'Etat central et les collectivités territoriales dans le développement de ces pôles. La page 52 mentionne bien l'Action 5.3 "Développement des partenariats", mais sans clarifier la gouvernance territoriale de ces projets d'aménagement ni les mécanismes de coordination entre les différents niveaux d'administration.

D. L'absence d'analyse comparative avec les destinations concurrentes

Une autre dimension insuffisamment abordée concerne le positionnement comparatif de ces pôles face à la concurrence régionale. Le document mentionne à la page 21 la "concurrence des pays de la sous-région (Cap-Vert, Gambie et Côte d'ivoire)", mais n'analyse pas les avantages compétitifs que chaque pôle sénégalais pourrait développer face à ces destinations.

Par exemple, pour que le pôle de Thiès devienne véritablement compétitif dans le segment du tourisme balnéaire face au Cap-Vert ou à la Gambie, quels investissements spécifiques seraient nécessaires ? Quels standards de qualité faudrait-il atteindre ? Quels facteurs différenciants pourraient être mis en avant ? Le document ne fournit aucune analyse comparative qui permettrait de répondre à ces questions stratégiques.

Cette absence de benchmarking risque de conduire à des investissements mal orientés qui ne permettront pas au Sénégal de se démarquer véritablement sur le marché touristique international. Sans compréhension de ce qui fait le succès des destinations concurrentes et sans vision claire des atouts différenciants à développer pour chaque pôle, la stratégie territoriale proposée reste un exercice largement théorique.

Force est de constater que l'approche par pôles touristiques, aussi séduisante soit-elle conceptuellement, souffre d'un manque flagrant d'opérationnalisation financière et stratégique. Sans plan d'investissement chiffré, sans priorisation claire et sans analyse comparative approfondie, elle risque de demeurer un simple mirage dans le paysage touristique sénégalais.

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IV. Une stratégie de promotion mal définie

Le marketing et la promotion constituent des moyens importants pour renforcer l’attractivité d’une destination touristique. Or, la LPSD 2025-2029, malgré ses ambitions affichées, propose une approche de promotion remarquablement vague et insuffisamment élaborée pour répondre aux défis concurrentiels actuels.

A. Une analyse insuffisante des marchés émetteurs

La LPSD évoque à la page 52 l'action 2.1 visant la "Promotion de la Destination sur les marchés émetteurs", mais elle ne définit pas clairement quels sont ces marchés prioritaires. Quels pays ou régions représentent les cibles principales pour le tourisme sénégalais ? S'agit-il des marchés européens traditionnels comme la France, l'Espagne ou l'Italie ? Des marchés émergents comme la Chine ou la Russie ? Des pays africains voisins ?

Cette absence d'analyse et de segmentation des marchés émetteurs est particulièrement problématique. Sans identification précise des clientèles cibles, il devient impossible de concevoir des campagnes de promotion efficaces et adaptées aux spécificités culturelles et aux attentes de chaque segment.

La page 5 du document mentionne l'existence de "bureaux de promotion touristique à l'étranger (Paris et Washington)", mais n'évalue pas leur efficacité passée ni ne justifie pourquoi ces deux localisations devraient rester prioritaires. Une stratégie rigoureuse aurait dû analyser le retour sur investissement de ces bureaux existants et proposer une éventuelle réorganisation du réseau international en fonction des marchés identifiés comme prioritaires.

B. Un positionnement marketing sans identité distinctive

Un des manquements les plus flagrants de la LPSD réside dans l'absence totale de positionnement marketing différenciant pour la destination Sénégal. Le document ne propose aucune réflexion sur l'identité touristique du pays, sur les valeurs à mettre en avant ou sur les éléments distinctifs qui permettraient au Sénégal de se démarquer dans un marché touristique africain de plus en plus concurrentiel.

A la page 27, le document évoque la volonté de "promouvoir de nouvelles niches touristiques basées sur la culture, la mémoire, le patrimoine et la gastronomie", mais sans approfondir la manière dont ces éléments pourraient être articulés pour créer une proposition de valeur unique et attractive pour les visiteurs potentiels.

Cette absence d'identité marketing claire risque de conduire à une promotion générique, peu mémorable et finalement inefficace. Sans message central fort et sans positionnement distinctif, le Sénégal continuera probablement à peiner face à des destinations concurrentes qui ont su développer des identités touristiques fortes et cohérentes.

C. Une stratégie digitale quasi inexistante

Dans un contexte où les comportements des voyageurs sont largement influencés par les outils numériques, la LPSD affiche un retard préoccupant en matière de stratégie digitale. Le document reconnaît, à la page 19, la "faible intégration du digital dans la stratégie de promotion touristique", mais ne propose aucun plan d'action clair pour combler cette lacune.

Cette omission est d’autant plus pénalisante que le numérique constitue aujourd’hui un outil central de visibilité et de compétitivité pour les destinations. Aucun détail n’est fourni sur les canaux à privilégier, les objectifs visés, les moyens à mobiliser ni les indicateurs à suivre. Le document ne précise pas comment le Sénégal entend renforcer sa présence en ligne, quelles plateformes seront ciblées, quel budget sera consacré au marketing numérique ni selon quels critères seront évalués les retours des campagnes menées.

La page 28 mentionne vaguement l'idée d'"impulser la digitalisation accrue des procédures de gestion des établissements touristiques", mais cette orientation est davantage administrative que marketing et ne répond pas à l'enjeu fondamental de la promotion numérique de la destination auprès du grand public.

Cette faiblesse est d’autant plus dommageable que les destinations concurrentes investissent fortement dans leur présence digitale, en misant sur les réseaux sociaux, le référencement, les plateformes de réservation, les campagnes ciblées et le marketing d’influence. Sans une réaction rapide dans ce domaine, le déficit de visibilité du Sénégal risque de s’aggraver et de le placer en retrait face à ses concurrents régionaux et internationaux.

On retiendra que la stratégie de promotion esquissée dans la LPSD reste trop floue, dépourvue à la fois d’une connaissance précise des marchés cibles, d’un positionnement affirmé et d’une vision numérique à la hauteur des exigences actuelles du secteur touristique.

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V. Le partenariat public-privé reste une intention dépourvue de mécanismes

Le développement touristique moderne repose largement sur des partenariats efficaces entre le secteur public et les acteurs privés. Dans la LPSD 2025-2029, cette dimension apparaît comme un souhait récurrent mais reste étonnamment peu développée en termes de mécanismes concrets et d'outils opérationnels.

A. Une volonté affichée sans dispositifs concrets

Le document reconnaît à la page 22 que "l'implication faible du secteur privé, malgré l'attractivité du secteur" constitue un problème à résoudre. Cette constatation pertinente aurait dû logiquement déboucher sur des propositions détaillées pour renforcer cette implication. Or, les mesures concrètes font défaut.

A la page 28, parmi les priorités figure la volonté de "redynamiser les cadres de concertation avec le privé", mais sans préciser la nature, la composition ou les modalités de fonctionnement de ces cadres. Comment seront organisées ces concertations ? A quelle fréquence ? Avec quels pouvoirs décisionnels ? Autant de questions qui restent sans réponse.

La page 12 évoque l'existence du "Conseil Sénégalais du Tourisme (CST) constitué des représentants des organisations patronales, des syndicats des travailleurs et de l'administration", mais le document n'évalue pas l'efficacité passée de cette instance ni ne propose de réformes pour la rendre plus opérationnelle dans le cadre de la nouvelle stratégie.

B. Absence d'incitations fiscales et réglementaires spécifiques

Un partenariat public-privé efficace nécessite généralement un cadre incitatif attractif pour mobiliser les investissements privés. La LPSD identifie justement comme faiblesse, page 17, un "cadre incitatif dédié pour attirer les investissements privés dans le secteur du tourisme peu attractif". Cependant, elle ne propose pas de réformes spécifiques pour améliorer ce cadre.

Le document mentionne à la page 20 l'"existence de fonds d'investissements et d'accompagnement (FONSIS, FONGIP, 3FPT, DER…)", mais n'explique pas comment ces fonds seront mobilisés ou adaptés spécifiquement aux besoins du secteur touristique. Quels mécanismes de financement seront privilégiés ? Quelles garanties ou avantages seront offerts aux investisseurs du secteur ? Le document reste silencieux sur ces aspects pourtant fondamentaux.

Cette lacune est particulièrement problématique dans un contexte où, comme le note la page 21, il existe une "difficulté à fournir les garanties requises dans le cadre du financement des Petites et moyennes entreprises" et un "coût élevé des facteurs de production (foncier, taxes, crédit, eau, électricité, téléphone)". Sans propositions concrètes pour alléger ces contraintes, l'appel au secteur privé risque de rester lettre morte.

C. Confusion sur les rôles respectifs de l'Etat et des acteurs privés

La LPSD reste imprécise sur la répartition des rôles entre le secteur public et les opérateurs privés dans le développement touristique. Cette ambiguïté est particulièrement visible dans le programme d'actions présenté aux pages 51-52, où les responsabilités ne sont pas clairement attribuées.

Par exemple, concernant l'action 1.3 "Aménagement des sites touristiques afférents à chaque pôle", le document ne précise pas qui, de l'Etat ou des investisseurs privés, sera responsable de quels aspects de cet aménagement. L'Etat se chargera-t-il uniquement des infrastructures de base ? Les opérateurs privés seront-ils sollicités pour des investissements spécifiques ? Dans quelles conditions ?

Cette confusion des rôles risque de créer une situation où chaque partie attend que l'autre prenne l'initiative, conduisant à l'immobilisme. Une stratégie efficace aurait dû établir clairement les responsabilités de chaque partie et les zones de collaboration, avec des engagements précis et mesurables.

D. Une approche intégrée manquante

La page 19 identifie comme faiblesse un "faible niveau de partenariat privé (déficit de stratégies de mobilisation des partenaires techniques et financiers)". Ce constat aurait dû conduire à l'élaboration d'une véritable stratégie intégrée de partenariat, alignant les intérêts publics et privés autour d'objectifs communs.

Au lieu de cela, le document se contente d'évoquer vaguement à la page 52 l'action 5.3 "Développement des partenariats", sans détailler la nature de ces partenariats, les secteurs prioritaires ou les mécanismes de mise en œuvre.

Une approche véritablement intégrée aurait nécessité l'identification de projets spécifiques susceptibles d'être développés en partenariat, avec pour chacun une structure juridique appropriée, un montage financier et un partage des risques et des bénéfices entre les parties prenantes publiques et privées.

L'expérience internationale montre que les destinations touristiques qui réussissent sont celles qui parviennent à mettre en place des écosystèmes collaboratifs où les acteurs publics et privés travaillent de concert, chacun dans son domaine d'expertise mais avec une vision partagée. La LPSD, en restant au niveau des déclarations d'intentions sans proposer de mécanismes opérationnels, manque cette dimension essentielle du développement touristique moderne.

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VI. Un dispositif de mise en œuvre et de suivi-évaluation insuffisant

La qualité d'une stratégie se mesure non seulement à travers ses orientations, mais également par la solidité de son dispositif de mise en œuvre et de suivi. Sur cet aspect fondamental, la LPSD 2025-2029 présente des lacunes inquiétantes qui risquent de compromettre l'atteinte des objectifs affichés.

A. Un cadre institutionnel sans pouvoir réel

Le document décrit aux pages 49-50 un dispositif de gouvernance articulé autour de deux instances principales. D'une part, "la gouvernance stratégique du suivi de la mise en œuvre de la LPSD est assurée par un Comité de Pilotage présidé par le Ministre et comprenant le Secrétaire général et les responsables de programmes". D'autre part, "la mise en œuvre de la LPSD sera supervisée par un Comité technique regroupant des structures du MTA".

Cette organisation, uniquement interne au Ministère, soulève plusieurs questions. Quelle sera l'autorité réelle de ces comités pour imposer des décisions qui pourraient impliquer d'autres départements ministériels ? Comment ces instances pourront-elles mobiliser les ressources nécessaires, notamment budgétaires, sans représentation du Ministère des Finances ? L'absence de réponses à ces interrogations laisse penser que ces comités risquent de manquer du poids institutionnel requis pour une mise en œuvre efficace.

Par ailleurs, on note l'absence totale de participation des collectivités territoriales et du secteur privé dans ces organes de gouvernance. Cette omission est particulièrement problématique pour une stratégie qui se veut territorialisée et qui appelle à une plus grande implication des acteurs privés.

B. Des comités sans moyens dédiés

La LPSD reste muette sur les moyens humains, techniques et financiers qui seront alloués spécifiquement à ces comités pour assurer leurs missions. Le document ne précise pas si ces instances disposeront d'un secrétariat permanent, d'un budget de fonctionnement ou d'outils techniques adaptés pour le suivi des activités.

A la page 50, il est indiqué que "le Comité technique assure la supervision de l'exécution du Plan de Travail Annuel (PTA) et l'atteinte des résultats afin d'identifier les goulots d'étranglement et proposer des mesures correctrices". Cette formulation laisse entendre une approche réactive plutôt que proactive, focalisée sur la résolution de problèmes plutôt que sur l'anticipation et la prévention des difficultés.

C. Une absence d'outils de suivi sophistiqués

Dans un contexte de gestion moderne des politiques publiques, on s'attendrait à voir mentionnés des outils sophistiqués de suivi, comme des tableaux de bord numériques, des systèmes d'information géographique ou des plateformes de suivi en temps réel. Or, la LPSD se contente d'évoquer des rapports traditionnels.

A la page 50, le document mentionne que le Comité technique "examine les rapports de revues périodiques de suivi (rapports d'activités des structures, rapports annuels du Ministère, rapports d'exécution du budget, rapports annuels de performance et état de la mise en œuvre des recommandations)". Cette approche, excessivement bureaucratique et papier, semble en décalage avec les exigences de réactivité et d'agilité requises dans le secteur touristique, caractérisé par des évolutions rapides.

De plus, la fréquence de ces revues n'est pas précisée. S'agit-il de revues trimestrielles, semestrielles ou annuelles ? Cette information est pourtant capitale pour évaluer la capacité du dispositif à détecter et corriger rapidement les défauts d’exécution éventuels.

D. Un manque d’étapes repères intermédiaires

Un autre défaut notable concerne l’absence d’étapes repères clairement définies. La LPSD couvre une période de cinq ans (2025-2029), mais ne prévoit aucune phase intermédiaire permettant d’évaluer progressivement l’avancement et les résultats obtenus.

Une approche plus rigoureuse aurait inclus un calendrier détaillé avec des objectifs annuels ou même semestriels, permettant un pilotage plus fin de la mise en œuvre. Sans ces repères chronologiques, le risque est grand de constater, trop tardivement, des écarts importants par rapport aux objectifs initiaux, rendant difficiles les ajustements nécessaires.

E. Une absence d'indicateurs spécifiques

Le plus grand manquement du dispositif de suivi-évaluation réside dans l'absence totale d'indicateurs spécifiques et mesurables. Alors que la page 50 évoque des "rapports annuels de performance", le document ne définit nulle part les indicateurs qui serviront à mesurer cette performance.

Quels indicateurs permettront d'évaluer l'amélioration de l'attractivité touristique ? Comment sera mesurée la satisfaction des visiteurs ? Quels critères serviront à évaluer l'efficacité des actions de promotion ? En l'absence de tels indicateurs, le dispositif de suivi-évaluation perd largement de sa substance et de son utilité.

Cette lacune est d'autant plus frappante que les standards internationaux en matière de planification stratégique recommandent systématiquement l'élaboration d'une batterie d'indicateurs SMART (Spécifiques, Mesurables, Atteignables, Réalistes et Temporellement définis) associés à chaque objectif et action.

Le dispositif de mise en œuvre et de suivi-évaluation présenté dans la LPSD apparaît ainsi comme une simple formalité administrative plutôt que comme un véritable outil de pilotage stratégique. Sans renforcement significatif de ce dispositif, la mise en œuvre effective de la stratégie touristique risque de souffrir d'un manque de coordination, de suivi rigoureux et d'adaptation aux réalités du terrain, compromettant in fine l'atteinte des objectifs visés.

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